Un film à petit budget bien au-dessus des films similaires produits à la pelle durant les années 30 avec des scènes impressionnantes à bord d’un train qui file à toute allure vers la mort

The Last Journey (1935)

Réalisé par Bernard Vorhaus

Ecrit par H. Fowler Mear et John Soutar d’après une nouvelle de Joseph Jefferson Farjeon

Avec Julien Mitchell, Hugh Williams, Godfrey Tearle, Judy Gunn, Michael Hogan, Olga Lindo,…

Direction de la photographie : William Luff et Percy Strong / Directeur artistique : James A. Carter / Montage : Lister Laurance / Musique : W.L. Trytel

Produit par Julius Hagen

66mn

Thriller / Comédie dramatique

UK

Il n’y a pas généralement pas grand chose à attendre qu’un gentil divertissement des quota quickies, productions filmées à petit budget et financées par les studios américains pour respecter les quotas qui leur sont alors imposés en matière de production britannique. Pourtant, ça ne veut pas dire qu’elles sont inintéressantes, loin s’en faut.

« The Last Journey » est un bon exemple de production de qualité et un must see pour les amoureux de trains ! Bob (Julien Mitchell) est un conducteur de train à la veille de la retraite et ça le rend morose. Alors qu’il doit effectuer son dernier voyage, il surprend une conversation entre sa femme et un ami qui est également son chauffeur (celui qui met du charbon la chaudière du train à vapeur).Convaincu qu’ils ont une liaison et fou de douleur, il décide de se tuer dans ce dernier voyage et d’emporter tout le train avec lui après avoir tué son ex ami.

Tout commence par une galerie de personnages. Au-delà de Bob, on nous présente un certain nombres de personnes qui s’apprêtent à embarquer dans le train : un couple de voleurs, un médecin adepte de l’hypnose, une jeune femme qui vient de se marier avec un coureur de dot, un homme bien mis de sa personne mais apparemment alcoolique (qui sera la cible du couple de voleurs),… Nous allons faire la connaissance d’autres personnages dans le train (une dame collet monté qui distribue des prospectus contre l’alcool,  un Français, des enfants turbulents, un homme qui bégaie,…). Est-on dans une comédie dramatique avec sa petite galerie de curieux personnages  ? Soudainement, le film s’accélère au rythme du train qui brûle les arrêts et file à toute allure vers la mort (si Bob arrive à ses fins).

En à peine un peu plus d’une heure, le film réussit à passer de la comédie dramatique au thriller. Et les scènes où le train fonce vers l’inconnu sont très réussies avec même un avion qui survole le train et quelques acrobaties du meilleur effet. Dans la matière, on est bien au-dessus du très moyen « Number 17 » (Numéro 17) d’Alfred Hitchcock sorti cinq ans plus tôt.

Les deux films ont pour point commun d’être tous deux adaptés d’oeuvres signées par l’écrivain et scénariste britannique prolifique Joseph Jefferson Farjeon (1883-1955). Il signera également les dialogues de « The Phantom Light » (1935) pour Michael Powell. Deux ans plus tôt, il était déjà adapté dans un film réalisé par Bernard Vorhaus pour « The Ghost Camera ». Vorhaus est un New Yorkais qui connaitra ses plus grands succès en Grande-Bretagne durant les années 30. Il est aussi connu pour avoir donné son premier job dans le cinéma à un certain David Lean.

Le producteur de « The Last Journey » Julius Hagen mérite d’être mentionné. Né en Allemagne, il a produit plus de 100 films de 1917 à 1938, en grande majorité des quota quickies tournés aux Twickenham Studios qu’il avait acquis en 1928.

Si vous êtes curieux, « The Last Journey » est disponible sur Amazon Prime France alors que j’écris ces lignes (juillet 2025). Par contre, il faut éviter les sous-titres en Français traduits à la pelleteuse par une IA mal programmée.