Adaptant un roman d’Henry James, le trio Ivory/Merchant/Prawer Jhabvala nous livre un mélo longuet avec des personnages horripilants

The Bostonians (1984)

(Les Bostoniennes)

Réalisé par James Ivory

Ecrit par Ruth Prawer Jhabvala d’après le roman de Henry James

Avec Christopher Reeve, Vanessa Redgrave, Madeleine Potter, Jessica Tandy, Nancy Marchand,…

Direction de la photographie : Walter Lassally / Production design : Leo Austin / Montage : Mark Potter Jr. et Katherine Wenning / Musique : Richard Robbins

Produit par Ismail Merchant

Drame / Romance

122mn

UK/USA

Verena Tarrent (Madeleine Potter) est une jeune défenseuse éloquente de la cause féministe. Utilisée comme monstre de foire par des parents peu scrupuleux, elle attire l’attention d’une vraie féministe Olive Chancelor (Vanessa Redgrave) qui désire la prendre sous son aile et la « rachète » à ses parents. Mais Verena attire aussi les hommes, dont Basil Ransom (Christopher Reeve), un jeune avocat qui a grandi dans le sud et est un fervent défenseur des valeurs patriarcales.

Au grand dam d’Olive qui le méprise, et malgré leurs idées opposées, Vanessa et Basil se fréquentent… jusqu’à ce que Basil déclare son amour à Verena.

Le trio James Ivory (à la réalisation), Ismail Merchant (à la production) et Ruth Prawer Jhabvala (au scénario) s’était déjà attaqué à un roman de l’écrivain américain Henry James, « The Europeans » (1979). Cinq ans plus tard, les voici de retour avec « The Bostonians », roman de 1886 qui a pour toile de fond le développement du mouvement féministe en Nouvelle Angleterre.

Un thème qui pourrait avoir encore un écho aujourd’hui. Mais quel que soit le contenu du livre d’Henry James (que je n’ai pas lu), le moins qu’on puisse dire c’est que le film qui en est tiré n’est pas une franche réussite.

Là où on attendrait une une étude des moeurs et une observation fines, on se retrouve en fait avec un trio amoureux où une féministe et un conservateur, tous deux radicaux, se disputent les faveurs d’une jeune femme très impressionnable. Qui gagnera ? Le suspense n’est pas vraiment des plus poignants. Olive et Basil sont bien trop caricaturaux et agaçants, on rêverait que Verena prenne du plomb dans le cerveau et s’émancipe. Il n’en sera rien (ce qui rend la fin assez insupportable). Ajoutez à cela que les sous-entendus lesbiens de la relation entre Verena et Olive sont lourdingues et répétés à longueur de scènes, et vous avez un résultat d’une surprenante lourdeur pour un film de James Ivory.

L’ensemble durant bien 30 minutes de trop, le spectateur n’a pour patienter que la beauté des décors, des costumes et de la photographie – les qualités de production qui ont fait en partie la renommée des films Ivory-Merchant sont bien présentes.

Le casting est osé. Le film repose largement sur le trio central. Si Ivory joue la sécurité avec Vanessa Redgrave, il fait un pari audacieux en recrutant Christopher Reeve (qui sortait tout juste de « Superman III ») et une jeune inconnue qui signait ici ses débuts sur grand écran, Madeleine Potter. Les acteurs se débrouillent comme ils peuvent avec leurs personnages engoncés. Disons que leurs personnages sont plus médiocres que leurs prestations (encore que l’accent sudiste de Christopher Reeve est quand même un peu ridicule).

Heureusement pour nous James Ivory & co retrouveront leurs esprits et enchaineront avec deux de leurs meilleurs films tournés en commun, tirés cette fois-ci d’E.M. Forster, « A Room with a View » (1985) et « Maurice » (1987).

Etrangement, « The Bostonians », qui n’est certainement pas le film de référence du trio sous-nommé, a été choisi pour faire l’ouverture de la première retrospective que la Cinémathèque française a consacré à James Ivory, en janvier 2020. Quel choix surprenant !

DVD zone 2 FR. Studio TF1 (2007). Version originale sous-titrée en français et version française