Sous la forme d’un film de série B, Basil Dearden aborde de front un sujet peu traité à l’époque : le racisme.
Sapphire (1959)
(Opération Scotland Yard)
Réalisé par Basil Dearden
Ecrit par Janet Green
Avec Nigel Patrick, Yvonne Mitchell, Michael Craig, Earl Cameron…
Directeur de la photographie : Harry Waxman / Montage : John D. Guthridge / Direction artistique : Carmen Dillon / Musique : Philip Green
Produit par Michael Relph pour Janus Films et The Rank Organisation
Crime
92 mn
UK
Une jeune femme blanche est retrouvée assassinée dans le parc de Hampstead Heath dans le nord de Londres. Nigel Patrick, le super-intendant chargé de l’affaire, pense tout de suite à un crime de haine mais ne trouve pas de motif. Jusqu’à l’arrivée du Dr Robbins (Earl Cameron), le frère de la victime, un docteur…. noir.
Basil Dearden est un réalisateur britannique largement sous estimé (car sûrement trop éclectique) qui a signé des comédies, des films à grand spectacle et… un certain nombre de films progressistes et ambitieux. « Sapphire », tourné en 1959, fait partie de ceux-ci. C’est un portrait sans concession d’une Angleterre qui a des difficultés à intégrer les immigrés issus du Commonwealth et déborde de préjugés racistes.
Sous la forme d’un film criminel très classique de série B (avec quelques belles vues de Londres et des quartiers populaires), Basil Dearden aborde de front un sujet peu traité à l’époque. Dearden, sa scénariste Janet Green et le producteur Michael Relph montrent bien dans leur film l’ambivalence des différents personnages, le racisme actif ou passif,… La scène très subtile où le super-intendant découvre le frère de Sapphire, et donc sa couleur, ainsi que la réaction de son assistant, est tout simplement merveilleuse de sous-entendus. Dearden en fait rarement trop et ne se fatigue pas à enfoncer des portes ouvertes.
Bien sûr la problématique peut sembler moins brûlante aujourd’hui. Mais alors que j’écris ces lignes, Marine Le Pen vient d’enregistrer un score record de 18% au premier tour des élections présidentielles françaises. Preuve qu’il n’est jamais trop tard pour revoir les fondamentaux… même s’ils nous semblent évidents.
On retrouve avec plaisir l’acteur noir Earl Cameron que Basil Dearden avait déjà fait jouer dans l’excellent Pool of London (1951) où il abordait déjà, mais moins frontalement, le problème du racisme.
Sapphire a remporté en 1959 le BAFTA du meilleur film.
Malheureusement à ma connaissance, Sapphire (rebaptisé « Opération Scotland Yard » en France !!) n’est disponible qu’en zone 1 dans l’autrement excellent coffret Criterion.
DVD UK Spirit (2011) version originale sans sous-titres / Coffret Criterion « Basil Dearden’s London Undeground ». Zone 1. Sous titres anglais.