Comédie:
Sid Green, Dick Hills

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Rating:
5
On 11 octobre 2012
Last modified:8 septembre 2020

Summary:

Neuf ans avant les Monty Pythons, la télévision anglaise avait déjà accouché d'un chef d'oeuvre d'absurdité : "The Strange world of Gurney Slade"

Neuf ans avant les Monty Python, la télévision anglaise avait déjà accouché d’un chef d’oeuvre d’absurdité : « The Strange world of Gurney Slade »

The Strange world of gurney slade

The Strange World of Gurney Slade (1960)

Réalisé par Alan Tarrant

Ecrit par Sid Green, Dick Hills

Avec Anthony Newley, John Bosh, Douglas Wilmer,…

Produit par Alan Tarrant pour ATV

Diffusé sur le réseau ITV du 22 octobre au 16 novembre 1960

Comédie surréaliste

6 épisodes de 30 mn

UK

Gurney Slade (Anthony Newley) joue dans une sitcom, mais atterré par le côté artificiel des dialogues et situations, décide de quitter le plateau. Il va alors partir se promener dans le vrai monde, où plutôt dans son monde imaginaire où il peut parler aux animaux et aux objets. Pour Gurney Slade, il n’y a qu’une seule limite, celle de l’imagination.

Avant « Monty Python’s Flying Circus » (1969) et « The Mighty Boosh » (2003), il y avait « The strange world of Gurney Slade » diffusée sur ITV fin 1960. Cette sitcom avortée dynamite les artifices du genre et de la télévision en partant à la découverte du monde extérieur, en montrant l’envers du décor et en refusant les rires pré-enregistrés.

100% absurde, « The Strange World… » l’est assurément. Mais est-elle drôle ? A vrai dire, elle n’essaie pas de l’être contrairement à The Monty Python’s flying circus neuf ans plus tard, mais elle arrive toujours à surprendre par sa liberté de ton.

Je ne peux m’empêcher de vous résumer ici ces six épisodes pour vous donner un aperçu du ton de cette série mythique, longtemps introuvable, mais ressortie aujourd’hui en DVD par Networks (malheureusement sans sous titres).

Dans l’épisode 1, Gurney Slade, personnage d’une sitcom aux dialogues et situations convenues, s’ennuie et décide de quitter abruptement le plateau pour s’aventurer dans les rues de Londres, où il va s’interroger sur la superficialité de la télévision tout en regardant les passants. Il va également discuter avec un chien, avoir une aventure avec une jeune femme échappée d’une affiche publicitaire pour aspirateur, pour à la fin se retrouver avec le dit aspirateur sur les bras. Enfin, se faisant passer pour un vendeur d’aspirateur afin d’échapper à l’attention d’un policier, il va retomber sur les acteurs du sitcom qui suivent dans leur salon ses aventures à la télé.

Dans l’épisode 2, Gurney s’interroge sur la complexité  des relations amoureuses  entre homme et femme sur une piste d’avion déserte (en fait un club de danse imaginaire où il croise une jeune femme avec qui il va tenter d’entrer en communication). Plus tard, décidant qu’on choisit souvent notre conjoint pour la vie par simple confort, il poussera un mari à quitter femme et enfant pour trouver son véritable amour. La mère décidant de faire de même, il va se retrouver avec trois enfants, mais la baguette magique d’une fée (vêtue d’un costume italien très chic) va remettre toutes les choses à leur place.

Dans l’épisode 3, Gurney Slade part dans la campagne anglaise où il va essayer de se faire adopter par une colonie de fourmis, discuter avec le chien d’une ferme dont le propriétaire est la cible d’une tentative d’assassinat préparée par son épouse et l’amant de celle-ci. Il va aussi se faire draguer par une vache,.. avant de se faire adopter par une guêpe.

Dans l’épisode 4, Gurney est traîné devant le tribunal. Il est accusé de n’avoir aucun sens de l’humour. Passible de la peine de mort, Gurney va devoir se justifier d’un sketch où il se moque d’une affiche où un homme a l’air dans un état de béatitude causée par une simple vis cruciforme. Sont appelés à la barre un spécialiste de la vis cruciforme, le mannequin sur l’affiche, et une famille de spectateurs moyens. Gurney finira-t-il décapité ?

Dans l’épisode 5, Gurney raconte des histoires à un groupe de jeunes enfants avant qu’ils aillent se coucher. Il leur parle notamment d’un monde magique où tout est possible (Gurneyland) et du clochard magicien qui peut réaliser tous leurs vœux. Soudainement un couple de jeunes gens éméchés, et échappés d’une fête, débarque. Peu après, c’est un clochard qui arrive. Ce dernier, tout à fait ordinaire et pas magicien pour un sou, décide néanmoins de jouer le jeu. Il emmène tout ce petit monde à Gurneyland, en fait le cerveau de Gurney. Celui-ci devra se résoudre à aller voir un film français osé au cinéma pour les faire fuir.

Dans le 6e épisode, Gurney se retrouve seul sur un plateau télé déserté. Il ne lui reste plus que 30 minutes avant la fin définitive de sa série. Gurney compte les minutes, comme les producteurs derrière leur écran de visionnage. Ces derniers décident de faire revenir les personnages créés par Gurney dans les épisodes précédents pour créer un peu d’animation. Mais les personnages s’en prennent à Gurney quand celui-ci leur annonce la fin de la série. Que vont-ils faire ? Ils ne connaissent de leur passé que les détails créés par Gurney. Celui-ci devra donc reclasser ses personnages avant de lui-même se transformer en marionnette et d’être récupéré par l’acteur Anthony Newley.

La critique sous-jacente de la télévision dans les aventures absurdes de Gurney est jouissive. L’existence de la série, avec son ton unique, doit beaucoup à la participation d’Anthony Newley, alors star montante du cinéma et de la chanson britannique. Malgré sa star, la série inaugurée sur ITV en prime time sera reléguée  en fin de soirée dès le troisième épisode. Eh oui c’est toujours compliqué d’être en avance sur son temps !

 DVD Networks. Version originale. Aucun sous-titre. Livret.