Un drame tendu en gallois qui se déroule lors d’un diner et vire au folk horror terrifiant sur le thème du choc entre traditions et modernité. Une belle surprise !

The Feast (2021)

Réalisé par Lee Haven Jones

Ecrit par Roger Williams

Avec Annes Elwy, Nia Roberts, Julian Lewis Jones, Steffan Cennydd, Sion Alun Davies,…

Direction de la photographie : Bjørn Ståle Bratberg / Production design : Gwyn Eiddior / Direction artistique : Stephen Madoc Pierce / Montage : Kevin Jones / Musique : Samuel Sim

Produit par Roger Williams pour BFI, Ffilm Cymru Wales, Great Point Media, Fields Park Media Partners, Joio
et Sianel 4 Cymru (S4C)

Drame / Horreur

93mn

UK

Glenda (Nia Roberts) et son mari Gwyn (Julian Lewis Jones), membre du parlement gallois, vivent avec leurs deux fils adulte entre Londres et la campagne galloise où ils ont construit une maison moderne sur la ferme familiale et font exploiter la terre à la recherche de minerais. Ce soir-là, ils organisent un diner. Pour l’aider au repas, Glenda fait venir une jeune femme Cadi (Annes Elwy) pour l’aider à la cuisine, mais Cadi est bien silencieuse et contemplative.

Le film s’ouvre sur la scène d’un homme qui fait des extractions minières dans un champ. L’homme s’éloigne en titubant pour s’effondrer, la tête en sang. Puis nous découvrons l’intérieur de la maison moderne et ses habitants. Enfin, Cadi arrive à pied au grand soulagement de la maitresse de maison. Mais Cadi parle peu, elle a un comportement étrange et observe les habitants comme s’il s’agissait d’extra-terrestres.

« The Feast » (ou « Glwedd » en Gallois) est un film énigmatique et très lent. On est d’abord déboussolé par la lenteur et l’ambiance étrange, malsaine, dégagée par l’attitude de Cadi. Voici un drame intimiste et bien étrange dont on cherche les clefs, où on essaie de donner du sens aux scènes et aux dialogues.

Ce sens viendra au fil du repas, quand on en sera plus au sujet de chacun des personnages. Puis le film vire le fantastique version folk horror via l’étrange Cadi qui n’est peut-être pas finalement celle qu’on pensait. Une fois le film terminé, on se retrouve avec un drame horrifique sur le choc entre modernité et traditions, entre la ville et la campagne, entre la culpabilité et l’innocence. Oui car « The Feast » est un film à message !

En matière de « folk horror » (ce sous-genre de l’horreur ancré dans les traditions et légendes du milieu rural), « The Feast » est un exemple surprenant qui commence comme un drame mystérieux et son virage vers l’horreur dans la dernière demi heure est bien vu et justifié par l’histoire. Alors oui, autant le dire clairement si vous avez encore un doute, « The Feast » est un film « arty » qui ne plaira pas à tout le monde. La photographie très travaillée et la lenteur peuvent agacer mais, comme par l’utilisation du gallois au lieu d’anglais (car oui le film est entièrement en gallois), la stylisation à l’extrême de « The Feast » fait partie de son charme et assurent in fine son efficacité.

S’il réalise ici son premier long métrage, Lee Haven Jones a déjà une belle expérience à la télévision britannique où il a travaillé sur des séries populaires (Doctor Who, Vera, Casualty,…) et des mini séries (The Long Call). Le scénariste Roger Williams a lui signé un certain nombre de séries et mini-séries se déroulant au pays de Galles (dont « Bang » et « Gwaith/Cartref »,…). Au niveau des acteurs, on notera principalement la performance d’Annes Elwy, formidable dans le rôle de Cadi.

« The Feast » fait le tour des festivals du monde entier depuis mars 2021 (mais n’est pas encore passé par la France). Espérons qu’il sera plus largement diffusé au cinéma avant de faire sa sortie en VOD et sur support physique, il le mérite.