« The filth and the furry » est un portrait très réussi du mouvement punk et un témoignage de l’impact des Sex Pistols. Saisissant et indispensable.
The Filth and the Fury (2000)
(L’obscénité et la fureur, la véritable histoire des Sex Pistols)
Réalisé par Julien Temple
Produit par Film 4
Documentaire
108 mn
UK
20 ans après « The Great Rock ‘n’ Roll Swindle » (1980), le film commandé par le manager des Sex Pistols, Malcolm McLaren, le réalisateur Julien Temple revisite l’histoire du groupe punk mythique en donnant cette fois-ci la parole aux Sex Pistols eux-mêmes.
Bien qu’il soit réalisé par le même réalisateur, « The filth and the furry » n’a pas grand chose à voir avec « The Great Rock’n’Roll Swindle ». Beaucoup plus structuré, moins fantasmagorique, ivre de reconstitution exacte de la réalité du groupe, ce nouveau film de Julien Temple sur les Sex Pistols remet l’histoire du groupe à sa place.
Dans « TGRNRS », Malcolm McLaren donnait le portrait d’un groupe de décérébrés manipulés par leur génial manager, véritable créateur du mouvement punk. Ici on nous montre cinq jeunes, issus des couches populaires londoniennes, qui face à la crise qui frappe la Grande Bretagne des années 70, vont réagir de façon épidermique contre un système qu’ils jugent complètement pourri.
Dans « The filth and furry », Julien Temple s’attache à montrer l’authenticité des Sex Pistols, leur dimension « dickensienne », la force de ce mouvement né de rien et qui a renversé les codes de la société britannique avant d’être repris et digéré par le système qu’il dénonçait. Le destin tragique de nombre de révolutions.
« The filth and furry » rend attachantes ces figures remplies d’auto-destruction et de violence verbale qui étaient finalement plus des dangers pour eux-même que pour la société qui les craignait tant. Julien Temple utilise de nombreux extraits de « Richard III », dans la version interprétée par Laurence Oliver, pour illustrer aussi bien la profonde « anglicité » du groupe que la marginalité et la personnalité déformée de Johnny Rotten (lui-même dans son autobiographie « Rotten: No Irish, No Blacks, No Dogs » notera l’influence du personnage de Richard III et du film de Laurence Olivier).
Finalement les Sex Pistols se seront fait bouffer par leur manager qui les aura utilisés jusqu’à l’os mais sans pouvoir gérer leurs dérapages pour le coup pas du tout contrôlés. Le groupe finira donc logiquement par imploser lors de leur première et dernière tournée américaine après un concert désastreux en janvier 1978 moins de trois ans après sa création.
La réalisation de Julien Temple est inspirée, mélangeant extraits de concert, images d’archive, séquences d’animation appuyant le côté cartoonesque du personnage de Johnny Rotten, interviews contemporains des Sex Pistols filmés en ombre chinoise.
Vous l’aurez compris « The filth and the furry » est un portrait très réussi du mouvement punk et un témoignage de l’impact des Sex Pistols. Saisissant et indispensable.
DVD FR Universal Music (2001) mais difficilement trouvable :
Vous pouvez vous rabattre sur l’édition anglaise (éditée par Channel 4) qui dispose de sous titres anglais.