Review of: Le dernier duel
Histoire:
Ridley Scott

Reviewed by:
Rating:
3
On 10 novembre 2021
Last modified:10 novembre 2021

Summary:

Une construction narrative en trois parties, maladroite, alourdit ce film épique qui livre pourtant un beau portrait de femme

Une construction narrative en trois parties, maladroite, alourdit ce film épique qui livre pourtant un beau portrait de femme

The Last Duel (2021)

(Le dernier duel)

Réalisé par Ridley Scott

Ecrit par Nicole Holofcener, Ben Affleck et Matt Damon d’après les livres d’Eric Jager

Avec Matt Damon, Adam Driver, Jodie Comer, Harriet Walter, Ben Affleck,…

Directeur de la photographie : Dariusz Wolski / Production design : Arthur Max / Montage : Claire Simpson / Musique : Harry Gregson-Williams

Produit par Ben Affleck, Matt Damon, Nicole Holofcener, Kevin J. Walsh et Ridley Scott

Drame / Histoire / Aventures

2h32

UK / USA

Au XIVe siècle en Normandie, Sir Jean de Carrouges (Matt Damon) sympathise sur le champ de bataille avec le sans nom mais opportuniste Jacques Le Gris (Adam Driver). Mais rapidement la montée en puissance de Le Gris grâce à son amitié avec Pierre d’Alençon (Ben Affleck) créé des tensions entre les deux hommes. Puis un jour, alors que Sir Jean de Carrouges rentre de Paris, sa femme Marguerite (Jodie Comer) accuse Le Gris d’avoir profité de son absence pour la violer. En réparation, de Carrouges va demander au roi un judicium dei, un duel judiciaire, pratique tombée en désuétude mais qui permettra au vainqueur d’avoir raison.

Avec « The Last Duel », Ridley Scott revient au film historique, genre qui lui a apporté l’un de ses plus gros succès avec « Gladiator » (2000). Et évidemment, avec un titre pareil, impossible de ne pas penser à son premier film, l’excellent « The Duellists » (Les duellistes, 1977).

Ici il s’appuie sur un scénario développé par la scénariste et réalisatrice Nicole Holofcener et les acteurs américains Ben Affleck et Matt Damon. Ces deux derniers avaient déjà écrit ensemble un certain « Good Will Hunting » (1997) réalisé par Gus Van Sant. Ici ils s’inspirent d’un fait divers du XIVe siècle. On comprend leur intérêt, c’est une sacrée histoire et le personnage de Marguerite de Carrouges (née de Thibouville) a du potentiel romanesque.

Je suis incapable de dire à quel point cette histoire est fidèle à la réalité, mais les scénaristes donnent au personnage de Marguerite de Carrouges (parfaitement incarnée à l’écran par l’anglaise Jodie Comer) une dimension qui lui donne clairement un écho contemporain. Refusant de se taire, elle décide que Le Gris doit être jugé, alors même qu’elle risque son honneur… et sa vie (comme elle va le comprendre par la suite). Dans le contexte actuel #metoo, Marguerite se retrouve dans l’air du temps, et c’est dommage car ça veut dire que certaines choses n’ont guère changé ! Mais c’est en tout cas un beau portrait de femme qui nous est offert.

Si l’histoire est intéressante, j’ai deux gros reproches à faire à « The Last Duel ». D’abord Ridley Scott aurait pu se passer de ce filtre gris ici poussé dans des extrêmes. Je sais qu’on est au Moyen Âge, mais c’est pas pour ça qu’il ne faut avoir que deux couleurs, le gris et le rouge. C’est symboliquement un peu lourdingue (surtout vue la toute dernière scène où on a enfin droit à un rayon de soleil).

Ensuite, la construction narrative en trois parties ne se justifie pas. En fait l’histoire nous est racontée trois fois par trois regards différents : Jean de Carrouges, Jacques Le Gris et Marguerite. Et, même s’il y a quelques subtilités, les différences ne sont pas assez importantes pour justifier de revoir deux fois la même scène ! Les mêmes subtilités auraient pu être induites dans une narration plus classique. Au bout de la troisième version de l’histoire, on n’en peut plus ! Et ça aurait permis de réduire la durée de l’ensemble (2h32 quand même !).

Alors oui il y a de très belles images (même si elles sont grises), les acteurs sont globalement excellents et la scène du duel est spectaculaire, mais dans son ensemble, sa construction narrative gâche le plaisir et « The Last Duel » ressemble plus in fine à un château de cartes qu’à un château fort.