Premier chef d’oeuvre signé Michael Powell, un véritable tour de force tourné sur une île inhospitalière au large de l’Ecosse
The Edge of the World (1937)
(A l’angle du monde)
Ecrit et réalisé par Michael Powel
Avec Niall MacGinnis, Eric Berry, Belle Chrystall, John Laurie, Michael Powell,…
Photo : Skeets Kelly, Monty Berman et Ernest Palmer
Musique de Lambert Williamson
Produit par Joe Rock
Drame / Romance
75mn
UK
Même si en 1937 Michael Powell avait déjà une belle filmographie derrière lui, la dizaine de films qu’il a tourné à la chaine entre 1931 et 1937 étaient essentiellement des quota quickies. Et même si dans certains cas ils étaient loins d’être honteux, on peut clairement dire que la filmographie de Powell a pris une toute autre ampleur avec « The Edge of the World », son premier projet vraiment personnel dont il signe aussi le scénario et dans lequel il joue le rôle d’un yatchman à qui son pilote et guide raconte la triste destinée de Hirta, île des Hébrides alors désertée et dont il est originaire.
The Edge of the World, financé par Joe Rock, un acteur américain de vaudeville, permettra à Powell de se faire remarqué par les critiques new yorkais et par Korda. Le début d’une légende.
En 1931, Powell avait été marqué par l’histoire de l’évacuation de St Kilda, et s’était promis de faire un film sur le sujet. On lui refusa l’autorisation de tourner sur l’île alors abandonnée et il décida de tourner à la place sur l’île de Foula située dans l’archipel des Shetland et elle toujours habitée par une quarantaine de personnes (qui participèrent tous au tournage en tant qu’acteurs ou dans l’équipe technique.
Tourné en décors naturels dans des conditions pour le moins difficiles, « Edge of the world » est un film d’une grande beauté grâce à ses somptueux décors naturels. Ah ces falaises abruptes qui plongent dans la mer démontée !. La rudesse et la simplicité de la vie des îliens est parfaitement rendue à travers des scènes de vie brutes de décoffrage.
Mais « Edge of the World » n’est pas un documentaire sur la vie dans ces îles inhospitalières et fantastiques au large de l’écosse. C’est avant tout un drame humain. Dans la première moitié du vingtième siècle, les jeunes gens s’exilent de plus en plus vers l’Ecosse et ceux qui restent doivent à leur tour partir faute de main d’oeuvre. Peter et Robbie, amis d’enfance, représentent ce dilemme. Robbie veut partir, Peter pense qu’il est lâche. Le différent se jouera sur un pari qui va aboutir sur un drame.
Le père de Robbie, Peter (interprété par un excellent John Laurie), homme rugueux qui tient la petite communauté, va être mis à rude épreuve. Devra-t-il se résoudre à partir lui aussi ?
« The Edge of the World » garde une remarquable tension dramatique. C’est un beau drame humain dans un cadre inhospitalier. La nature face à l’homme et l’homme face à lui-même.
Le BFI qui a réédité le film dans une excellente copie en 2010 a eu en plus l’excellente idée de rajouter le dernier film de Powell, « Return to the Edge of the World », le documentaire tourné par Powell en 1978 où il filme son retour sur l’île de Foula 42 ans après le tournage !
Comme le Blu-ray du BFI dispose de sous-titres anglais (pour le film et les bonus), vous n’avez aucune excuse pour ne pas voir ce premier grand film de Powell si vous avez un niveau d’anglais suffisant.
DVD et Blu-ray BFI. Sous-titres anglais. Livret de 26 pages. Bonus : « Return to the Edge of the world », Michael Powell’s home movies commenté par Thelma Schoonmaker,…