Une comédie sociale brute de décoffrage signée Ken Loach, ça ne se refuse pas !
La part des anges

The Angels’ Share (2012)

(La part des anges)

Réalisé par Ken Loach

Ecrit par Paul Laverty

Avec Paul Brannigan, John Henshaw et Gary Maitland

Produit par Rebecca O’Brien

Comédie sociale

101 mn

UK / France / Belgique / Italie

 

A Glasgow, Robbie (Paul Brannigan), tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Henri (John Henshaw), l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky !

Il faut bien 30 mn pour s’en rendre compte mais il s’agit non d’un drame social sur la violence et des jeunes exclus du système, condamnés à des peines d’intérêt général, mais d’une comédie sur fond social. Genre où Ken Loach s’aventure assez peu malgré le fait indéniable qu’il y a souvent des moments drôles mais dans les films les plus sombres du réalisateur. Enfin, sombre… Chez Loach on n’est pas dans du misérabilisme social. Il y a toujours une pointe d’humour, une lueur d’espoir et beaucoup d’humanité.

C’est le cas dans « Angel’s share » où, pour leur dixième collaboration, Ken Loach et son scénariste Paul Laverty dressent une galerie de portraits de marginaux bruts de décoffrage mais attachants. On peut regretter toutefois que, en dehors de Robbie, les autres personnages ne soient pas assez approfondis.

Le jeune Paul Brannigan (Robbie), dont c’est ici le premier film et qui endosse le rôle principal, n’est pas sans rappeler Robert Carlyle, lui-même révélé par « Riff-Raff » (1991), une autre comédie sociale signée Ken Loach. On retrouvera bientôt Paul Brannigan dans « Under the skin », un film de SF de Jonathan Glazer (Sexy Beast, 2000) avec Scarlett Johansson.

A noter que le casting d’inconnus est habilement renforcé par deux vieux de la vieille qu’on retrouve toujours avec plaisir : John Henshaw et Roger Allam.

Le titre du film est une référence habile à la part d’alcool qui s’évapore dans l’air pendant son vieillissement en fût, mais aussi aux jeunes eux-même qui constituent la part de la société, dispensable, qui s’évapore dans le néant de leur vie. Un titre à double tranchant tout comme l’humour, forcément engagé, de Ken Loach. Je trouve toujours vivifiant une histoire sur la délinquance sans leçon de morale. Si Robbie finira par obtenir une forme de rédemption, ce ne sera pas en choisissant la voie de l’honnêteté. Chez Loach, on n’est jamais chez les bisounours, même dans une comédie.

DVD et Blu-Ray France Télévisions Distribution. Version française et version originale sous-titrée.