« Sitting Target » est-il un concurrent sérieux de « Get Carter » au titre de thriller culte britannique des 70s?
Sitting Target

Sitting Target (1972)

(La Cible hurlante)

Réalisé par Douglas Hickox

Ecrit par Alexander Jacobs d’après le roman de Laurence Henderson

Avec Oliver Reed, Ian McShane, Jill St John,…

Directeur de la photographie : Edward Scaife

Produit par Barry J. Kulick

Thriller

93 mn

UK/USA

Harry Lomart (Olivier Reed) est en prison pour un bon bout de temps. Mais quand sa femme Pat (Jill St John) vient lui dire qu’elle attend l’enfant d’un autre et qu’elle demande le divorce, il devient fou. Aidé par son ami Birdy (Ian McShane), il s’évade avec une seule idée en tête : tuer sa femme et son amant.

Sitting Target (affiche)Sorti un an après « Villain » et « Get Carter« , ces deux champions du thriller glauque et sans concession à l’anglaise, « Sitting Target » est passé inaperçu à l’époque et est loin d’avoir aujourd’hui la même reconnaissance critique. Largement tombé dans l’oubli, il n’a même pas bénéficié d’une réédition en DVD digne de ce nom. Pour l’instant (en juin 2013) il n’est disponible que dans la collection Warner Archive aux USA.

C’est en parcourant « Offbeat », l’anthologie de Julian Uptown sur les joyaux oubliés du cinéma britannique de séries B à Z (Headpress, 2012), que je suis tombé sur sa critique toute en louanges de « Sitting target » qui serait au moins selon ses dires l’égal de « Get Carter« . Il n’en fallait guère plus pour piquer ma curiosité !

Pour ce qui est de la mise en scène, on est assez proche de la photo crado-réaliste de « Get Carter », et la violence est bien omniprésente,  basée sur le même concept concept simple : la revanche est un plat qui se mange chaud.

Oliver Reed joue Harry Lamart, un criminel sans âme qui cogne et tue comme on se fait un café le matin au réveil – bref avec un automatisme déconcertant-, et qui a une drôle de relation avec le sexe faible. Bref il n’a rien à envier au personnage de Carter en termes de potentiel d’humanité. Le fait que Harry, contrairement au solitaire Carter, ait un sidekick suave et vicieux à souhait répondant au doux nom de Birdy (interprété par Ian McShane, déjà remarqué l’année précédente dans « Villain ») fait encore plus ressortir la rudesse de Harry, mais n’aide finalement pas à le comprendre.

Là où le personnage de Jack Carter, interprété par un Michael Caine impérial, arrivait à créer une certaine connivence avec le public, Harry Lamart, joué par un Oliver Reed pas complètement crédible, semble juste pathétique et incompréhensible dans sa quête de revanche.

Il faut dire que la quête de Jack Carter (élucider et venger la mort de son frère) est nettement plus compréhensible pour le commun des mortels que celle d’Harry qui a pour seul objectif de tuer la femme qui veut le quitter. Et si le twist final (qui tombe comme un cheveu dans la soupe) change la donne, il ne rend que plus pathétique le personnage d’Harry. Et pas plus sympathique ou compréhensible.

La réalisation d’Hickox est loin d’être honteuse (avec vraiment de beaux moments – comme la séquence dans le parloir au début du film) mais ne vaut pas celle de Mike Hodges, et même les quartiers les plus sordides de Londres ne valent pas Newcastle. Néanmoins le film bénéfice de belles séquences qui valent leur pesant de cacahuètes, notamment la séquence où Harry se cache de deux motos de flics dans un labyrinthe de linge blanc.

Difficile pour moi de départager ceux qui voient en « Sitting Target » le joyau négligé du cinéma britannique des 70s et ceux qui voient en lui un film maladroit où Oliver Reed interprète un monolithe sans aucune finesse (1). Peut-être que la vérité est entre les deux. Sans pouvoir prétendre atteindre le niveau d’un « Get Carter », « Sitting Target » vaut mieux que l’oubli dans lequel il est tombé.

A noter que le scénariste Alexander Jacobs avait signé le scénario d’un autre film sévèrement burné « Point Blank » (1967), film américain culte signé par l’anglais John Boorman.

DVD NTSC Warner Archive. Version originale. Sans sous-titres.

(1) voir une critique très détaillée et intéressante du film comme illustration de la carrière cinématographique gâchée d’Oliver Reed (!) ici en anglais.