Un mockumentary horrifique qui emprunte aux techniques des documentaires sensationnalistes pour livrer une réflexion sur l’envers du décor du milieu du cinéma. Original et ambitieux !
Resurrecting the Street Walker (2009)
Ecrit et réalisé par Ozgur Uyanik
Avec James Powell, Tom Shaw, Lorna Beckett, Gwilym Lloyd,…
Direction de la photographie : Paul Englefield / Production design : Byron Broadbent / Montage : Ozgur Uyanik
Produit par Ozgur Uyanik et Ian Prior pour 2nd Floor Productions et Scala Productions
Horreur / Thriller / Documenteur / Drame
80mn
UK
« Resurrecting the Street Walker » est un mockumentary (un documenteur en français) qui nous raconte l’histoire d’un jeune homme fasciné par le cinéma et désespéré de percer. Le film s’ouvre sur une présentation du phénomène des « video nasties », ces films interdits de sortie vidéo en Grande Bretagne dans les années 80 pour leur caractère trop horrifique.
Puis on nous présente James (James Powell), un jeune homme obsédé par le cinéma, qui a pris un boulot de « runer » (homme à tout faire) non rémunéré dans une petite maison de production londonienne. Avec son ami Marcus (Tom Shaw), il décide de tourner un documentaire sur le fonctionnement de l’industrie cinématographique. Mais quand il trouve dans les archives les bobines d’un film intitulé « The Street Walker » tournées 20 ans auparavant et inachevé, il devient fasciné par ce qui ressemble à un snuff movie, et décide de finir le film. Mais à quel prix ?
Le film est constitué des images en noir et blanc du film inachevé « The Street Walker », des séquences filmées par Marcus qui suit le projet et la vie de James, d’images et films d’archive et enfin les interviews contemporains de personnes qui ont connu et travaillé avec James et qui ont été tournées dans le but de documenter ce qui est arrivé à James.
Une voix off procure le fil conducteur du « documentaire » qui emprunte aux techniques des documentaires sensationnalistes, avec des bouts d’interviews qui annoncent le drame à venir, tout en maintenant le suspense.
Le résultat pourrait être un sacré bordel, mais Ozgur Uyanik, dont c’était le premier long et qui assure de multiples rôles derrière la caméra (réalisateur, scénariste, monteur, cameraman, voix off…) fait un travail de montage assez incroyable qui donne un résultat convainquant – même si les techniques typiques de montages inspirées des documentaires sensationnalistes (comme le recours aux interviews) sont agaçantes à souhait.
Ozgur Uyanik s’est inspiré de sa propre expérience. Il a commencé tout en bas des échelons pour entrer dans l’industrie du cinéma et a trouvé un jour dans les archives d’une boite de production un film inachevé, suite à la mort du réalisateur. « Resurrecting the Street Walker » n’est pas un film d’horreur typique. C’est aussi (et surtout ?) un film sur la difficulté de travailler dans un milieu aussi exigeant que difficile d’accès, où il y a beaucoup de perdants. Et il réussit plus sur cet aspect quasi documentaire qu’en tant que film d’horreur.
Mais une chose est sûre, Ozgur Uyanik réussit à titiller l’intérêt du spectateur. Qu’est-il arrivé à James ? Le film a-t-il été fini ? Est-ce un snuff movie ? La fin est un peu attendue, la construction « sensationnaliste » parfois un peu lourde, mais « Resurrecting the Street Walker » reste un film original et un joli exemple de film indépendant ambitieux.
DVD UK. Studio Kaleidoscope. Version originale sans sous-titres. Bonus : interviews, scènes coupées, bande annonce