Quand le deuil tourne au désespoir. Un film sombre, non dépourvu de lourdeur, mais sauvé par la prestation de Benedict Cumberbatch

The Thing with Feathers (2025)

Réalisé par Dylan Southern

Ecrit par Dylan Southern d’après le roman de Max Porter

Avec Benedict Cumberbatch, Eric Lampaert, David Thewlis, Sam Spruell, Garry Cooper, Vinette Robinson,…

Direction de la photographie : Ben Fordesman / Direction artistique : Elena Real-Davies / Montage : George Cragg / Musique : Zebedee Budworth

Produit par Adam Ackland, Andrea Cornwell et Leah Clarke

Drame / Horreur

88mn

UK

Réalisateur de clips et documentariste spécialisé dans le « rockumentary » (Blur, LCD Soundsystem, la scène new-yorkaise du début des années 2000,..), Dylan Southern signe ici son premier long métrage de fiction.

Southern adapte le roman de Max Porter sorti en 2015 et titré « Grief Is the Thing with Feathers » (« La Douleur porte un costume de plume », Seuil, 2017). L’écrivain s’est appuyé sur son expérience du deuil quand à l’âge de six ans, il a perdu son père. Le titre est une allusion au court poème d’Emily Dickinson « Hope is the thing with Feathers ». Le roman, un best seller à sa sortie a été décrit par un critique comme « une pièce pour voix ou, peut-être, un poème en prose ».

Le livre comme le film racontent le deuil (impossible ?) d’un père dont la femme est morte brutalement, le laissant seul avec ses deux jeunes fils. Dessinateur, il ébauche avec obstination maladive la silhouette d’un corbeau qui vient le hanter pour lui donner des coups de bec (mentalement mais aussi physiquement).

Le corbeau n’est pourtant pas le plus grand danger qui guète le père puisque le désespoir s’installant, un « démon » encore plus menaçant pourrait prendre le dessus. Tandis que les enfants sont les témoins impuissants de la dérive de leur père.

Divisé en quatre parties (le père, le corbeau, les fils, le démon), le film tente de s’inscrire dans le formalisme poétique du texte original en proposant au spectateur une immersion progressive mais structurée dans la douleur d’un père qui vire au désespoir mortifère. Je n’a pas lu le texte original mais ce qui fonctionnait dans un court roman (128 pages) de marche pas forcément dans un long métrage (88 minutes). Le résultat semble un peu étiré en longueur mais surtout la métaphore du corbeau devient assez lourde. Tout ça manque de subtilité. Il n’y a pas de mystère, tout est trop clair, chaque effet est trop appuyé (comme pour s’assurer que le spectateur a bien compris la métaphore). La symbolique en devient un peu lourde.

Reste un film sur le deuil qui reste malgré tout poignant grâce à l’interprétation de Benedict Cumberbatch mais aussi des deux jeunes enfants (Richard et Henry Boxall).

« The Things with Feathers » était présenté en compétition lors de la 36e édition du Dinard Festival Film. A l’heure où j’écris ces lignes, nous n’avons pas d’information sur l’éventuelle sortie du film dans les salles françaises.