Basé sur une histoire vraie, un thriller atypique, éprouvant mais sobre, à découvrir.
The Black Panther / La panthère noire (1977)
Réalisé par Ian Merrick
Ecrit par Michael Armstrong d’après le traitement original de Joanne Leighton
Avec Donald Sumpter, Debbie Farrington, Marjorie Yates,…
Directeur de la photographie : Joseph Mangine
Musique : Richard Arnell
Produit par Ian Merrick pour Impics Productions
Crime / thriller
UK
Donale Neilson (Donald Sumpter) est un ancien militaire aujourd’hui reconverti dans le braquage de bureaux de poste. Il décide de passer à la vitesse supérieure et d’enlever une jeune héritière afin de d’obtenir une rançon de 50.000 £.
« The Black Panther » relate l’histoire vraie de Donald Neilson (Donald Sumpter), ennemi public n°1 surnommé « la panthère noire » par la presse, braqueur, meurtrier et auteur d’un rapt qui choqua l’Angleterre dans le milieu des années 70… Production indépendante de Ian Merrick, la sortie du film sera annulée après des premières projections qui soulevèrent la polémique.
D’abord photographe à Londres, Ian Merrick s’est initié à la production cinématographique aux USA auprès du réalisateur et producteur américain Barry Mahon. De retour au UK en 1976 alors que le cinéma britannique est encore une fois dans un état moribond, il est bien décidé à appliquer les méthodes du cinéma guérilla apprises aux USA. Son but est de montrer qu’on peut réaliser et produire un film pour la modique somme de 100.000 £. Fan de The Collector de John Fowles (adapté au cinéma en 1965), il veut produire un film sur un jeune homme dérangé, ancien militaire, qui devient un tueur, guidé par un sens moral supérieur.
Merrick monte sa propre société de production et commence un jeu de bluff, se lançant dans la préparation du film malgré l’absence de scénario fini et du moindre financement. Las, il n’arrive à trouver aucun support financier. Il décide d’abord de négocier un contrat de distribution. Il contacte Alpha Films dont il avait distribué des films aux USA qui accepte s’il re-concentre l’histoire sur un fait divers réel : l’histoire du tueur Donald Neilson, dont le procès était alors en cours.
Merrick accepte. Après tout, Neilson est un ancien militaire reconverti dans le braquage et la délinquance. Il n’est pas si loin de son scénario original. Mais conscient des risques de tomber dans le voyeurisme et l’opportunisme, Merrick embauche un scénariste en accord avec sa vision : Michael Anderson (qui a signé alors quelques films d’horreur et comédies pseudo-érotiques). Anderson et Merrick sont bien décidés à s’en tenir aux faits et font un long travail de recherche et d’interviews.
Le résultat ? « The Black Panther » est un film étonnamment sobre. Peu ou pas d’effets sensationnalistes. Le parcours de Neilson est montré de façon très terre à terre et reste largement centré sur le personnage et ses failles. Chez lui, Neilson est un tyran odieux avec sa femme et sa fille. Il passe la majeure partie de son temps enfermé dans son bureau où il rassemble ses souvenirs de l’armée, fait des exercices physiques et prépare minutieusement ses braquages.
Le problème de Neilson c’est la différence entre la théorie et la réalité. Une fois sur le lieu de braquage, dès que le moindre imprévu survient, Neilson panique et s’énerve, précipitant un dénouement sanglant devenu inévitable.
Beaucoup de choses sont suggérées sans être montrées. On en sait assez peu sur le passé de Neilson et les raisons qui l’ont poussées à se lancer dans la criminalité. On devine un profond déséquilibre, un égocentrisme exacerbé (il a un miroir en face de son bureau et conserve précieusement les coupures de presse de tous ses méfaits). Neilson, de plus misogyne et raciste, provoque juste de la pitié et du dégoût.
Après les braquages ratés, le film s’intéresse à l’enlèvement d’une jeune héritière par Neilson. L’événement et le dénouement tragiques sont là aussi montrés avec sobriété et la responsabilité de la police et de la presse ne sont pas esquivées sans pour autant devenir le sujet central.
Le film se conclut sur un dénouement pathétique mais à la dimension du personnage, ridicule jusqu’à la fin. Et c’est vraiment grâce au talent de Donald Sumpter, incroyable dans le rôle de Neilson, que ce personnage est crédible jusqu’au bout malgré toutes ses tares.
En dépit des précautions prises par Merrick et Armstrong, le film sorti dans quelques villes anglaises (avant une distribution prévue dans 300 cinémas britanniques) créé la polémique. La presse et les politiques s’en prennent au film, accusé d’opportunisme et de voyeurisme (le procès de Neilson s’est achevé quelques mois auparavant par une condamnation à la prison à vie). Après des incidents à Birmingham, « The Black Panther » est finalement interdit de projection à Hull par la municipalité et la distribution au niveau national est annulée. Quelle ironie !
Le film, introuvable depuis longtemps, a été restauré et édité en 2012 en combo DVD/Bluray par le BFI dans la mythique collection BFI Flipside. En mai 2016, un éditeur français UFO Distribution a eu la bonne idée de le distribuer sur notre territoire (DVD seulement).
« The Black Panther » est un thriller atypique, éprouvant mais sobre, à découvrir.
DVD zone 2 FR (sortie mai 2016). Studio UFO Distribution. Version originale avec sous-titres français et version française. Livret de 16 pages