Premier film de Mike Figgis, un film noir avec une ambiance jazzy très agréable et un regard intéressant sur l’influence américaine et l’invasion de l’ultra libéralisme au UK
Stormy Monday (1988)
(Un lundi trouble)
Ecrit et réalisé par Mike Figgis
Avec Sean Bean, Melanie Griffith, Tommy Lee Jones, Sting, Alison Steadman, …
Directeur de la photographie : Roger Deakins
Produit par Nigel Stafford-Clark pour Atlantic Entertainment Group, British Screen Productions, Film Four International
Thriller / romance / Film noir
93mn
UK/USA
Un homme d’affaire américain Cosmo (Tommy Lee Jones) est bien décidé à s’implanter à Newcastle afin d’importer le rêve américain et éventuellement de blanchir son argent sale. Il réussit à persuader la mairie d’organiser une semaine américaine. Mais Finney (Sting), propriétaire d’un club local de jazz, fait de la resistance.
« Stormy Monday » est le premier film et l’un des plus intéressants du réalisateur Mike Figgis, qui a grandi à Newcastle où se déroule le film. C’est aussi l’un des premiers films de Sean Bean qui sortait de « Caravaggio » de Derek Jarman.
On y voit déjà une relation d’amour haine envers les USA qui va marquer la carrière de Mike Figgis. Dans « Stormy Monday », il se montre fasciné par la culture américaine (le jazz et le blues) mais foncièrement méfiant envers le capitalisme mafieux, l’un des revers du miracle américain et représenté à l’écran par l’odieux personnage de Cosmo (Tommy Lee Jones) et en train de prendre pied en Grande Bretagne grâce à l’appui de Margaret Thatcher.
Figgis en profite pour envoyer des piques à l’establishment britannique (incarné à l’écran par la brillante Alison Steadman en copie à peine cachée de Thatcher) fasciné par le mirage économique et prêt à tout pour en profiter (quel que soit le coût moral et humain).
L’histoire est intéressante par sa métaphore sur l’état de l’Angleterre dans les années 80 (même si elle ne brille pas par sa clarté – j’ai du mal à comprendre par exemple l’obsession de Cosmo pour le club de de jazz de Finney) et les personnages auraient gagné en épaisseur (le couple principal formé par Sean Bean et Melanie Griffith est très sympathique mais assez transparent).
Mais quelle ambiance ! Le film bénéficie d’une photo sublime due à Roger Deakins (1984, Fargo, Skyfall,…). Si vous rajoutez une bande originale qui compte du jazz contemporain, Ottis Redding et BB King, vous avez déjà un film qui ne peut pas être mauvais et qui a pas trop mal vieilli !
D’abord conçu comme un film à petit budget, « Stormy Monday » a reçu l’attention de producteurs américains qui ont alors proposé de revoir le casting pour y intégrer deux stars US pas trop chères : Tommy Lee Jones et Melanie Griffith. Bonne pioche, cette dernière recevra cette année là un Oscar pour « Working girl » attirant l’attention sur « Stormy Monday ».
Le film va d’ailleurs connaitre une préquelle en 1994 dans le cadre d’une mini série d’ITV intitulée « Finney » et qui raconte les débuts du propriétaire du propriétaire du club de jazz (incarné sur grand écran par Sting et sur petit écran par David Morrissey).
Suite au succès de « Stormy Monday », Mike Figgis partira faire une partie de sa carrière aux US (Mr Jones, Leaving Las Vegas, One Night Stand), une période difficile qui le dégouttera du système hollywoodien. Suite à une certaine désillusion, il montre un intérêt grandissant pour un cinéma différent (l’ambitieux « Timecode » en 2000) et a été l’un des pionniers de la caméra numérique et un grand défenseur du cinéma indépendant (il est l’un des parrains du réseau social des cinéastes indépendants « Shooting People » fondé en 1998).
[xrr rating=7/10]
DVD zone 2 FR. Studio TF1 Vidéo. Version originale avec sous titres français.