Drame:
Harold Becker / Alan Sillitoe

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3
On 12 août 2019
Last modified:12 août 2019

Summary:

Alan Sillitoe à nouveau porté sur grand écran dix ans après ses scénarios mythiques pour la nouvelle vague britannique

Alan Sillitoe fait son retour sur grand écran dix ans après ses scénarios mythiques pour la nouvelle vague britannique

The Ragman's daughter

The Ragman’s Daughter (1972)

Réalisé par Harold Becker

Ecrit par Alan Sillitoe

Avec Simon Rouse, Victoria Tennant, Patrick O’Connel, Jane Wood,…

Direction de la photographie : Michael Seresin / Direction artistique : David Brockhurst / Montage : Antony Gibbs / Musique : Kenny Clayton

Produit par Harold Becker et Souter Harris

Crime / Drame / Social / Romance

94mn

UK

Tony (Simon Rouse) est un jeune homme de Nottingham, sans emploi. Il vit chez ses parents, traine avec ses amis et commet des vols pour se faire un peu d’argent et pour le fun. Quand il rencontre Doris (Victoria Tennant), jolie blonde distinguée, il tombe immédiatement sous le charme. Doris est encore à l’école et est la fille unique et très gâtée d’un chiffonnier qui a monté sa propre entreprise et monté l’échelle sociale. Doris aime participer aux cambriolages organisés par Tony et le pousse à prendre plus de risques. Tony aimerait qu’ils s’enfuient ensemble, mais Doris hésite.

« The Ragman’s Daughter » met en scène un choc social entre un jeune prolétaire désoeuvré et une jeune fille dont la famille est originellement d’un statut social inférieur mais qui a réussi. Doris, qui vit avec ses parents dans une grande maison dans un quartier chic, a son propre cheval et elle le monte pour aller visiter Tony qui habite dans un quartier ouvrier. Il y a chez Doris le syndrome de la jeune fille de bonne famille qui prend plaisir à s’encanailler… Mais jusqu’où ? Et est-elle vraiment à l’aise pour monter à l’échelle sociale tendue par son père. Après tout, elle reste la fille du chiffonnier (et on devine que cette image qui lui colle à la peau est l’une des raisons pour laquelle elle n’aime pas l’école).

Le scénario de « The Ragman’s Daughter » est signé Allan Sillitoe qui adapte ici une de ses nouvelles. Sillitoe,  c’est évidement l’un des intellectuels catalogué « Angry Young Men » (avec notamment John Osborne et John Braine) qui va marquer la nouvelle vague du cinéma britannique. Pour sa part Sillitoe fournit les scénarios de deux films emblématiques du mouvement : « Saturday Night and Sunday Morning » (1960) et « The Loneliness of the Long Distance Runner » (1962).

Mais dix ans se sont écoulés depuis ces films mythiques. L’Angleterre a bien changé. « The Ragman’s Daughter » est basé sur une nouvelle publiée en 1963 et l’action se télescope via des flashbacks entre le début la fin des années 50 où est censé se passer l’action et en 1975 où on retrouve un Tony (Patrick O’Connell), âgé de 35 ans, ouvrier dans une fromagerie et père de deux enfants.

Tony se rapproche des héros de Sillitoe dans ses précédents films, c’est un jeune sans illusion, marginal qui n’a aucun espoir sur son avenir. Mais ici, pour une fois, nous découvrons ce qu’il devient par la suite, une dizaine d’années plus tard.

« The Ragman’s Daughter » manque de la puissance dramatique des deux classiques sus-cités. Bon, il faut dire que cette fois-ci, la réalisation n’est pas signée Karel Reisz, ni Tony Richardson mais par un photographe et documentariste new-yorkais installé à Londres, qui fait ici ses débuts au cinéma, Harold Becker (il poursuivra la suite de sa carrière à Hollywood). De même, niveau casting, Simon Rouse n’a pas le charisme d’Albert Finney et de Tom Courtenay. Quant à Victoria Tennant, qui fait ici ses débuts à l’écran, elle est superbe mais un peu trop lisse (et trop belle ?) pour le rôle.

« The Ragman’s Daughter » n’est pas un mauvais film, loin s’en faut, mais difficile de ne pas le comparer à ses ainés. Passé relativement inaperçu à sa sortie, il s’agit de la dernière incursion de Sillitoe sur grand écran. D’ailleurs aujourd’hui, le film reste, assez incroyablement, inédit en DVD et blu-ray !

Pas d’édition DVD ni blu-ray à ma connaissance (août 2019)