Un documentaire coup de poing sur le réchauffement climatique qui fête ses dix ans et qui permet de mesurer le temps perdu ! Glaçant ou brûlant (sauf pour les climatosceptiques)

L'âge de la stupidité - 2009

The Age of Studid (2009)

(L’âge de la stupidité)

Ecrit et réalisé par Franny Armstrong

Avec Pete Postlethwaite, Jehangir Wadia, Alvin DuVernay,…

Direction de la photographie : Lawrence Gardner / Montage : David G. Hill / Musique : Chris Brierley

Produit par Lizzie Gillett

Documentaire / Science-fiction

89mn

UK

L’évolution résumée en moins d’une minute puis des images de la terre en 2055. Londres sous l’eau, Las Vegas sous le sable, l’opéra de Sidney en feu,…

L’archiviste (Pete Postlethwaite) vit seul dans une grande tour au milieu de l’océan, à 800km des côtes norvégiennes. Dans cet immense entrepôt sont stockés toutes les œuvres d’art jadis stockées dans des musées nationaux, des animaux conservés dans du formol ainsi que des banques de données regroupent tous les films, livres et rapports scientifiques jamais produits.

« Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est le résultat du comportement que nous avons eu jusqu’en 2015 En d’autres termes, nous aurions pu réagir… mais ne nous l’avons pas fait. »

Dans sa quête pour tenter de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là, l’archiviste va sélectionner un certain nombre d’interviews et d’archives d’actualité que nous allons visionner avec lui.

« The Age of Stupid » est un documentaire glaçant sur l’état de la planète qui se concentre autour de portraits quelques personnes interviewées par la réalisatrice anglaise Franny Armstrong. Il y a ainsi Jeh Wadia, entrepreneur indien qui a lancé en 2005 la compagnie aérienne low-cost Go Air; Fernand Pareau, un guide des montagnes vivant dans les Alpes et se bâtant contre le trafic routier à travers le tunnel du Mont Blanc, Piers Guy un spécialiste anglais des éoliennes qui doit lutter contre l’opposition de la population locale qui trouve qu’elles détruisent le paysage ; Alain DuVernay, un habitant de New Orléans qui a tout perdu avec le passage de l’ouragan Katrina, travaille pour une compagnie pétrolière, mais se décrit comme un écologiste ; Layefa Malini, une Nigériane qui vit dans un petit village pauvre situé près d’un puits de pétrole exploité par Shell rêve de devenir médecin et d’avoir une vie à l’américaine.

Amstrong réalise ici un documentaire coup de poing dans la pure tradition du documentaire politique engagé. Elle en avait déjà réalisé plusieurs qui ont obtenu un certain retentissement : « McLibel » (2005) contre McDonald ou « Drowned Out » (2002) contre le barrage sur le fleuve indien de Narmada.

Allant jusqu’au bout de sa logique, Armstrong a voulu que son film soit indépendant. « The Age of Stupid » a été financé par crowdfunding et diffusé via son propre réseau de distribution (Indie Screeninigs). Tout cela bien entendu en calculant le bilan carbone du film, de sa fabrication à sa diffusion.

En voyant « The Age of Stupid », on pense notamment au Michael Moore de « Roger & me » (1989) sauf que Armstrong ne se met pas en avant – on ne la voit jamais – et ne provoque pas ses interviewés (d’ailleurs on entend que les réponses, jamais les questions). Par contre elle montre les contradictions de chacun et montre comment la surconsommation et le modèle capitaliste entrent en confrontation directe avec toute tentative d’action pour la préservation de l’environnement. Un discours aujourd’hui tenu par tous les activistes et bien relayé même si les effets sur les comportements (que ce soit au niveau gouvernemental, économique ou individuel) restent très limités.

Il est assez effrayant de constater que dans « The Age of Stupid », on fixe la date limite pour changer notre comportement à 2015. Alors qu’on est en 2019, quatre ans plus tard, et dix ans après la sortie du film, on en est toujours au niveau de l’éveil des consciences. Aucune des grands-messes environnementales organisées au niveau mondial n’a donné lieu à des mesures contraignantes, juste à des expressions de « bonne volonté ».

Évidemment, « The Age of Stupid » a les qualités et les défauts du documentaire engagé. Il aligne les chiffres et les images (sans prendre le temps d’en donner les sources et sans aucune forme de contradiction) Il ne fera probablement que convaincre ceux qui sont déjà convaincus ou qui de toute façon sont sensibles au sujet. Les « climatosceptiques » crieront pour leur part à la propagande !

Pour le dixième anniversaire du film, The Guardian a publié une vidéo où Armstrong fait le point sur la situation depuis la diffusion de son documentaire en allant retrouver certaines personnes qu’elle avait interviewées à l’époque. Autant vous dire, l’espoir s’amoindrit de jour en jour…

Pour ceux qui veulent voir le film, « The Age of Stupid » est disponible sur Amazone Prime Video (oui je suis conscient de l’ironie de la chose vu qu’Amazon est le parfait exemple de la surconsommation dénoncée par le film) ou en DVD/blu-ray édition anglaise (avec des sous-titres anglais je crois – mais je n’ai pas pu vérifier). Étrangement je n’ai pas trouvé d’édition française…