Un plaidoyer juste et fort, parfois à la limite du supportable, contre le traitement des jeunes délinquants. Un chef d’oeuvre du cinéma engagé signé Alan Clarke
Scum (1979)
Réalisé par Alan Clarke
Ecrit par Roy Minton
Avec Ray Winstone, Mick Ford, Julian Firth, Phil Daniels, Alrick Riley,…
Directeur de la photographie : Phil Meheux / Montage : Michael Bradsell / Direction artistique : Michael Porter
Produit par Davina Belling et Clive Parsons
Drame
98mn
UK
Lorsqu’il arrive dans un nouveau centre de redressement, Carlin (Ray Winstone) est précédé d’une réputation de dur à cuire. Alors qu’il cherche l’isolement et la tranquillité, ses camarades de détention ne cessent de le provoquer…
Carlin (Ray Winstone) est affecté dans un « borstal », un centre de redressement réputé très dur après avoir frappé un garde. Evidemment, il est accueilli avec des coups et des menaces par l’encadrement du centre qui a décidé de le briser. Pour se faire ils utilisent un jeune caïd (baptisé le « daddy ») qui fait régner la loi parmi les détenus. Il tabasse Carlin mais ce dernier compte bien se venger et être le nouveau « daddy ». Pendant ce temps, d’autres internes, moins costauds, peinent à supporter le climat de violence et d’oppression constants. Il n’y a qu’une alternative. Survivre ou être brisé par le système.
Le terme « scum » signifie en anglais « ordure, vermine » qui est bien évidemment à la fois une référence à la façon dont sont traités les délinquants juvénile mais aussi au comportement du personnel d’encadrement du centre.
« Scum » est à l’origine un téléfilm tourné par Alan Clarke pour la BBC en 1977 dans le cadre de la fameuse anthologie « Play for Today ». Mais dû à un changement à la tête de la BBC, le téléfilm qui avait été approuvé s’est finalement vu déprogrammé deux semaines avant sa diffusion. Clarke décide alors de se tourner vers le cinéma, une première pour ce réalisateur qui a pourtant fait toute sa carrière à la télévision.
Appuyé par des producteurs indépendants, il retourne alors le téléfilm, avec une partie du casting original (dont Ray Winstone qui faisait ici ses débuts dans un premier rôle) et en y ajoutant de nombreuses scènes (la version cinéma est plus longue d’une vingtaine de minutes). Et si on compare à la version BBC (qui sera diffusée pour la première fois après la mort de Clarke par Chanel 4 en 1992 et inclue dans le DVD édité par Agnès B/Potemkine), on peut en effet se féliciter de cette nouvelle mouture. Les personnages secondaires y sont mieux développés, les scènes plus fortes, quelques acteurs judicieusement remplacés… Même si déjà l’essentiel était là.
« Scum » (dans ses deux versions) est un plaidoyer violent mais fort et juste sur le traitement inhumain qu’on fait alors subir aux jeunes délinquants britanniques dans ces centres de redressement. Certains moments (les scènes de viol et de suicide) sont à la limite du supportable. Alan Clarke et Roy Minton invitent le spectateur à regarder en face le climat de violence et de haine dans lequel ces jeunes sont plongés. La pression est maintenue jusqu’au final qui se veut très dur, sans espoir, à l’image d’un film sans concession.
Il s’agissait là du premier film d’Alan Clarke pour le grand écran. Il en sortira deux autres, également disponibles en DVD français, la comédie de moeurs et satire sociale « Rita, Sue and Bob Too » (1986) ainsi que le musical surréaliste sur le monde du snooker « Billy the Kid and the Green Baize Vampire » (1987).
DVD zone 2 FR. Studio Agnès B/Potemkine. Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : Scum (1977) version BBC (75mn) et commentaire de la critique Andrea Grunert (11 mn)