Un thriller pas toujours convaincant mais une métaphore assez étonnante de la mutation du capitalisme où Roger Moore donne l’une de ses prestations les plus notables sur grand écran.

HaroldPelham-RogerMoore

The Man Who Haunted Himself (1970)

(La seconde mort d’Harold Pelham)

Réalisé par Basil Dearden

Ecrit par Basil Dearden et Michael Relph d’arpès une histoire de Anthony Armstrong

Avec Roger Moore, Hildegard Neil, Freddie Jones, Olga Georges-Picot, Kevork Malikyan,…

Directeur de la photographie : Tony Spratling

Musique : Michael J. Lewis

Produit par Michael Relph pour Associated British Picture Corporation (ABPC)

Thriller / fantastique

UK

Suite à un accident de la route, Harold Pelham (Roger Moore), un brillant jeune cadre de la City, est partagé entre l’impression qu’il a un double et la peur de perdre la tête.

TheManWhoHauntedHimself1970« The Man Who Haunted Himself » est le dernier film de Basil Dearden, réalisateur un peu oublié mais que j’affectionne notamment pour ses oeuvres de genre engagées filmées dans les années 40, 50 et 60, ou encore ses films à gros budget très divertissants (années 60). Ironiquement, il mourra dans un crash de voiture qui ici est le point du départ du film… et sa conclusion.

« The Man… » est un thriller psychologique (avec une pointe de fantastique) co-scénarisé par Dearden avec son collaborateur de toujours Michael Relph (avec également une participation non créditée de Bryan Forbes alors patron de ABPC / Emi Films qui a produit le film).

Vu la diversité de la cinématographie de Dearden, peut-on dire qu’il est est en dehors de sa zone de confort ? En tout cas, s’il est loin d’être déshonorant, le thriller ne convainc pas totalement. Le scénario manque de surprises, et l’évolution de la « folie » de Pelham est trop linéaire, sans soubresauts suffisants pour maintenir le suspense et éviter quelques longueurs.

On est très loin d’un mauvais thriller mais le sujet aurait pu être traité de façon moins unilatérale. Par exemple, de précédentes versions filmées de l’histoire, notamment celle réalisée par Hitchcock dans le cadre de la série télé ‘Alfred Hitchcock Presents » en 1955, utilisaient une certaine dose d’humour noir. Humour qui aurait pu un peu rajouter de piment à l’intrigue et à l’affrontement de Pelham avec son double (ou lui-même). De même, tous les événements ne sont pas psychologiquement très réalistes (et c’est pourtant nécessaire pour soutenir l’intérêt du spectateur dans une telle intrigue).

Pour autant le film n’est pas sans humour même si celui-ci reste discret. On apprécie le regard impertinent sur les classes aisées britanniques (et on retrouve ici l’habitude de Dearden de faire passer des messages dans ses films de genre). Pelham avec ses valeurs conservatrices, ses tics obsessionnels, sa vie sexuelle en berne, ses idées et sa vie bien rangées est un personnage moyennement agréable et on prend un certain plaisir sadique à voir sa vie sens dessus dessous.Et pourtant l’activité de son « double » n’est guère plus estimable avec son manque de moralité (avec sa maîtresse, dans les affaires,…). Mais des deux finalement, lequel est le plus sympathique pour le spectateur ? Probablement aucun. Les deux Pelham représentent les deux facettes du capitalisme : l’un le capitalisme à l’ancienne, paternaliste et conservateur, l’autre, le capitalisme sans complexe, agressif pour lequel la fin justifie les moyens.

En tout cas Dearden  peut compter sur Roger Moore qui est convaincant dans l’un de ses premiers grands rôles au cinéma, et il restera l’un de ses préférés. Il est à l’époque surtout considéré comme un acteur télé très populaire (The Saint,…)  mais il faudra attendre son rôle suivant, celui de James Bond dans « Live and Let Die » (1973) pour qu’il fasse sa percée sur grand écran (« The Man Who Haunted Himself » sera un échec public et critique).

« The Man Who Haunted Himself » reste un bon thriller psychologique où le personnage principal est coincé entre deux facettes diamétralement opposées de sa personnalité. Et jusqu’au bout on doute de sa raison.

Le combo DVD/blu-ray édité par Network comprend une très belle copie du film, des sous-titres anglais et un commentaire audio de Roger Moore et Bryan Forbes.

Combo DVD/blu-ray zone 2 UK. Studio Network. Version originale avec sous-titres en anglais. Bonus : livret, commentaires audio de Roger Moore et Bryan Forbes.