Pour son deuxième film, deux ans après « The Father », le dramaturge français Florian Zeller s’essaie au mélo… et c’est le drame !

The Son (2022)

Réalisé par Florian Zeller

Ecrit par Florian Zeller et Christopher Hampton

Avec Hugh Jackman, Zen McGrath, Laura Dern, Vanessa Kirby, Anthony Hopkins,…

Direction de la photographie : Ben Smithard / Production design : Simon Bowles / Montage : Yorgos Lamprinos / Musique : Hans Zimmer

Produit par Iain Canning, Joanna Laurie, Emile Sherman, Christophe Spadone et Florian Zeller

Drame

UK / France

Deux ans après « The Father » (2020), son premier film couronné par un joli succès critique et public, mérité, le dramaturge français Florian Zeller revient avec un second film sobrement intitulé « The Son ». Non qu’il faille s’attendre à une ressemblance quelconque entre les deux films, même si le scénariste anglais Christopher Hampton est à nouveau de la partie, et si Anthony Hopkins fait une brève apparition dans le rôle d’un père (pas le même que dans le premier film toutefois).

Dans « The Father » adapté de sa pièce de théâtre éponyme, Zeller nous proposait une vision sensible sur la sénilité et un film construit avec intelligence. Ici il adapte à nouveau une de ses pièces et se penche sur la difficulté d’être parent face à un adolescent dans la souffrance.

Mais cette fois-ci, c’est le plantage complet. Le film enfile les poncifs sur l’adolescence et les couples séparés sans la moindre subtilité. On a droit à tout. Nicholas (Zen McGrath) est un fils détruit par les propos nocifs de la mère (Laura Dern) sur son ex-mari (Hugh Jackman). Ce dernier, grand avocat new-yorkais, travaille trop (comme il se doit) et en plus a reconstruit sa vie avec une autre femme (Vanessa Kirby) et vient d’avoir un fils. Du coup le jeune garçon perd le goût à la vie, ne va plus à l’école, et hait sa mère. Il va habiter chez son père, mais ce dernier, lui-même éduqué par un père dur, a du mal à écouter la souffrance de son fils, malgré tous ses efforts. Et la belle mère a un peu de mal à accepter cet ado mal dans sa peau, alors qu’elle vient juste d’avoir un enfant. La descente aux enfers commence (insérer ici la musique de « Psycho » ou « The Exorcist » au choix).

Evidemment le film est entre-coupé de flashbacks sur la période bénie où les parents encore unis, accompagnés d’un tout jeune Nicholas angélique, avaient loué un bateau en Corse et partageaient de magnifiques vacances inoubliables. Le papa a même appris à nager à son petit bout d’chou en lui faisant croire que sa bouée était dégonflée (ce qui est peut-être l’origine du traumatisme de Nicholas, allez savoir).

Je ne vous parlerai même pas de la fin, putassière au possible, qui ferait passer le pire mélo hollywoodien pour un sommet de subtilité. Parait-il que le pièce d’origine, créée en 2018 à Paris, était un « chef d’oeuvre » (Le Point), « une puissante quête d’émotion » (L’Express). Je ne saurais dire si c’est l’adaptation qui est en cause (encore qu’il y a apparement eu également des critiques pour encenser cette dernière), mais il n’y a pas grand chose à sauver de « The Son », le film… si ce n’est la photographie (léchée) et le casting (tout le monde joue très bien, c’est déjà ça me direz-vous)… Mais ça ne suffit pas à faire un bon film !

Avant « The Father » et « The Son », Florian Zeller avait commencé sa trilogie familiale avec « La mère » (2010). Espérons que s’il décide un jour de la porter à l’écran, elle se révélera plus proche du premier que du second. Pas sûr cependant que j’aie le courage d’aller vérifier.

Sortie dans les salles françaises le 1er mars 2023