Un film d’aventures cruel et magistral où excellent Michael Caine et Sean Connery sous l’oeil aiguisé de John Huston
The Man Who Would Be King (1975)
(L’homme qui voulut être roi)
Réalisé par John Huston
Ecrit par John Huston et Gladys Hill d’après une histoire de Rudyard Kipling
Avec Sean Connery, Michael Caine, Christopher Plummer, Saeed Jaffrey, Larbi Doghmi, Karroom Ben Bouih, Shakira Caine,…
Direction de la photographie : Oswald Morris / Production Design : Alexandre Trauner / Direction artistique : Tony Inglis / Montage : Russell Lloyd / Musique : Maurice Jarre
Produit par John Foreman pour Columbia Pictures, Devon/Persky-Bright et Allied Artists Pictures
Aventures
129mn
UK / USA
1885. En journée. Une ville indienne grouille d’activité. La foule se fraye un chemin entre commerçants, forgerons ou encore charmeurs de serpent et de scorpions. La nuit, les lumières du bureau du correspondant d’un journal anglais, Kipling (Christopher Plummer) percent l’obscurité. Seul à son bureau, Kipling écrit. Le bruit de pieds qui trainent, Une silhouette qui se dessine. « Je suis de retour » dit la silhouette. « Donnez-moi un verre, frère Kipling ». Ce dernier est interloqué, il ne reconnait pas la figure de mendiant hirsute qui se tient devant lui. « Vous ne me reconnaissez pas ? ».
Le mendiant finit par lui donner quelques indices. « Le sort a été scellé ici, dans ce bureau… Dany et moi avons signé le contrat et vous en avez été le témoin. ». Kipling n’en revient pas. C’est Peachy Taliaferro Carnehan (Michael Caine) !
Trois ans plus tôt, Carnehan lisant un journal dans une gare, voit un européen bien habillé se présenter au guichet pour acheter un billet première classe. Carnehan se glisse derrière lui et lui vole sa montre. Mais il se rend qu’une insigne maçonnique est attachée à la montre. Il se précipite alors vers le train pour rendre la montre à son propriétaire, Kipling. Car il se trouve que Carnahan est lui-même un franc maçon, et il demande, bien que son vol ait été découvert par Kipling, de lui rendre un service et de passer un message à son ami Dan (Sean Connery). Kipling, intrigué, accepte.
Plus tard, Kipling apprendra que les deux hommes sont d’anciens militaire britanniques devenus des escrocs cherchant fortune. Et qu’ils compte se rendre dans une région perdue le Kafiristan qui n’a pas vu d’occidentaux depuis Alexandre le Grand ! Grâce à leur ingénuité et l’ignorance des locaux, ils espèrent devenir rois !
« The Man Who Would be King » est adapté de la nouvelle éponyme de Rudyard Kipling parue en 1888. Cette adaptation est un projet de longue haleine pour le réalisateur John Huston qui, tombé amoureux de cette histoire quand il était enfant, cherche à la porter à l’écran depuis les années 50.
John Huston est un habitué des productions britannico-américaines : « The African Queen » (1951), « Moulin Rouge » (1952), ou encore « The MacKintosh Man » (1973). Ici une bonne partie de l’équipe technique est britannique, ainsi que l’assistant producteur, ses acteurs principaux et évidemment l’auteur dont est tiré le scénario.
Les images, dues au directeur de la photographie oscarisé Oswald Morris, sont sublimes. La reconstitution l’est tout autant. Pourtant le tournage n’a pas du tout lieu en Inde ou au Pakistan (ou se trouve aujourd’hui la province de Nuristan, anciennement Kafiristan) mais au Maroc et en France, puis aux studios de Pinewood à côté de Londres pour quelques intérieurs ! En fait, le seul Indien du casting est Saeed Jaffrey, star de Bollywood et du cinéma britannique (vu dans « Gandhi », « A Passage to India » ou encore « The Beautiful Laundrette). Bon en en étant large, on peut aussi inclure la femme de Michael Caine, Shakira, d’origine indienne et que Huston a convaincu de se joindre au tournage pour jouer la promise de Dany (Sean Connery).
Saeed Jaffrey, dont le personnage rescapé d’une précédente expédition et qui joue les interprètes pour les deux escrocs anglais, s’est donc retrouvé à parler indien à des acteurs et figurants lui répondant en marocain !
On peut lire « The Man Who Would Be King » comme une métaphore de la colonisation. Des occidentaux vont tenter de conquérir un territoire et bluffer la population locale à des fins d’enrichissement. Sauf que l’histoire est ici cruelle pour nos deux escrocs qui ont vu trop grand.
La filmographie de John Huston n’est pas avare en chef d’oeuvres, mais celui-ci fait partie indiscutablement de ses tous meilleurs films. Tout est parfait, de la réalisation, aux images donc et aux interprétations de Caine et de Connery, impeccables, mais aussi de Jaffrey et Plummer (celui-ci remplaçant au dernier moment Richard Burton) et des figurants. Difficile de trouver un défaut à « The Man Who Would Be King », film d’aventures magistral, si ce n’est d’arriver à nous faire passer le Maroc pour l’Inde et le Pakistan ! Mais c’est ça la magie du cinéma !
Le film devait bénéficier d’un ressortie en édition française dans un beau coffret Blu-ray/DVD/livre chez Wild Side en novembre 2019 mais cela a apparement pris du retard. Il faut en tout cas se précipiter dessus dès qu’il paraît !