Un thriller efficace, quasi documentaire, en hommage à la police londonienne.

The Blue Lamp (1950) de Basil Dearden

The Blue lamp (1950)

(la lampe bleue)

Réalisé par Basil Dearden

Ecrit par Ted Clarke

Avec Jack Warner, Dirk Bogarde, Jimmy Hanley, Robert Flemyng, Peggy Evans

Directeur de la photographie Gordon Dines

Produit par Michael Balcon pour Ealing Studios

Thriller / Drame

84 mn

UK

George Dixon (Jack Warner) est un « Bobby » qui arpente les rues de Londres depuis 25 ans pour faire régner l’ordre. Il prend sous son aile un jeune policier Andy (Jimmy Hanley). Tous deux vivent au quotidien le rôle de protection, souvent répétitif, affecté aux bobbies. Mais leur chemin va bientôt croiser celui de Tom Riley (Dirk Bogarde), jeune délinquant violent qui décide de se lancer dans les vols armés avec son complice Alf (Frederick Piper).

Le film affiche d’emblée son parti pris. Dès le générique on nous apprend que le film est dédicacé à la police britannique et une voix off nous annonce que le bobby est le meilleur rempart contre la criminalité et la délinquance dans la Grande Bretagne de l’immédiat après guerre. L’absence totale de musique, les nombreuses séquences sur la vie au quotidien des policiers de proximité britanniques donne au film un ton documentaire revendiqué et très novateur pour l’époque.

« The Blue Lamp » peut aussi se targuer d’être le premier film a être réalisé avec la coopération de la police londonienne. Du coup, la production a pu filmer dans les lieux réels et non en studio (notamment la station de police de Paddington Green et les locaux du New Scotland Yard). C’est là aussi un facteur de réalisme non négligeable.

Enfin, dernier vecteur d’authenticité, le scénario a été écrit par l’ex-policier Ted Clarke, scénariste chevronné qui par ailleurs va jouer un rôle important dans l’orientation des studios Ealing d’après guerre (il va notamment signer « Passport to Pimilco » et « The lavender hill mob »). Car même si « The Blue Lamp » n’est pas une comédie, nous sommes bien dans un film Ealing d’une trempe classique. Les petites gens sont mises en avant, les héros ordinaires sont célébrés et l’ordre établi n’est guère contesté (la principale audace de « The Blue lamp » sera d’être le premier film a utiliser le mot « bastard »).

La mise en scène très efficace est due à un réalisateur dont je vous ai beaucoup parlé sur ce site, le très talentueux Basil Dearden. S’il ne s’agit pas du film le plus personnel de ce dernier, il annonce sous quelques aspects le bien plus engagé et impressionnant « Pool of London » qui sortira l’année suivante, notamment dans le traitement dynamique des scènes d’action. Dearden sait également diriger ses acteurs, et Dirk Bogarde nous signe ici une jolie prestation de délinquant sur la brèche qui va se transformer en tueur. Un rôle sacrément différent de celui du sympathique étudiant en médecine qui va le rendre immensément célèbre quatre ans plus tard dans « Doctor in the house« .

Très gros succès à sa sortie, « The blue lamp » se regarde très bien encore aujourd’hui même si le regard qu’on porte sur la police a de nos jours bien changé et que tourner un tel film serait juste impossible.

On se prend rapidement de sympathie pour ce brave George Dixon, et ce n’est que justice si le succès du film l’a aidé à réssussiter pour engendrer l’une des premières adaptations télévisées du cinéma. Le PC George Dixon (toujours interprété par Jack Warner) va ainsi poursuivre ses aventures dans la série « Dixon of Dock Green » au fil de 432 épisodes entre 1955 et 1976. Avec la même ambition. Faire partager le quotidien d’un simple flic, qui n’est qu’un homme comme les autres, transformé par son métier et sa vocation en héros ordinaire.

DVD Studio Canal. Version originale. Aucun sous-titre.