Un classique de la télévision britannique, « The Naked Civil Servant » est le portrait d’un homosexuel revendiqué dans l’Angleterre intolérante d’une bonne partie du XXe siècle

The Naked Civil Servant (1975)

Réalisé par Jack Gold

Ecrit par Philip Mackie d’après l’auto-biographie de Quentin Crisp

Avec John Hurt, Liz Gebhardt, John Rhys-Davies, Patricia Hodge, Stanley Lebor, Colin Higgins…

Directeur de la photographie : Mike Fash / Production design : Allan Cameron / Montage : Mike Taylor / Musique : Carl Davis

Produit par Barry Hanson pour Thames Television

Première diffusion sur ITV le 17 December 1975

Comédie dramatique

77mn

UK

« Homosexuel efféminé dans la société britannique intolérante des années 1930, Quentin Crisp (John Hurt) décide de laisser libre cours à sa personnalité flamboyante. »

Le téléfilm est basé sur l’autobiographie de Quentin Crisp, publiée en 1968. Cet homosexuel revendiqué, né en 1908 à Londres, a fait de son apparence féminine, soigneusement entretenue, une arme de combat contre l’intolérance de la prude Angleterre des années 30 à 50.

A l’époque, l’homosexualité peut vous valoir la prison. Oscar Wilde a été condamné aux travaux forcés. En tout 65.000 hommes ont été condamnés pour homosexualité jusqu’à l’abrogation de la loi en 1967. Il faut cacher son homosexualité ? Crisp se teint les cheveux, porte du rouge à lèvres et du rouge à ongles. Et s’habille avec de plus belles tenues que les femmes de ses adversaires.

« Le monde est rempli d’aborigènes qui ne savent même pas que l’homosexualité existe. Je vais rendre cette réalité très claire à leurs yeux. J’en ferai mon devoir quotidien ! »

Quentin Crisp est une figure flamboyante, dotée d’un esprit vif avec une pointe d’humour vitriolé. Le téléfilm nous montre à travers des épisodes assez brefs (le téléfilm dure après tout seulement 75 mn) commentés en voix off par Crisp et coupés par des intertitres qui reproduisent avec humour des règles énoncées par Crisp, le parcours du combattant de cet homosexuel qui refuse de se cacher… quitte à se faire tabasser dans la rue, à se mettre à dos les autres homosexuels, à subir les provocations de la police ou encore à se retrouver sans emploi.

Le script de Philip Mackie rend justice au personnage, ainsi que la solide réalisation de Jack Gold. Mais c’est l’interprétation inspirée de John Hurt qui fera de « The Naked Civil Servant » un classique instantané de la télévision britannique, et de Crisp une personnalité en vue de la Grande Bretagne de la deuxième moitié des années 70.

Comme le suggère la fin du téléfilm, à l’époque, Crisp fait presque partie du décor tant les mœurs ont changé. Il n’est plus une figure de provocation, mais un vieil excentrique avec une histoire à raconter et de l’esprit à en revendre. Et le public est enfin prêt à l’entendre.

Rôle important dans la carrière de John Hurt, ce dernier endossera à nouveau le costume de Quentin Crisp dans « An Englishman in New York » (2009) de Richard Laxton, un film qui s’intéresse aux dernières années de Crisp, parti s’installer à New York, devenu comédien réputé et où il vivra les vingt dernières années de sa vie jusqu’à sa mort en 1999.

Blu-ray UK. Studio Network (2017). Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus Commentaire audio avec John Hurt, Jack Gold et Verity Lambert / Interviews avec Quentin Crisp (1971 et 1989), script en PDF