Un bon thriller avec Michael Caine et seul film anglais de Don Siegel. On aurait aimé un scénario plus réaliste et une réalisation plus tonique.
The Black Windmill (1974)
(Contre une poignée de diamants)
Réalisé par Don Siegel
Ecrit par Leigh Vance d’après le roman de Clive Egleton
Avec Michael Caine, Donald Pleasance, Delphine Seyrig,…
Directeur de la photographie : Ousama Rawi / Montage : Antony Gibbs / Direction artistique : Peter Murton / Musique : Roy Budd
Produit par Don Siegel
Thriller
Durée 103 mn
UK
Le fils d’un agent britannique du MI6, le Major John Tarrent, est kidnappé. En échange de la vie du garçon, les criminels demandent des diamants en possession des services secrets. Une fuite a eu lieu. iIl y aurait donc une taupe dans le MI6. La hiérarchie de Tarrent pense rapidement qu’il est impliqué dans l’affaire, d’autant que même dans un moment comme celui-ci il cache parfaitement ses émotions. Des soupçons qui prennent corps quand li MI6 trouve chez lui des documents compromettants. Tarrent comprend rapidement que sa hiérarchie ne compte pas payer la rançon et qu’il devra donc se débrouiller tout seul pour sauver son fils.
Réalisateur né en Angleterre, diplômé de Cambridge, Don Siegel fera pourtant la quasi intégralité de sa carrière aux USA où il s’envole à 20 ans. Après des années d’apprentissage en tant que monteur, il tournera nombre de films de commande qui deviendront pour certains de grands classiques. Il a magnifié Clint Eastwood (« L’inspecteur Harry », « L’évadé d’Alcatraz », « Les proies », « Sierra torride ») et a tourné un certain nombre de westerns (dont « le dernier des géants » avec John Wayne) et des films noirs (dont le fameux « The Killers » avec Lee Marvin). Il est aussi reconnu pour son film de série B de science fiction « L’invasion des profanateurs de sépulture ». Clint Eastwood, pas ingrat, dira que Don Siegel lui a tout appris du métier de réalisateur.
« The black windmill » (« le moulin noir »), réalisé en 1974, est son seul film anglais, réalisé vers la fin de sa carrière (il tournera encore six films jusqu’en 1982).
Michael Caine incarne un major du MI6 qui a un peu de mal à laisser transparaître ses sentiments – une déformation professionnelle (?) qui a causé sa séparation avec sa femme. C’est cette même réserve qui attirera en partie les doutes de sa hiérarchie. Pourtant Tarrent l’affirme à sa femme, « mes défauts sont notre seule chance de revoir notre fils vivant ». Voyant que ses supérieurs (et notamment Harper incarné par l’excellent Donald Pleasance) n’ont aucune intention de l’aider, bien au contraire, il décide de se débrouiller tout seul.
Le personnage de John Tarrent peut effectivement crisper et surprendre par sa froideur face aux évènements. Néanmoins Michael Caine a l’habitude d’incarner des personnages un peu hors norme : après tout ses rôles les plus célèbres de Harry Palmer à Alfie ne sont pas vraiment des figures héroïques à proprement parler. Mais il joue ici sûrement plus premier degré que dans d’autres films. Sa prestation dans « The Dark Windmill » est donc assez étonnante (quelques rares pointes d’humour humanisent un peu le personnage notamment quand il imite la voix d’Harper au téléphone, mais la relation avec sa femme est assez confuse et ne participe pas à l’humaniser malgré quelques baisers échangés – d’ailleurs on ne comprend pas très bien pourquoi il retourne vers elle plusieurs fois alors qu’il est en fuite).
L’intrigue comme la réalisation sont solides mais pas tout à fait exemplaires (on aurait aimé un scénario plus réaliste – John Tarrent fuit vers Paris avec une facilité incroyable) et une réalisation plus tonique (ce qui surprend quand on parle du réalisateur de « Dirty Harry » ! ). Le suspense en tout cas est bien présent, même si on s’attendrait à un final plus grandiose et à un pétage de plombs de Tarrent (à force de se retenir il va nous péter une durite!)… qui n’a jamais lieu.
En fait, avec sa retenue, Tarrent est presque trop Anglais, de la même façon que l’inspecteur Harry est une caricature d’une certaine Amérique. Le résultat est très loin d’être déshonorant (« The Black Windmill » demeure un bon film) mais on ne sent pas Don Siegel aussi à l’aise que dans ses meilleurs films américains.
DVD Universal Pictures France (2016). Audio en anglais. Sous-titres français. Aucun bonus.