Une biographie un chouïa romantique mais très réussie d’un criminel irlandais. Une mise en scène brillante de Boorman et le premier grand rôle de Brendan Gleeson

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The General (1998)

(Le général)

Réalisé par John Boorman

Ecrit par John Boorman d’après le roman de Paul Williams

Avec Brendan Gleeson, Adrian Dunbar, Sean McGinley, Maria Doyle Kennedy, Angeline Ball, Jon Voight,…

Directeur de la photographie : Seamus Deasy

Musique : Richie Buckley

Produit par John Boorman

Crime

UK / Irlande

« Martin Cahill (Brendan Gleeson), célèbre criminel de Dublin, devient une véritable légende grâce au mélange explosif de violence, d’humour et de générosité qui le caractérise. L’audace et le succès de ses opérations lui valent le surnom du « Général ». Mais les manières de ce Robin des Bois des temps modernes ne plaisent pas à tout le monde, notamment à l’IRA ou… la police. »

Le_General« The General » est un film atypique dans la cinématographie du réalisateur anglais John Boorman. On est très loin de ses grosses productions des années 80. Différence appuyée par le choix formel de tourner pour la première unique fois en noir et blanc (à noter cependant qu’il existe une version couleur qui a notamment été diffusée à la télévision américaine).

Ici Boorman nous propose une biographie d’un criminel irlandais qui a sévit à Dublin dans les années 60 à 90, Martin Cahill et qui est mort assassiné en 1994. John Boorman qui a habité à Dublin, a eu affaire au gangster, sa maison ayant été cambriolée par Cahill alors que sa femme dormait dans sa chambre. Le criminel s’est emparé notamment du disque d’or de la bande originale de « Delivrance » (fait divers qu’on retrouve, légèrement modifié, dans le film).

Tête de cochon, provocateur, Cahill (Brendan Gleeson) est un criminel à l’ancienne. Il part faire ses coups comme d’autres vont au travail le matin. C’est son métier, et il essaie de le faire avec rigueur. Paranoïaque, il n’a confiance que dans sa famille (sa femme et sa belle soeur), les gars de son équipe qui viennent tous du même quartier que lui. Généreux, il veille également au bien être de sa communauté. Et prend un malin plaisir à provoque son ennemi de toujours, un policier. l’inspecteur Ned Kenny (incarné à l’écran pas Jon Voight).

Dans une Irlande déchirée par les questions religieuses, Cahill refuse de prendre partie pour les loyalistes et les indépendantistes. Et (en tout cas c’est la théorie avancée ici par Boorman qui se base sur le livre d’un journaliste irlandais), ça lui coûtera la vie.

« The General » dresse un portrait intimiste et pathétique de ce chef de gang qui croit que le monde n’a pas changé depuis son enfance – et qui continue à défier toutes les autorités – politiques, religieuses ou policières. C’est à la fois sa force et son talon d’Achille. Quand il se retrouve dans une situation compromettante et devant la police, il ne peut s’empêcher de cacher sa tête dans ses mains comme un enfant qui aurait peur qu’on lise ses véritables intentions sur son visage. Ses actes de provocation ont un air bravache. C’est un fanfaron, mais il apparait toujours à fleur de peau, terrorisé que ses amis le trahissent.

Boorman livre un portrait crédible (mais peut-être un peu trop romantique) de Cahill, lui donnant la stature d’un Robin des Bois contemporain. Il est aidé en ce sens par l’interprétation remarquable du Dublinois Brendan Gleeson, alors âgé de 39 ans, qui trouve ici le rôle de sa vie et lancera tardivement mais sûrement sa carrière cinématographique.

« The General » reste l’un des grands succès critiques de Boorman, et il recevra notamment le prix de la mise en scène au festival de Cannes. Un prix mérité car sa réalisation est sobre (ce qui est, vu le sujet, est un excellent choix !) et diablement efficace.

[xrr rating=8/10]

DVD zone 2 FR. Studio BAC Films. Version originale sous-titrée en français