A 87 ans, Ken Loach signe peut-être bien son dernier film. Mais après 60 ans de carrière, Loach a-t-il encore quelque chose à dire ?
The Old Oak (2023)
Réalisé par Ken Loach
Ecrit par Paul Laverty
Avec Dave Turner, Ebla Mari, Trevor Fox, Claire Rodgerson,…
Direction de la photographie : Robbie Ryan / Production design : Fergus Clegg / Montage : Jonathan Morris / Musique : George Fenton
Produit par Rebecca O’Brien
Drame / Social
113mn
UK / France / Belgique
D’après Ken Loach dans une interview au monde, « The Old Oak » pourrait être son dernier film. « J’ai 87 ans, je ne me vois pas faire un nouveau film. Un footballeur sait quand il doit raccrocher les crampons, c’est la même chose pour un réalisateur, hélas ». Mais le réalisateur britannique qui a commencé sa carrière au milieu des années 60, nous a déjà fait le coup !
En tout cas « The Old Oak » est un Ken Loach pur jus. Ce n’est guère étonnant. On aura rarement vu, dans toute l’histoire du cinéma, un réalisateur aussi droit dans ses bottes, du début à la fin de sa carrière (soit près de 60 ans quand même !). Donc ce film ne changera pas les avis entre les admirateurs et ceux qui sont allergiques à son cinéma engagé.
Dans « The Old Oak », encore une fois scénarisé par Paul Laverty (le compagnon de route de Loach depuis 1996), un ancien village minier doit accueillir un groupe de réfugiés Syriens. Ces derniers ne sont pas les bienvenues pour une bonne partie de la population mais ils pourront bénéficier de l’appui du propriétaire du pub local TJ qui sympathise avec la jeune Yara. Les tensions sont d’autant plus vives que le pub de TJ est le dernier endroit où peuvent encore se réunir les villageois après la fermeture des infrastructures municipales.
Loach s’est déjà penché plusieurs fois sur le sujet de l’immigration et de son impact sur les communautés défavorisées. Comme toujours chez Loach, c’est la solidarité entre les gens des couches sociales les plus fragiles qui leur permet de sortir de la misère sociale et humaine. Une vision humaniste et généreuse qui a donné des films débordants de sensibilité, grâce à des personnages forts filmés au plus près. Contrairement à de nombreux autres films sociaux, il y a très souvent une touche d’espoir chez Loach, voire une victoire des plus fragiles.
Et c’est exactement le cas ici à nouveau. Les acteurs Dave Turner (3e apparition à l’écran et chaque fois sous la direction de Loach) et Elba Mari (1e apparition à l’écran) sont très bien dirigés. Loach sait faire ressortir le naturel chez ses acteurs, improvisés ou non. Par contre, là où pour moi « The Old Oak » fonctionne moins bien que la plupart de ses films, c’est à cause de la simplification à l’extrême de la narration aussi bien que des personnages. Il n’y a rien de neuf dans « The Old Oak ». Soit. Mais on a connu Loach plus inspiré et jouant moins sur les émotions faciles (notamment ici le rapport de TJ avec son chien).
Si « The Old Oak » s’avère être le dernier film de Loach, et à 87 ans, il ne serait guère étonnant qu’il s’y tienne, ce ne sera pas avec l’un de ses meilleurs films, loin s’en faut. Mais ce n’est pas non plus un échec complet et on peut comprendre aussi que le vieux guerrier soit aujourd’hui fatigué même si dans les interviews il montre encore une sacré vivacité !
« The Old Oak » est sorti le 25 octobre sur les écrans français.