Un road movie contemplatif et sombre où un DJ londonien part à Bristol pour tenter de comprendre la mort de son frère, faisant plusieurs rencontres sur le chemin
Radio On (1979)
Ecrit et réalisé par Christopher Petit
Avec David Beames, Sandy Ratcliff, Lisa Kreuzer, Sting, Andrew Byatt,…
Direction de la photographie : Martin Schäfer / Direction artistique : Susannah Buxton / Montage : Anthony Sloman
Produit par Keith Griffiths
104mn
UK / Allemagne de l’Ouest
Le film s’ouvre sur un long plan séquence où la caméra se promène dans un appartement sur la musique de « Heroes » de David Bowie. Dans la salle de bain, un homme immobile dans la baignoire, le poste de radio allumé à proximité. Dans sa voiture, Robert (David Beames) écoute la même station de radio, la chanson touche à sa fin. Il ouvre une enveloppe qui contient trois cassettes du groupe allemand de musique électronique Kraftwerk et un bref mot « Happy Birthday, brother ».
Robert anime une émission de dédicaces la nuit dans une radio diffusée dans des usines de biscuit à travers le pays. Homme de peu de mots, il partage son appartement quasi vide, à part quatre téléviseurs, avec sa petite amie sur le point de le quitter. Quand sa mère l’appelle, Robert apprend que son frère a été retrouvé mort dans sa baignoire. Il lui promet de se rendre sur place afin d’en savoir plus. Commence alors un périple dans sa vieille voiture qui va l’amener jusqu’à Bristol. Mais trouvera-t-il des réponses ?
Durant son voyage à travers une Angleterre post industrielle déprimante, Robert va en tout cas faire des rencontres : un auto-stoppeur qui se révèle être un militaire déserteur rendu à moitié fou par les horreurs qu’il a vu en Irlande du Nord, un pompiste fan d’Eddie Cochran (interprété par Sting), une femme allemande à la recherche de sa fille enlevée par son mari, la petite amie de son frère qui ne semble pas avoir grand chose à lui dire,…
Dans « Radio On », les individus sont des îles entourées de rocher sur lesquelles il est impossible d’aborder. La communication est minimale, les réactions entre violence et indifférence.
Pour son premier film, Christopher Petit, ancien critique cinéma pour « TIme Out » et collaborateur de « Melody Maker », signe un road movie à l’européenne qui fait penser aux premiers films de Wim Wenders. Ce n’est pas un hasard. Fan de Wenders, Petit avait eu l’occasion de l’interviewer et lui a donné à lire son scénario. Wenders a suffisamment été intéressé par le projet pour en devenir le producteur associé, et offrir à Petit les services de son caméraman régulier, Martin Schäfer (qui signe une photo où domine le sombre), ainsi que de sa femme l’actrice Liza Kreuzer.
La musique est bien entendu partie intégrante de ce road movie. On y entend David Bowie, Kraftwerk, Devo, Robert Fripp et d’autres – à la radio ou sur un jukebox. Et l’on croise Sting qui nous joue quelques morceaux d’Eddie Cochran à la guitare. La radio et la télévision diffusent des actualités déprimantes (le terrorisme en Allemagne, le conflit nord irlandais,…). Mais c’est aussi un film avec beaucoup de silences, de questions sans réponses et de phrases jetées dans le vide qui ne rencontrent aucun écho.
« Radio On » n’est pas un film facile d’accès. Il n’y a pas vraiment d’histoire, et il en ressort davantage une ambiance et des ombres de personnages, une beauté mélancolique et déprimante. Plutôt mal accueilli à sa sortie, même s’il a été sélectionné pour la quinzaine des réalisateurs à Cannes, le film a été réévalué à la hausse par les critiques depuis une dizaine d’années (ici la ré-appréciation de The Guardian).
S’il signera par la suite quelques autres films de fiction, Christopher Petit se consacrera par la suite surtout au documentaire et collaborera régulièrement avec le romancier Iain Sinclair. Il a également publié une poignée de romans.
DVD FR. Studio Les films du Paradoxe (2007). Version originale sous-titrée en français. Bonus : court-métrage « Radio On Remix » (1998)