Noir c’est noir. Une enfance entre misère, mort et culpabilité. Réaliste et poétique ou juste profondément glauque ?

Ratcatcher (1999)

Ratcatcher (1999)

Réalisé et écrit par Lynne Ramsay

Avec Tommy Flanagan, Mandy Matthews, William Eadie,…

Directeur de la photographie : Alwin H. Küchler

Produit par Gavin Emerson pour Howly Cow Films

Drame

UK / France

 James (William Eadie) a 12 ans et vit dans les quartiers pauvres de Glasgow en 1973. Suite à une bagarre avec l’un de ses amis, ce dernier se noie. Personne n’a vu leur bagarre mais bien entendu James culpabilise. 

Si vous avez trouvé que « The Selfish Giant » (2013) était sympa mais sacrément édulcoré, il est temps de revoir l’un des classiques du réalisme cru avec des enfants dedans, j’ai nommé « Ratcatcher », premier long remarqué de la réalisatrice écossaise Lynne Ramsay.

Vous y trouverez  « a distinctly poetic brand of gritty realism » comme ils disent dans Timeout. Le cadre donne le ton dès le départ. L’action se situe dans l’un des quartiers les plus sordides de Galsgow en 1973 pendant la grève des éboueurs. Les sacs poubelle s’amoncellent et les enfants passent leur temps à jour avec les rats qui pullulent et à zoner autour d’un canal à l’eau boueuse.

Contrairement à « The Selfish Giant » ici l’accident qui entraine la mort d’un enfant et la culpabilité d’un autre, James, 12 ans, notre « héros », ouvre le film et non le conclue. C’est donc un peu le même film mais à l’envers.

Trêve de plaisanterie, je vais effectivement répéter ce que j’avais dit dans ma critique de « The Selfish giant ». On peut trouver que la volonté de réalisme sordide finit par dégager une certaine poésie, surtout qu’elle est filmée avec un sens de l’esthétisme certain. On a droit à une brève échappée dans le surréalisme (une souris s’envole vers la lune) et dans le bucolique (avec de jolies images de champs), mais sinon les moments de respiration sont quasiment inexistants (vous devrez vous contenter de quelques moments de tendresse entre James et sa soeur ou avec une jeune fille plus âgée qui sert de jouet sexuel à un gang).

Mais il y a quand même une leur d’espoir. La famille de James attend avec fébrilité d’être relogée dans un logement digne de ce nom. Mais comme James a le sentiment d’avoir commis un meurtre, on le voit mal profiter tout à coup d’une enfance un peu moins glauque dans une jolie maison à l’orée des champs. Et la fin, ambiguë, ne tranche pas.

Bref c’est chargé. Très, très chargé. On peut apprécier le « presque » jusqu’au boutisme de la réalisatrice (la fin est d’une ironie glaciale, enfin l’une des fins parce qu’on peut toujours décider d’en avoir une lecture positive). On peut également aussi décider d’abandonner le film en cours, que trop c’est trop et qu’il est temps de vous remonter le moral en regardant un documentaire sur la famine en Afrique sub saharienne.

Malgré le succès critique de « Ratcatcher », Lynn Ramsey n’est revenue que deux fois derrière la caméra dont dernièrement avec « We must talk about Kevin » (2011), un film sur le manque d’amour entre une mère et son fils. J’ai hâte de voir ça.

Si vous voulez voir « Ratcatcher » (c’est votre droit, je comprends que ce genre de films puisse avoir ses adeptes et celui-ci dégage indubitablement une certaine forme de poésie), je vous conseille d’acheter la version Criterion (DVD Zone 1) car elle dispose de sous-titres anglais et de nombreux bonus.

DVD Zone 2 UK. Twentieth Century Fox. Version originale sans sous titre.
DVD Zone 1 USA. Criterion. Version originale. Sous titres en anglais disponibles.