Un film dur et fort signé Sidney Lumet. Avec un Sean Connery à des années lumières de James Bond.
The Offence (1972)
Réalisé par Sidney Lumet
Adapté par John Hopkins d’après sa pièce
Avec Sean Connery, Trevor Howards, Vivien Merchant, Ian Bannen,…
Directeur de la photographie : Gerry Fisher
Produit par Tantallon
Crime
112 mn
UK/USA
Dans une banlieue anglaise grise et anonyme, des jeunes filles sont violées et assassinées. Le sergent Johnson (Sean Connery) est l’un des policiers travaillant sur l’affaire. Mais c’est aussi un flic usé par ses vingt ans de métier, sur le fil du rasoir, prêt à plonger dans la folie.
Le film commence par une scène au ralenti, avec un halo lumineux en son centre. on est dans un commissariat. Une musique aiguë et distordue pour seule bande son. Un flic ouvre une porte, et alors un vent de panique s’empare des policiers qui se précipitent dans la pièce. Au milieu de cette dernière, le sergent Johnson, les poings serrés, des policiers à terre, un homme inanimé qui ne bouge plus. La caméra se rapproche du sergent et s’arrête sur lui en gros plan. Le son revient, on passe en vitesse normale, le halo s’estompe : « Oh my god ».
« The Offence » est un projet personnel de Sean Connery qui souhaitait se débarrasser de l’image lisse d’un personnage qui lui collait alors à la peau : James Bond. Et pour le coup c’est réussit. Le rôle est le plus ambigu et le plus sombre jamais tourné par l’acteur.
Pour financer son projet, Sean Connery accepte d’apparaitre dans un dernier James Bond « Les diamants sont éternels » (qui sera en fait son avant-dernier puisqu’il remettra le couvert en 1983 pour un James Bond au titre ironique « Never, say never again »), monte sa propre société de production, s’entoure d’amis acteurs et demande au réalisateur américain Sidney Lumet, avec qui il vient juste de tourner « The Anderson Tapes », d’assurer la mise en scène.
Lumet apporte un véritable point de vue au film, en rendant, par des images très fortes, le personnage de Johnson encore plus ambigu qu’il ne l’est à travers les dialogues. Johnson est hanté (et fasciné ?) par les crimes odieux dont il a été témoin depuis 20 ans, revoit les meurtres et les victimes à travers des flashbacks très réalistes et colorés en contraste total avec la grisaille de son quotidien. A aucun moment on peut dire avec certitude qu’il n’est pas lui-même possiblement le meurtrier. Sans que rien ne soit dit explicitement et qu’aucune réponse ne soit jamais donnée.
La performance de Sean Connery est époustouflante de même que celle du reste du casting : de Ian Bannen (Baxter) à Vivien Merchant (la femme de Johnson) en passant par Trevor Howard (le super intendant Cartwright). Ces acteurs apportent une crédibilité glaciale au film.
« The Offence » est très audacieux, et le paiera cher. Il sortira en catimini aux USA, et ne sera pas du tout distribué dans de nombreux pays, dont la France. Le film gardera pendant longtemps une aura maudite. Même si aujourd’hui, on est peut-être davantage habitué aux figures de flics torturés, le Sergent Johnson reste un modèle du genre, tout aussi dérangeant aujourd’hui qu’il l’était il y a quarante ans.
On peut se féliciter en tout cas que le distributeur Swashbuckler Films ait eu la bonne idée de sortir enfin « The Offence » sur les écrans français en 2007, et que Wild Side Video ait eu la toute aussi bonne idée de le sortir en DVD.
DVD FR. Studio Wild Side (2012). Version originale sous-titrée. Documentaire : « The Offence dans le cinéma policier des années 70 » par Jean-Baptiste Thoret et François Guérif (26′)
C’est effectivement un excellent film!