Review of: The Key
Guerre / romance / drame:
Carol Reed

Reviewed by:
Rating:
4
On 12 avril 2015
Last modified:3 mai 2018

Summary:

"The Key" est l'un des films oubliés de la dernière partie de la carrière de Carol Reed. Pourtant ce long métrage au pitch intrigant et au casting impressionnant mériterait qu'on s'intéresse à nouveau à lui.

« The Key » est l’un des films oubliés de la dernière partie de la carrière de Carol Reed. Pourtant ce long métrage au pitch intrigant et au casting impressionnant mériterait qu’on s’intéresse à nouveau à lui.

KEY, THE (1958)

The Key (1958)

(La clé)

Réalisé par Carol Reed

Ecrit par Carl Foreman d’après le roman de Jan de Hartog

Avec William Holden, Sophia Loren, Trevor Howard, Bryan Forbes, Bernard Lee…

Directeur de la photographie : Oswald Morris

Produit par Carl Foreman pour Highroad et Open Road Films (II)

Guerre / romance / drame

UK

 Au début de la seconde guerre mondiale, David Ross (William Holden) est un  commandant Américain affecté au commandement d’un remorqueur du service des sauvetages en mer. Il y retrouve son ami Chris Ford (Trevor Howard) qui lui présente sa compagne, la très belle et tout aussi énigmatique Stella (Sophia Loren) avec qui il partage son appartement. Un soir de beuverie, Chris lui confie un double de la clé de son appartement. Ross comprend que l’appartement et la femme ont ainsi été transmis entre commandants plusieurs fois suite au décès  des prédécesseurs en mission.

the_key_afficheFr1958« The Key » est un film au pitch intrigant. S’il se déroule pendant la guerre, et contient plusieurs scènes de combat en mer (fort bien filmées), l’essentiel de l’intrigue se déroule à quai autour du personnage de Stella et d’une clé à forte valeur symbolique.

La fameuse clé représente le danger de mort qui hante l’esprit de chaque marin dès qu’il part en mission en mer, mais aussi un amour qui se loue (ou pas) comment un appartement. La vie et l’amour pouvant disparaitre à tout moment. Quelle valeur donner à l’amour, sentiment le plus fort pouvant exister entre deux êtes, censé duré toute une vie, dans une période où même l’existence d’un lendemain est hypothétique ?

Stella continue de rêver à son premier amour, Philip, commandant mort en mer, qu’elle essaie plus ou moins consciemment de remplacer par des hommes qui peuvent tout à fait avoir le même destin. Mais l’esprit de Stella s’est renfermé sur lui-même (d’ailleurs elle ne peut logiquement plus sortir de l’appartement).

Par sa thématique (l’amour et la peur de la mort sont les vrais sujets du film), « The Key » peut déstabiliser le spectateur qui s’attendraient à un film de guerre plus classique. Mais les amants de Stella, David, Philip ou Chris, sont remplaçables. David Ross s’en rend compte lui-même quand il dit « Nous sommes tous pareils ». De fait, au moment de partir en mission, ils sont tous étreints par la peur et se servent de Stella comme d’un réconfort. Mais Stella est une illusion. Et une fois morts, il ne reste plus d’eux qu’un souvenir, une veste dans un placard et un pot de fleur sur le rebord d’une fenêtre.

Deux fins ont été tournées, l’une romantique et l’autre mélancolique afin de déjouer la censure qui risquait de mal prendre une fin romantique pour une femme de moeurs aussi légères. La version présentée est celle mélancolique, qui ne prend pas donc pas de risque avec la censure, mais qui avait toute façon la préférence de Reed. Mais l’absence d’un happy ending a pu participer à la moindre diffusion du film aux US.

Ce film appartient à la vague de films à gros budgets et au casting de stars commencée par Reed avec « Trapez » deux ans plus tôt. Le casting est ici remarquable. William Holden, Sophia Loren et Trevor Howard sont en pleine forme, et le trio marche formidablement bien. On peut aussi noter la présence de Bernard Lee et Bryan Forbes dans les seconds rôles (Michael Caine aurait un petit rôle non crédité mais je ne l’ai pas vu à l’écran).

Le scénario et la production sont signés par le scénariste américain Carl Foreman (High Noon/ Le train sifflera trois fois), débarqué quelques années plus tôt en Grande Bretagne pour cause de Maccarthysme et qui y a débuté en travaillant avec un autre exilé, Joseph Losey (The Sleeping Tiger en 54) et qui avait co-signé l’année précédente l’adaptation de « The Bridge of River Kwai » pour David Lean.

Le noir et blanc est très maîtrisé (très belle photo d’Oswald Morris qui collaborait ici pour la première fois avec Reed mais avait déjà assuré la direction photo de plusieurs films pour John Houston).

Un très beau film de Carol Reed, certes à la construction un peu bancale (si belles soient-elles, les scènes de combat naval sont presque superflues), mais qui mérite bien mieux que l’oubli relatif dans lequel il est tombé.

DVD zone 2 UK. Cornerstone Media. Version originale. Aucun sous-titre