Drame psychologique:
Joseph Losey

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4
On 4 juin 2012
Last modified:28 octobre 2017

Summary:

Atypique et fascinant, "Cérémonie secrète" mérite d'être ré-évalué à la hausse. Losey reste un grand cinéaste... même sans Pinter.

Atypique et fascinant, « Cérémonie secrète » mérite d’être ré-évalué à la hausse. Losey reste un grand cinéaste… même sans Pinter.

Secret Ceremony / Cérémonie secrète de Joseph Losey

Secret Ceremony (1968)

(Cérémonie Secrète)

Réalisé par Joseph Losey

Ecrit par George Tabori d’après une nouvelle de Marco Denevi

Avec Elizabeth Taylor, Mia Farrow, Robert Mitchum,…

Directeur de la photographie : Gerry Fisher

Produit par Universal Pictures et World Film Services

Drame psychologique

109 mn

UK

Leonora (Elizabeth Taylor), une prostituée londonienne, se rend régulièrement sur la tombe de sa fille morte noyée à 7 ans. Un jour, elle est suivie par Cenci (Mia Farrow), une étrange jeune fille, qui la prend pour sa mère et la persuade de venir habiter dans sa somptueuse demeure vide. Désemparée, Leonora accepte de jouer le jeu et d’endosser le rôle de Margaret, la mère défunte de Cenci… Mais Albert (Robert Mitchum), beau-père de Cenci, rôde toujours autour de la maison.

 

Secret ceremony« Secret Ceremony » est probablement l’un des films les plus étranges de Losey, et aussi l’un des plus méconnus et mal appréciés de sa période anglaise… Avec « Boom », tourné l’année auparavant, également avec un casting hollywoodien. Elizabeth Taylor et Richard Buron, le couple le plus glamour d’Hollywood, dans « Boom ». Et toujours Elizabeth Taylor, avec en plus Mia Farrow et Robert Mitchum, dans « Secret Ceremony ». L’intelligentsia européenne n’aurait pas apprécié ce mélange des genres (film intellectuellement ambitieux et casting hollywoodien) ?

L’histoire de « Secret Ceremony » est assez glauque. Le premier quart d’heure du film, où nous suivons Leonora dans le bus, où elle se fait aborder par Cenci et où cette dernière la suit jusque dans le cimetière, et la ramène chez elle, est quasiment sans dialogue. Et quand les dialogues commencent, ils semblent quelque peu surréalistes. Le côté décalé, surréaliste de la relation entre ces deux femmes endeuillées, où chacune joue un rôle et se sert de l’autre pour combler son vide, est renforcé par le décor principal du film, la maison baroque où Cenci habite seule, et véritable personnage à part entière du film (au même titre que la maison dans « The Servent ») incarnant ici les fantômes des parents de Cenci.

Le scénario est signé George Tabori d’après une nouvelle de l’écrivain argentin Marco Denevi. Tabori n’est pas Harold Pinter, mais le drame et la relation entre les deux « héroïnes » vaut son pesant de sadisme. Et on retrouve ici le thème de la domination (sociale et psychologique) cher à Losey.

On peut regretter que Mia Farrow en fasse un peu trop dans le style jeune femme au bord de la folie, mais heureusement Taylor et Mitchum sont des modèles de sobriété. On dit que le courant n’est pas vraiment passé durant le tournage entre Losey et Mitchum (ce dernier étant peu sensible à la conception très intellectualisée du cinéma chez Losey), mais son interprétation d’un homme sadique et inquiétant est magistrale (elle rappelle d’ailleurs celle célèbre d’Harry Powell dans « The Night of the Hunter »).

Sorti quelques mois après « Rosemary’s baby », « Cérémonie Secrète » partage un certain nombre de similitudes avec le film de Polanski. Outre leur actrice principale, les deux films partagent une photographie léchée, un humour froid apporté par les personnages secondaires (ici les cousines, vieilles filles et vautours aux grosses lunettes) et un certain baroque. « Cérémonie secrète » est un drame psychologique où la mort et la folie sont omniprésentes et qui vous laissera une forte impression de malaise, mais aucunement un film d’épouvante…

Atypique et fascinant, « Cérémonie secrète » mérite d’être ré-évalué à la hausse. Losey reste un grand cinéaste… même sans Pinter.

DVD BAC Films. Version originale sous-titrée et version française.