Comédie romantique:
Anthony Asquith

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4
On 4 juillet 2018
Last modified:4 septembre 2018

Summary:

Une comédie romantique de propagande qui lance un plaidoyer pour le rapprochement entre l'Angleterre et la Russie. Très drôle et bien vu !

Une comédie romantique de propagande qui lance un plaidoyer pour le rapprochement entre l’Angleterre et l’URSS. Très drôle et bien vu !

The Demi-Paradise (1943)

(L’étranger)

Réalisé par Anthony Asquith

Ecrit par Anatole de Grunwald

Avec Laurence Olivier, Penelope Dudley-Ward, Margaret Rutherford, Marjorie Fielding,…

Directeur de la photographie : Bernard Knowles / Direction artistique : Carmen Dillon / Montage : Renee Woods / Musique : Nicholas Brodszky

Produit par Anatole de Grunwald pour Two Cities Films et The Rank Organisation

Comédie romantique

UK

1939. Ivan Kouznetsoff (Laurence Olivier) est un ingénieur russe qui se rend en Angleterre pour y faire fabriquer une de ses inventions, un modèle d’hélice révolutionnaire pour brise-glace. Mais il est plein de préjugés contre le berceau du capitalisme, et après un premier séjour, décide qu’il avait bien raison. Quand en 1942, il doit se rendre à nouveau en Angleterre, il y va à reculons. Est-ce que les Anglais ont changé avec la guerre ?

Deux marins anglais, dont un blessé, débarquent dans un petit port russe pris dans la glace. Au bar du coin,  le blessé se fait examiner la jambe par une doctoresse après l’avoir d’abord envoyé promener « Merci, je veux un médecin, pas une fiancée ». Tandis que les deux marins se plaignent de ces étrangers qui sont si différents d’eux et ne savent même pas parler anglais, un homme les regarde avec un sourire au coin, leur apporte deux bières et leur glisse « En Russie, les étrangers, c’est vous ! ». Consternation de nos deux Anglais. » Il parle anglais ! Ils nous a traité d’étrangers ». Notre homme, un Russe qui s’appelle Ivan Kouzenstoff, éclate de rire et après quelques échanges, décide de leur raconter son histoire.

Flashback. 1939. Pendant son voyage, quand ses interlocuteurs apprennent qu’il se rend en Angleterre, ils le préviennent : « Les Lors et Ladies pensent que le monde leur appartient », « Ils n’ont aucun sens de l’humour », « Seules leurs petites boutiques les intéressent », « Leur cuisine vous tuera », « Le climat anglais vous tuera »,.. Et de fait quand Ivan débarque en Angleterre, il pleut, il fait froid et les gens sont désagréables.

Le lendemain de son arrivée, Ivan se rend chez l’armateur pour confier son modèle d’hélice et rentrer chez lui au plus vite. Les bureaux sont tout petit, le directeur n’est pas là… Heureusement, Yvan tombe sur une jeune femme Ann ( Penelope Dudley-Ward) qui est très particulière pour une Anglaise, elle rit ! Et en plus il s’agit de la petite-fille du directeur.

Ivan va devoir affronter le business à l’anglaise (le directeur connaît par coeur les heures de train dans toute l’Angleterre et semble à première vue peu passionné par son travail), les usages bizarres des Anglais (dominés par cet individualisme excentrique qui semble incompatible avec les valeurs russes du travail et de la communauté) et leurs codes sociaux imbuvables. Pour Ivan tout c’est un témoignage de décadence. Les différences sont irréconciliables. Même l’amour avec Ana semble impossible.

Et le jour de son départ il confie à un jeune ouvrier, Tom, à quel point il est désabusé :

Ivan : Ici, c’est mort.
Tom : Tandis qu’en Russie…
Ivan : Là-bas mon coeur rebattra.
Tom : Ce n’est pas si mort, un peu endormi peut-être.
Ivan : Quelque chose arrivera peut-être qui vous réveillera. Mais vous réveillerez-vous ?
Tom : Je ne sais pas. Peut-être.

Quand il doit retourner en Angleterre pour finir son travail sur son hélice deux ans plus tard, la situation a bien changé. L’Europe est occupée par les Allemands, et les Britanniques résistent encore, mais pour combien de temps ? Pendant son voyage, on lui dit que les Anglais sont affamés, que l’invasion de l’Angleterre n’est qu’une question de jours.

A sa grande surprise, quand il arrive il découvre non des Anglais abattus et affamés, mais des anglais opitimistes, solidaires, prêts à en découdre mais stoïques et décidés à continuer à vivre comme si de rien n’était. Ainsi la BBC vient enregistrer le chant des rossignols dans le jardin famillial, malgré le blitz en fond : « Rien n’arrête la BBC, blitz ou pas blitz ».

A la fin de ce deuxième séjour, l’avis d’Ivan va bien chagner :

« Je dois vous avouer que la moitié du monde pense que seul l’argent vous intéresse. Mais en fait, vous préférez un bon match de cricket, les rossignols ou le travail bien fait ! La plus grande partie de la planète pense que vous êtes perfides et hypocrites. Mais vous êtes chaleureux et gentils. Savez-vous pourquoi le monde pense ça ? Parce que vous le souhaitez ! Cela vous amuse. Cela satisfait votre redoutable sens de l’humour. Ce sens de l’humour qui semble être le guide indéféctible de vos vies. Si vous pouvez rire à la vie, et de vous-mêmes, vous pouvez être tolérants. Si vous riez, c’est que vous haïssez la persécution. Vous devez aimer le respect. Et plus que tout, la liberté ! Car il n’existe pas de rires sans liberté… »

Vous l’aurez compris, « The Demi-Paradise » est une comédie romantique de propagande qui s’adresse directement aux Russes, à leur tour attaqués par les Allemands, pour les assurer qu’il y a une compréhension possible entre l’Angleterre et la Russie et que les deux pays doivent luter ensemble contre leur ennemi commun. Manque de pot, « The Demi-Paradise » sortira en Angleterre en novembre 1943 et partout ailleurs après la Guerre.

Anthony Asquith (UndegroundPygmalion,…) livre une comédie efficace sur une recette comique bien connue : plongez un étranger dans une culture qui n’a rien à voir avec la sienne, secouez, et attendez les rires. Reste que le scénario d’Anatole de Grunwald (lui-même fils d’immigré russe qui a dû fuire la révolution bolchévique) est bien foutu, les dialogues mordants ! Le film bénéficie également d’un duo parfait : Laurence Olivier s’amuse comme un petit fou, avec son accent digne de Peter Sellers, et Penelope Dudley-Ward, future femme de Carol Reed, est excellente en jeune bourgeoise héritière qui va finalement aider Ivan à s’adapter à la société anglaise… et à elle !

Notons pour la petite histoire qu’en 1935 Asquith avait déjà dirigé Olivier et Dudley-Ward dans le film romantique « Moscow Nights » où Olivier jouait déjà un Russe qui s’appelait Ivan.

En France, « The Demi-Pardise » est disponible en DVD chez Elephant Films dans une copie de qualité tout à fait acceptable.

DVD zone 2 FR. Studio Elephant Films (2015). Version originale sous-titrée en français. Bonus : Présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (15′)

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