Review of: The Eye of Satan

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On 8 décembre 2018
Last modified:8 décembre 2018

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Un nanar intérsidéral, tourné à Manchester par l'incroyable Cliff Twemlow pour le marché des vidéo-clubs. Jouissif !

Un nanar intérsidéral, tourné à Manchester par l’incroyable Cliff Twemlow pour le marché des vidéo-clubs. Jouissif !

The Eye of Satan (1988)

Réalisé par David Kent-Watson

Ecrit par Mike Sulivan (Cliff Twemlow)

Avec Cliff Twemlow, Ginette Gray, Max Beesley Snr, Brett Sinclair, John Saint Ryan,…

Produit par E. Churnoff et  Mike Sullivan (Cliff Twemlow)

Horreur / Action

UK

Une voiture fonce sur une petite route de campagne. Entouré d’obscurité, un cercueil dans lequel repose un homme jeune, autour de lui quatre personnes plus un prêtre. Quelqu’un sort de la voiture (on ne voit que ses pieds) ainsi que des pattes et une queue noires (d’un gros félin ?). Quelques secondes plus tard, un homme baraqué répondant au nom de Kane (Cliff Twemlow) – on apprendra son nom plus tard – fait interruption parmi les proches recueillis autour du cercueil. Le prêtre s’interpose, Kane le frappe au visage de la crosse de son fusil à pompe et tire à plusieurs reprises sur le cercueil.

« Tu me dois 150.000 livres. Donne-les moi » annonce Kane à un homme de la soixantaine, qu’on devine être le père du défunt.

Il fait à présent nuit. Un homme erre, une bouteille d’alcool à la main. Il entre dans l’église et confie au prêtre avoir volé un joyau « l’oeil de Satan » à un culte en Afrique tout en sauvant une victime sur le point d’être sacrifiée (on a droit à la scène en flashback – sur fond noir comme pour la première scène – ça fait de sacrées économies en termes de décors). Le prêtre est terrifié, renvoie l’homme qui se fait massacrer par un gros chat quelques secondes plus tard (si on en croit les bruitages).

On se retrouve ensuite dans un commissariat où l’on rencontre deux détectives qui vont enquêter sur ces étranges meurtres. On apprend que le père du jeune homme dans le cercueil est un gangster local. Voici qui complique notre intrigue…

« The Eye of Satan » est à la fois un film de gangster et un film d’horreur. Kane est en fait un soldat de Satan, débarqué d’Afrique quatre semaines plus tôt avec sa panthère noire qui l’accompagne partout ! Il est venu à Manchester pou récupérer l’oeil de Satan, nécessaire pour préparer la venue de son maître prévue, comme chacun le sait, pour l’an 2000 !

Vu que le joyau est à présent dans les mains d’un gangster local, Kane se retrouve à jouer les hommes de main pour celui-ci en attendant de pouvoir le récupérer. Kane se retrouve ainsi mêlé contre son gré à une histoire de trahisons et de vente d’armes à un terroriste arabe… pour se retrouver finalement chargé de protéger la fille d’un gangster, menacée par les représailles, la belle Christine (Ginette Gray).

Bref pas facile la vie d’un soldat de Satan. Heureusement qu’il est doté d’une force et de pouvoirs surhumains. Il n’a ainsi aucun mal à se débarrasser de  ces pathétiques mortels !

Détail amusant, si Kane ne peut pas blairer ces imbéciles d’humains, il aime beaucoup les animaux. D’ailleurs il liquide deux chasseurs de façon brutale parce qu’ils ont tiré sur un canard. Faut pas le faire chier, le Kane on vous a dit !

Vous l’aurez compris, « The Eye of Satan » est un nanar, un film de série Z réalisé avec trois francs six sous en vidéo spécifiquement pour le marché des vidéo-clubs. Le scénario est d’une étonnante complexité pour une production si fauchée. La réalisation et l’interprétation sont bien entendu à la ramasse et l’ensemble risque de provoquer des tics nerveux chez un spectateur lambda mais a de quoi ravir les amateurs de série Z.

A l’origine du projet , on retrouve une petite célébrité de Manchester, Cliff Twemlow (1938-1993). Ancien bodybuilder, videur dans les boites locales, acteur occasionnel dans le soap « Coronation Street », compositeur (sous le pseudo de Peter Reno), écrivain, cet homme invraisemblable signe son autobiographie « Tuxedo Warrior » en 1981 qui est adaptée au cinéma l’année suivante. Il se sert de l’argent ainsi gagné pour financer des projets de films fauchés destinés au marché de la vidéo alors en plein boom. Twemlow sort son premier film (il en écrit le scénario, assure la production et joue le rôle principal) en 1983 (GBH). S’ensuivront une poignée de nanars dont ce dernier exemple « The Satan Eye » sort en 1988. Il décède cinq ans plus tard d’une crise cardiaque à l’âge de 55 ans.

Les films de Twemlow sont aujourd’hui invisibles, à part via des uploads VHS sur youtube (« The Satan Eye » est ainsi visible dans une qualité très médiocre avec des sous-titres danois incrustés). Même si le monsieur a gagné un certain statut culte depuis les années 2000 et la parution d’un livre qui lui est consacré (1), ses films sont bloqués dans des imbroglios juridiques dus à leur financement aussi diversifié que chaotique.

Espérons qu’un jour un coffret permette de réunir ses films. Du nanar Mancunien, on en voit pas tous les jours !

(1) « The Lost World of Cliff Twemlow, the king of Manchester Exploitation Movies », CP Lee et Andy Willis. Hotunpress, 2009