Un classique des films de guerre maritimes produit par Ealing. Jack Hawkins est superbe d’humanité en commandant de corvette faillible.
The Cruel Sea (1953)
(La mer cruelle)
Réalisé par Charles Frend
Ecrit par Eric Ambler d’après le récit de Nicholas Monsarrat
Avec Jack Hawkins, Donald Sinden, John Stratton, Denholm Elliott, Virginia McKenna, Moira Lister,…
Directeur de la photographie : Gordon Dines
Produit par Leslie Norman pour Ealing Studios
Guerre
126mn
UK
« Le parcours d’un capitaine de corvette britannique (Jack Hawkins) et de son second (Donald Sinden), pendant la Seconde Guerre Mondiale. Escortant des convois, ils sont la cible des sous-marins allemands dans une lutte qui semble inégale… »
Le film relate l’histoire de la bataille de l’atlantique pendant la seconde guerre mondiale de 1939 jusqu’à l’armistice. Il est centré autour du commandant Ericson (Jack Hawkins), commandant d’une corvette, un navire d’escorte chargé de défendre les convois qui traversent l’Atlantique. Par la suite, Ericson, promu, prendra la tête d’un convoi.
« The Cruel Sea » est adapté du célèbre roman de l’ancien officier de la Royal Navy, Nicholas Monsarrat. Plus de 500 pages sont ici réduites en un film de deux heures. Ce dernier se présente comme un inventaire condensé de tout ce qui peut arriver en mer en temps de guerre : fausse alerte, chasse de l’ennemi ou tentative de lui échapper, naufrage, récupération des hommes en mer,… La grande majorité du temps, l’ennemi (principalement les terribles sous-marins U-Boot) reste totalement invisible renforçant le sentiment de peur constante qui pèse sur les épaules des équipages alliés.
On pourrait frôler l’indigestion, mais le scénario d’Eric Ambler (The Way Ahead et A Night to Remember) a la bonne idée de donner une large place aux personnages et à leurs ressentis. Les espoirs et les failles des personnages (surtout celui du commandant) sont bien exploités afin d’impliquer le spectateurs.
Le commandant Ericson (superbement interprété par Jack Hawkins qui trouve ici l’un de ses plus grands rôles) est un homme comme un autre, mais qui a la responsabilité de son navire, et doit souvent prendre des décisions, impliquant la survie de son équipage, en se fiant aux informations incomplètes dont il dispose, laissant une part prédominante à son instinct et à sa subjectivité. Quand les choses tournent mal, Ericson se sent responsable et manque à un moment tragique de sombrer dans l’alcool.
Le film montre que le commandant n’est pas un démiurge intouchable. Et Ericson devra son salut à l’appui à la compétence et l’engagement de son officier en second Lockhart (Donald Sinden) qui remplace avantageusement un sombre personnage qui manageait ses hommes à coup de sarcasmes (Stanley Baker). A travers ces deux seconds, très différents, le film montre bien aussi la difficulté d’adaptation des civils à la vie militaire.
Les scènes à terre, assez peu nombreuses mais nécessaires par la respiration qu’elle procurent, permettent également d’épaissir les personnages et ainsi renforcer notre identification… même si l’artifice est parfois un peu trop évident et ne fonctionne pas toujours très bien (ainsi le personnage de Morell interprété par un tout jeune Denholm Elliott et qui est cocufié par son actrice de femme).
Produit par Ealing Studios, « The Cruel Sea » est l’un des films de guerre maritime les plus efficaces de l’après-guerre. Le réalisateur s’est fait un peu la spécialité des films maritimes en signant toujours pour Ealing le film d’aventure « Scott of the Antartic » (1948) et la comédie « Barnacle Bill » (1957).
DVD zone 2 FR. Studio Canal (2012). Version originale sous-titrée en français et version française.