Un sacré duo d’acteurs pour un portrait à la fois critique et amoureux des acteurs et du théâtre.
The Dresser (1983)
(L’habilleur)
Réalisé par Peter Yates
Ecrit par Ronald Harwood d’après sa pièce
Avec Albert Finney, Tom Courtenay, Edward Fox,…
Directeur de la photographie : Kelvin Pike
Produit par Peter Yates et Ronald Harwood pour Goldcrest Films International et World Film Services
Comédie dramatique
118mn
UK
Une troupe de théâtre shakespearien en tournée dans l’Angleterre du Blitz. L’habilleur de la troupe, Norman (Tom Courtenay) est entièrement dévoué au directeur de la troupe (Albert Finney) qui, bien que brillant, n’en est pas moins tyrannique. L’habilleur tâche avec grand peine de supporter la vedette sur le déclin qui commence à perdre la tête, alors que la compagnie elle-même se démène pour poursuivre la tournée…
On reproche parfois au cinéma britannique sa théâtralité. Ici au moins c’est clair et net. « The Dresser » est adapté par Ronald Harwood de sa propre pièce qui se déroule quasi exclusivement dans un théâtre et est centrée autour d’un directeur de troupe, tyrannique, qui commence à perdre la raison alors qu’il se prépare pour jouer le roi Lear pour la 227e fois.
« The Dresser » s’intéresse particulièrement à la relation intime à la fois forte et superficielle qui s’est créé entre l’homme de théâtre et son habilleur qui lui est entièrement dévoué depuis 20 ans.
A force d’interpréter des personnages plus grands que nature, Sir (on ne connait le directeur de la troupe que par ce terme générique) finit par se prendre pour chacun d’eux. Homme de théâtre jusqu’aux tréfonds de son être, sa personnalité brisée finit par être le résultat d’un mélange d’Othello, du roi Lear, de Macbeth et de tous ces monstres shakespearien qu’il interprète à longueur de temps. Bref, Sir souffre de troubles dissociatifs de l’identité particulièrement prononcés.
De son côté, Norman, l’habilleur, se dévoue corps et âme mais profite également des faiblesses de Sir pour en faire sa chose. Il l’infantilise et le sur-protège comme une mère poule couverait son fils prodige.
Tom Courtenay, qui joue l’habilleur, reprend sur grand écran le rôle qu’il avait créé deux ans plus tôt pour le théâtre. Albert Finney aborde ici le rôle pour la première fois. La rencontre fait des étincelles et les deux en font des tonnes, renforçant les traits comiques et pathétiques de leurs personnages respectifs.
Les autres personnages de la pièce, dont Oxenby, le grand rival interprété ici par Edward Fox, sont malheureusement transparents, réduisant le film à un duo. C’est dommage.
Quant au réalisateur Peter Yates (Bullit, Murphy’s war,…), il se montre ici très discret, se contentant d’une mise en scène passe partout et minimaliste qui reste au plus près des acteurs (ce qui n’est pas forcément plus mal vu la grandiloquence des deux personnages principaux).
Le film a connu à l’époque un joli succès critique et public. Il a notamment décroché cinq nominations aux Oscars, dont fait très rare deux nominations pour le meilleur acteur (pour Courteney et Finney). Néanmoins, il est reparti bredouille.
« The Dresser » n’est pas sans défaut mais est un bel hommage au théâtre et aux acteurs, ces monstres indispensables.
DVD Sony Pictures. Zone 2 UK. Version originale. Sous-titres anglais.