Un documentaire dur, parfois glauque, sur la vie de la dramaturge Andrea Dunbar, sa famille et le quartier populaire de la banlieue de Bradford où elle a vécu

The Arbor (2010)

Réalisé par Clio Barnard

Avec Manjinder Virk, Christine Bottomley, Natalie Gavin, Kathryn Pogson, Jonathan Jaynes, Robert Emms,…

Directeur de la photographie : Ole Bratt Birkeland / Production design : Matthew Button / Montage :Nick Fenton et Daniel Goddard

Produit par Tracy O’Riordan

Documentaire

94mn

UK

The Arbor est un documentaire sur la dramaturge Andrea Dunbar, sur ses filles (Lorraine et Lisa) et sur l’évolution du quartier de Buttershaw à Bradford où elles ont toutes grandi.

Bradford fait parte de ces villes du nord de l’Angleterre frappées de plein fouet par la crise industrielle et la politique Thatchérienne. L’industrie textile s’est effondrée et les quartiers populaires, comme Buttershaw, ont connu une crise sociale violente. Andrea Dunbar a été l’âme du quartier, écrivant des pièces inspirées de sa vie, de sa famille et de ses voisins. Elle a écrit sa première pièce « The Arbor » (1980) à 18 ans. Deux autres suivront « Rita, Sue and Bob Too » en 1982 (qu’elle a adapté en film cinq ans plus tard pour Alan Clarke) et « Shirley » (1986). Mère de trois enfants, elle est morte en 1990 à l’âge de 29 ans d’une hémoragie cérébrale.

Andrea Dunbar n’a pas eu une vie facile, n’était pas une bonne mère et buvait trop. Sa fille ainée Lorraine qui par la suite s’est droguée et prostituée, raconte avec rancoeur cette vie brisée alors que Lisa regrette qu’on juge sa mère et reproche à sa demi-soeur de reporter sur erreur sur sa mère.

Pour raconter ces histoires, la réalisatrice Clio Barnard décide d’adopter une forme originale. Elle fait jouer les réponses des différents témoins par des acteurs qui parlent face à la caméra dans une mise en scène léchée. Ses séquences sont accompagnées d’extrait de documentaires où l’on voit Andrea et également d’extraits de sa pièce « The Arbor » jouées par d’autres acteurs en exérireur dans la rue même où Andrea a grandi.

Le résultat est original, on est à la limite entre documentaire et la fiction sans être dans un docufiction classique (ici les dialogues sont censés être scrupuleusement authentiques, les acteurs se limitant à prêter la voix – et leur interprétation quand même – aux personnes interviewées par Barnard). En quête de vérité, la réalisatice donne la voix à plusieurs témoins pour dresser une vue aussi juste que possible d’Andrea Dunbar, de sa famille et du quartier.

C’est un exercice complexe, audacieux et relevé avec talent par Clio Barnard. Mais l’interprétation et la mise en scène rajoutent dans l’aspect dramatique et parfois glauque. « The Arbor » est sombre et la charge reste très lourde pour Andrea Dunbar même si les propres drames de sa vie (mort d’un frère, père alcoollique, conjoints violents) sont bien exposés. Mon sentiment trouble sur « The Arbor » est en partie dû au fait que Barnard donne surtout la parole à Lorraine, sa fille ainée qui reste la plus remontée contre sa mère et qui a eu un chemin de vie particulièrement douloureux.

Barnard est bien décidé de ne pas baisser les yeux face aux situations les plus dures. Elle suivra la même stratégie dans son premier long de fiction « The Selfish Giant » (2013°. J’aurais tendance à y voir une certaine complaisance, j’avoue que son traitement – qui se veut sans concession – me met parfois mal à l’aise.

DVD UK. Studio Verve Pictures (2011). Version originale avec sous-titres optionnels en anglais. Bonus : trailer, court métrage « Road Race », livret 12 pages