Une romance sous héroïne qui raconte l’auto destruction d’un couple devenu mythique. Une jolie prestation de Gary Oldman mais quelques partis pris dérangeants..
Sid and Nancy (1986)
(Sid & Nancy)
Réalisé par Alex Cox
Ecrit par Alex Cox et Abbe Wool
Avec Gary Oldman, Chloe Webb, David Hayman, Andrew Schofield,…
Direction de la photographie : Roger Deakins / Direction artistique : J. Rae Fox / Montage : David Martin / Musique : Dan Wool
Musique / Drame / Romance
112mn
UK
Sid Vicious (Gary Oldman) est le bassiste des Sex Pistols, groupe de punk emblématique. Elément borderline du groupe, il tombe amoureux d’une jeune Américaine, camée, Nancy (Chloe Webb). Leur liasion amoureuse va plonger Sid dans un chaos auto destructeur.
Sid Vicious rejoint le groupe Sex Pistols au début de 1977 pour remplacer leur bassiste Glen Matlock qu’ils viennent de virer. Les Sex Pistols, groupe emblématique du punk, ont été fondé deux ans plus tôt sous l’impulsion du manager Malcolm McLaren avec dans le rôle du leader Johnny Rotten.
Vicious ne restera qu’un au sein des Sex Pistols, car Johnny Rotten annoncera la dissolution un an plus tard. Il participera à peine à l’enregistrement de leur seul album « Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols ». Pourtant il en reste le membre le plus connu après Rotten. Sa légende s’est aussi bien construite sur sa présence sur scène, sa violence (infligée sur lui-même mais également sur les autres) que sur son comportement auto-destructeur qui mènera fameusement à la mort de Nancy (morte poignardée le 12 octobre 1978 dans le fameux Chelsea Hotel à New York) et son propre décès en février 1979 pour overdose à l’âge de 22 ans lors de la fête de célébration de sortie de prison.
Alex Cox s’intéresse ici au couple formé par Sid et Nancy. Le film s’ouvre sur leur rencontre et se finit par la mort de Nancy. Entre les deux, nous assistons à une lente descente aux enfers où nos Romeo et Juliette héroïnomanes se détruisent mutuellement, aussi rapidement que sûrement.
Sorti seulement 7 ans après la mort de Sid Vicious, le film a des partis pris qui peuvent déranger. Vicious y est montré comme la victime de Nancy, espèce de monstre hystérique et drogué, qui finit de plonger un Vicious, déjà pas très solide dans les abîmes de la drogue. De même le décès de Nancy est montré dans le film comme accidentel (c’est la version de Sid lui-même).
De même, on peut estimer que Gary Oldman et Chloe Webb sont en roue libre. Si Oldman, au début de sa carrière mais déjà expérimenté, s’en tire sans trop de dégâts, on ne peut pas en dire autant de l’Américaine Chloe Webb, ici dans son premier rôle au cinéma, qui est rapidement horripilante ! Webb aura au moins l’occasion de se racheter l’année suivante dans « The Belly of an Architect » (Le ventre de l’architecte, 1987) de Peter Greenaway, qui restera le sommet de sa carrière d’actrice. On a vu pire.
On peut également reprocher au film de s’appesantir sur de longues séquences où les deux amoureux sombrent dans un coma qui devient quasiment permanent. Les drogues jusqu’au bout dans sa logique la plus autodestructrice. Mais cela correspondait sûrement à la réalité de cette liaison. La mère de Vicious parlera par la suite d’un pacte de suicide entre les deux amants. De même la fin propose une lecture sentimentale de leur relation qu’on peut ou non apprécier.
Mais on aurait pu avoir bien pire et « Sid & Nancy » reste un film vraiment intéressant (à mon avis). Selon Alex Cox, on a échappé au pire. Une version hollywoodienne avec Madonna et Rupert Everett était alors en préparation !
Si vous recherchez une description objective de l’univers punk et des Sex Pistols, il vaut mieux se pencher sur le documentaire de Julien Temple » The Filth and The Fury » (2000). Les autres figures, pourtant centralles telles Rotten et MacLarren, et le contexte de l’époque restent secondaires par rapport à l’histoire principale qui est celle de Sid et Nancy.
Alex Cox, réalisateur né à Liverpool, signait ici son deuxième film après la comédie SF américaine « Repo Man » (1984) qui a décroché avec les années une aura culte. Le reste de sa carrière, mené entre les USA et la Grande Bretagne, se concentre (pour l’instant) sur le cinéma de genre à petit budget, parfois très réussi et quelques clips (pour The Pogues) mais aussi un documentaire sur Kurosawa.
DVD FR. Studio Canal (2006). Version originale sous-titrée en français et version française.