Un ancien bateau de guerre est utilisé pour faire de la contrebande mais les événements prennent un tour dramatique. Un film noir original et réussi avec une légère touche de fantastique.

The Ship That Died of Shame (1955)

(Le bateau qui mourut de honte)

Réalisé par Basil Dearden

Ecrit par John Whiting, Basil Dearden et Michael Relph d’après une histoire de Nicholas Monsarrat

Avec Richard Attenborough, George Baker, Bill Owen, Virginia McKenna, Roland Culver, Bernard Lee,…

Direction de la photographie : Gordon Dines / Direction artistique : Bernard Robinson / Montage : Peter Bezencenet / Musique : William Alwyn

Produit par Michael Balcon et Michael Relph pour Ealing Studios et Michael Balcon Productions

Drame / Crime

95mn

UK

Après la guerre, l’ex lieutenant George Hoskins (Richard Attenborough) propose à son ancien capitaine Bill Randall (George Baker) de racheter le navire rapide sur lequel ils ont servi afin de faire de la contrebande. Bill n’est pas enthousiaste mais il n’a guère le choix, il est sans emploi et son projet de construction de navires a pris l’eau. Ils recrutent Birdie (Bill Owen), ancien technicien sur le même bateau et commencent à se faire de l’argent en transportant des produits de luxe de France que George revend à prix fort dans l’Angleterre encore rationnée.

L’après guerre en Grande Bretagne, n’est pas tout rose. Si les travaillistes mettent en place un certain nombre d’acquis sociaux (comme la fameuse NHS, la sécurité sociale britannique), le rationnement sur de nombreux produits durera jusqu’en 1954. D’où un marché noir florissant.

Le réalisateur Basil Dearden, l’un des réalisateurs stars des studios Ealing, l’un des plus fameux studios britanniques de l’après-guerre avait déjà traité le sujet du rationnement et de la contrebande dans le superbe « Pool of London » (1951). Dans ce dernier, Dearden qui aime traiter de sujets sociaux dans ses films, filmait le premier baiser inter-racial de l’histoire du cinéma britannique. Quatre ans plus tard, le voici qui filme à nouveau un film criminel sur fond de rationnement et de contrebande. Mais cette fois-ci, il traite en parallèle un autre sujet peu abordé dans les films post-seconde guerre mondiale, le destin pas toujours très heureux des héros d’hier.

Bill Randall, ancien capitaine d’un petit bateau de guerre qui a pu s’enorgueillir d’un beau palmarès face aux Allemands, vit mal le retour à la vie civile. Traumatisé par la perte d’un être cher pendant la guerre, il ne se voit reprendre une vie de petit employé et veut continuer à travailler en mer. Mais son entreprise de bateau est un échec commercial. Quand son second de la grande époque, l’entreprenant George, lui propose de reprendre la mer au commandement de son ancien bateau, il ne peut pas dire non. Et se convainc que leur boulot de contrebande pour donner un peu de plaisir et de luxe aux britanniques rationnés, est une « croisade morale ».

A la fin du film, Ealing remercie l’Amirauté pour leur coopération. On imagine quand même que celle-ci a dû faire un peu la grimace !  Heureusement, on est dans un film Ealing, firme à la moralité assez conservatrice sous le règne de Michael Balcon, et tout ça va mal finir pour nos apprentis contrebandiers.

Autre originalité du film, la légère touche fantastique qui donne presqu’une personnalité à notre ancien bateau de guerre devenu à contrecoeur bateau de contrebande. Ce qui justifie pleinement le titre « The Ship That Died of Shame » (« Le bateau qui mourut de honte » en français).

Fils d’un consulaire britannique et né en Bulgarie, George Baker décroche ici son premier rôle principal. Il n’aura une belle carrière au cinéma et à la télévision mais rarement dans les premiers rôles. A ses côtés, l’un des acteurs phares de l’après guerre, Richard Attenborough qui reprend ici un rôle de méchant, ce qui lui va très bien – on le sait depuis son fameux portrait de gangster dans « Brighton Rock » (1947). Rajoutez à ces deux chouettes acteurs, de nombreuses figures connues dans les seconds rôles et vous aurez un excellent casting.

La réalisation de Dearden est très bonne (même si ceux qui sont attentifs noteront quelques maladresse sur certaines scènes), et est magnifiée par une très belle photo de Gordon Dines qui collabore ici pour la sixième fois avec Dearden. Notons qu’on doit à Dines la photo de l’un des plus beaux films maritimes britanniques « The Cruel Sea » (1953).

« The Ship That Died of Shame » est l’avant dernière collaboration de Dearden avec Balcon et Ealing Studios. 1955 est également l’année où Ealing est vendu à la BBC qui y tournera jusqu’en 1995.

DVD zone 2 UK. Studio Optimum Home Entertainment (2011). Version originale sans sous-titres