Review of: Robin Redbreast
Drame / Horreur:
John Bowen et James MacTaggart

Reviewed by:
Rating:
4
On 24 mai 2022
Last modified:24 mai 2022

Summary:

Un drame horrifique culte dans la pure tradition du Folk Horror où une jeune femme moderne doit faire face à un monde rural qui s'accroche à ses traditions séculaires, fussent-elles sinistres

Un drame horrifique culte dans la pure tradition du Folk Horror où une jeune femme moderne doit faire face à un monde rural qui s’accroche à ses traditions séculaires, fussent-elles sinistres

Robin Redbreast (1970)

Réalisé par James MacTaggart

Ecrit par John Bowen

Avec Anna Cropper, Andy Bradfordn, Freda Bamford, Bernard Hepton, Amanda Walker,…

Directeur de photographie : Brian Tufano / Production design : Eileen Diss / Montage : Roger Waugh

Produit par Graeme MacDonald

Diffusé le 10 décembre 1970 sur BBC One

Drame / Horreur

76mn

UK

Norah (Anna Cropper) a quitté son job de script editor à la télévision suite à la séparation d’avec son compagnon. Elle décide de s’installer à la campagne dans une maison qu’ils avaient acheté ensemble. Mais elle fait face rapidement à la réalité de la vie rurale qui laisse peu de place à l’intimité et où sa façon de se comporter (en femme moderne) fait tâche. Elle se sent observée par les villageois trop curieux et se rapproche d’un jeune homme curieux et solitaire, Rob (Andy Bradford), fasciné par le karaté et le 3e Reich, avec qui elle une aventure d’un soir. Mais si cette rencontre improbable entre ces deux « étrangers » était un coup monté ?

« Robin Redbreast » est un drame horrifique qui met en face deux mondes irréconciliables : le milieu rural ancré dans ses traditions séculaires et la ville moderne où l’individu se libère mais en paie le prix par la solitude et le manque de repères. Norah est une jeune femme moderne et indépendante et éduquée qui travaille à la télévision, a vécu huit ans avec un homme sans être mariée, pratique la contraception et a une belle voiture décapotable. Et la voici dans un endroit où son agnosticisme, sa situation de femme indépendante sont des anomalies. Sans surprise, elle commence à devenir un peu paranoïaque quand des événements étranges se produisent.

A la fin des années 60, alors que l’Angleterre s’enfonce dans une période d’austérité, la sorcellerie qui a des bases historiques dans l’Angleterre rurale, connait un regain d’intérêt. Au cinéma, « The Blood on Satan’s Claw » (1971), « The Wicker Man » (1973) vont bientôt débarquer sur les écrans, précédés par « The Witches » (1967) de la Hammer et « Witchfinder General » (1968).

« Robin Redbreast » dans sa confrontation entre le rationalisme moderne et les croyances rurales se rapproche beaucoup dans le ton de « The Wicker Man ». Tous deux ont puisé tout deux leur inspiration dans un fait divers très médiatisé dans l’Angleterre d’après guerre où un homme a été retrouvé mort dans un village, tué selon les rumeurs à la suite d’un rituel. Ils sont de purs représentant du genre Folk Horror, traitent leur sujet avec une pointe d’humour décalé mais qui ne dilue aucunement l’horreur bien réelle dans laquelle sont plongés leurs deux « héros » modernes.

Le scénario de John Bowen aurait laissé dubitatif les pontes de la BBC, mais le réalisateur/producteur écossais James MacTaggart, l’un des pionniers de la télévision britannique, a retenu le sujet pour l’anthologie « Play for Today » célèbre comme son prédécesseur « The Wednesday Play » pour traiter de front des problèmes de société et politiques qui n’étaient pas traités ailleurs (et qui n’était pas pour rien dans la réputation de la BBC d’être un repère mal famé de gauchistes radicaux !).

Le résultat est un drame horrifique qui s’il n’échappe pas à quelques scènes d’intérieur qui font très studios, mais est savamment réalisé et est un modèle de construction du genre  avec une lente montée en puissance et un final choquant et surréaliste à souhait.

Originellement tourné en couleur, « Robin Redbreast » fait partie de ces nombreuses oeuvres télévisées britanniques dont les cassettes originales ont été effacées, l’enregistrement qui a survécu étant une télécopie en 16mm et en noir et blanc. Très bien accueillie à sa sortie par le critique et le public (malgré une première projection ratée en décembre 1970 suite à une panne d’électricité qui lui vaudra d’être rediffusée en février 1971, une première pour un téléfilm d’anthologie), « Robin Redbreast » a fait l’objet d’une sortie méritée en DVD par le BFI en 2013, témoignage de sa place majeure dans la mémoire télévisuelle britannique.

DVD UK. Studio BFI (2013). Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus : livret, interview de John Bowen, court-métrage documentaire « Around the Village Green » (1937)