« The lodger : A story of the London fog » est le premier film qui introduit véritablement ce qui va devenir le style Hitchcock.

The Lodger d'Alfred Hitchcock

The Lodger : A Story of the London Fog (1927)

(Les cheveux d’or)

Réalisé par Alfred Hitchcock

Scénario de Eliot Stannard d’après le roman de Marie Belloc Lowndes

Avec Ivor Novello, June, Arthur Chesney

Directeur de la photographie : Baron Ventimiglia

Produit par Gainsborough Pictures

Thriller

74 mn

UK

Un serial killer sévit dans Londres où il assassine de jeunes femmes blondes, toujours le mardi soir, laissant une carte de visite au nom du « Vengeur » sur la victime. Lors de son septième meurtre, il est entre aperçu par une dame qui explique l’assassin se cache la moitié inférieure du visage grâce à une grande écharpe. Le soir, un homme mystérieux, le visage à demi couvert par une écharpe, arrive dans une pension londonienne. Les soupçons sont immédiats.

Troisième long d’Hitchcock, « The lodger : A story of the London fog » est le premier film qui introduit véritablement ce qui va devenir le style Hitchcock, où il exprime ses idées dans « une forme purement visuelle », et où l’on observe la première incarnation du thème de l’homme injustement accusé d’un crime qu’il n’a pas commis (et, plus anecdotiquement, « The Lodger est le premier film où on le voit apparaître succinctement à l’écran).

Visuellement, le film fourmille de trouvailles : son intro qui met en scène brillamment la diffusion de la nouvelle du dernier crime en date du tueur, la caméra subjective qui nous fait regarder à travers les yeux du suspect ou de la jeune fille et possible victime, le plancher transparent qui nous permet de voir les pas nerveux du locataire, le final où le héros poursuivit par la foule se retrouve pendu à une grille par ses menottes,…

Il s’agissait de la troisième collaboration d’Hitchcock avec le directeur de la photo  Baron Ventimiglia (qui avait donc également signé la photo de ses deux premiers films).  Ventimiglia était un Italien qui avait commencé sa carrière en Italie dans la seconde partie des années 10. Ce sera ici néanmoins son dernier film avec Hitchcock et l’un des derniers films dont il signera la photo. C’est dommage car son travail sur « The Lodger » est admirable.

Pour ce qui est des thématiques, là aussi on a un pur Hitchcock : des blondes en détresse, le voyeurisme, le lynchage, l’accusation d’un innocent, des références à la religion,…

Quasiment tout le film est porté par ses images, d’ailleurs les intertitres sont remarquablement peu nombreux (rappelons ici que Hitchcock débuta dans le cinéma en créant des intertitres).

Au niveau scénaristique par contre, on reste dans une trame très classique qui n’apporte pas de grand retournement (même si l’intrigue reste tout à fait correcte). Hitchcock aurait voulu une fin différente, mais le personnage central étant incarné par Ivor Novello, grande star britannique de l’époque du muet, les producteurs n’ont pas laissé Hitchcock en faire à sa tête. Dommage.

Par ses trouvailles visuelles, son scénario et le jeu de ses acteurs (oui ils surjouent mais si vous êtes un tant soit peu habitués aux films de cette époque vous devriez pouvoir passer outre), le film bâtit une ambiance lourde où la tension est palpable.

Pour l’anecdote j’ai eu l’occasion de découvrir ce film en salle, mais sans aucune bande musicale. C’est la première fois que je voyais un film muet sans aucun son. C’était évidemment involontaire, mais ça a renforcé le sentiment de tension qu’on ressent tout au long du film. Si jamais vous avez l’occasion de voir « The Lodger », tentez l’expérience de couper le son, sait-on jamais, vous pourriez apprécier ! (D’autant que la musique – que je n’ai pas entendue donc – n’a pas très bonne réputation).

Combo DVD/bluray FR. Studio Elephant Films (2014). Bonus : Présentation exclusive du film par Jean-Pierre Dionnet (16′), Hitchcock 9 : 9 raisons pour voir ses films (9′), Hitchcock : aux origines du suspense (24′), Galerie d’images, Présentation de la collection Cinema MasterClass