une belle reconstitution de l’univers politico-médiatique du milieu des années 50 en Grande Bretagne.
The Hour (2011)
Réalisé par Coky Giedroyc, Jamie Payne, Harry Bradbear
Créé et écrit par Abi Morgan
Avec Ben Whishaw, Romola Garai, Anton Lesser, Anna Chancelor,…
Produit par Kudos Productions pour la BBC
Thriller
6×59 mn
UK
A l’automne 56, Freddie Lyon (Ben Whishaw) vit de plus en plus mal son rôle de journaliste pour les mièvres infos télévisées de la BBC. Sa chance pourrait tourner car sa meilleure amie Bel (Romala Garai) a été nommée productrice d’une émission de news révolutionnaire pour la BBC : The Hour. Parallèlement, il se retrouve impliqué dans une histoire qui le dépasse quand il retrouve son amie d’enfance Ruth Elms pendue chez elle. Et sur la scène internationale, la crise du Canal de Suez éclate tandis que les Soviétiques envahissent Budapest.
« The Hour » a parfois été comparé à « Mad Men » pour sa minutieuse reconstitution des années 50 et sa plongée dans un univers bien précis (le milieu de la télé à Londres fait ici place au milieu de la pub à New York). Mais la comparaison s’arrête là. Pour le meilleur et le pire, « The Hour » n’est pas « Mad Men ».
Le fonds ici est bien plus politique (la crise du Canal de Suez est le sujet central où se croisent toutes les intrigues et sous intrigues), et la critique de la politique britannique et de la complaisance médiatique qui en découle est assez acerbe. Thriller, série d’espionnage, série politique, reconstitution historique, drame romantique, critique sociale,… « The Hour » est tout ça. Une ambition et un mélange des genres qu’on retrouve assez souvent dans les grosses productions télévisuelles britanniques contemporaines.
Ce qui leur donne parfois un aspect décousu, inachevé. les personnages y sont un peu sacrifiés sur l’autel des ambitions scénaristiques. Difficile dans un 6×59 mn de développer une intrigue complexe avec toutes ses sous intrigues et des personnages bien développés. Bref à vouloir trop en faire…
Le premier épisode de la série par exemple n’est pas une franche réussite et manque tout bonnement de simplicité et de clarté. On ne sait pas trop où le scénariste veut aller. Heureusement, par la suite les intrigues de The Hour gagnent en clarté, on s’attache aux personnages (même à celui particulièrement exaspèrent de Freddie) grâce notamment à une interprétation encore une fois hors paire, et on est séduit par la qualité de la reconstitution. La série n’est pas sans ratés, certaines sous-intrigues font un flop, mais « The Hour » concentre en elle les qualités et défauts de la fiction télé britannique : une grande ambition sur le papier, une mise en oeuvre un peu plus laborieuse, et un résultat moins millimétré qu’à la télévision américaine mais qui au final ne manque pas de charme.
La créatrice de la série Abi Morgan a déjà une belle réputation derrière elle. Elle a créée notamment la mini série « Sex Traffic » (David Yates, 2004) récompensée par 8 Baftas. Elle a également signé les scénarios de films aussi différents que « Brick Lane » de Sarah Gavron (2007) sur la communauté bengalie en Angleterre, la biographie de Thatcher « The Iron Lady » (2011) et co-signé « Shame », le dernier Steve McQueen.
EDIT (mars 2013) : « The hour » est revenue sur la BBC à l’automne 2012 pour une nouvelle saison plus concentrée sur la politique nationale et les scandales sexuels. Cette deuxième saison était également de très bonne facture mais elle n’a pas retenue l’attention des téléspectateurs, et la BBC a donc décidé de s’arrêter là. Et c’est bien dommage.
DVD FR. Studio BBC et France Télévisions Distribution (2014). Saisons 1 et 2. Avec sous-titres français et version française.