« Quadrophenia » est certainement le meilleur film jamais adapté d’un album rock, et un très grand film sur la jeunesse.

Quadrophenia (1979)

Film de Franc Roddam

Ecrit par Dave Humphries, Martin Stellman et Franc Roddam

Avec Phil Daniels, Leslie Ash, Mark Wingett, Sting, Toyah Willcox,…

Production Roy Barid et Bill Curbishley pour The Who Films

Durée 117 mn

UK

Londres, dans les années 60. Deux bandes rivales, les Mods et les Rockers, se livrent un combat sans merci. Jimmy (Phil Daniels), un jeune adulte ni très beau ni très charismatique, fait partie des Mods dont il porte fièrement l’uniforme : parka, Levi’s, cheveux à ras et scooter bardé de rétroviseurs. Son idéal de vie : traîner dans les rues, draguer les filles, se défoncer aux amphétamines, écouter de la musique dans les clubs, et bien sûr, se castagner avec les Rockers.

Véritable exalté, Jimmy place les principes Mods au rang de philosophie, il vénère Ace (Sting), le leader de la bande, dont il envie la personnalité mystérieuse et charismatique. Un fantasme qui l’entraînera dans une équipée sauvage au cours de laquelle Mods et Rockers disputeront une sanglante bataille rangée dans la station balnéaire de Brighton au milieu d’estivants terrorisés.

Parallèlement, Jimmy essaye de supporter le quotidien pas toujours drôle d’un jeune adulte pas tout à fait sorti de l’adolescence, qui vit encore chez ses parents, a un premier boulot pas passionnant, et a la mauvaise idée de s’éprendre de la plus jolie fille des Mods.

Le malheur de Jimmy sera finalement de ne vouloir faire plus qu’un avec son groupe, alors que pour les autres ce n’est qu’un divertissement. La chute en sera d’autant plus dure.

« Quadrophenia » est une idée de producteur. Après le succès de « Tommy » (1975), film musical de Kevin Russell basé sur l’album concept éponyme de The Who, l’idée était probablement de remettre le couvert avec cette fois-ci l’album Quadrophenia sorti en 1973. Mais le réalisateur Franc Roddam, venant du monde du documentaire, décida d’ancrer le film dans la réalité sociale plutôt que de réaliser un nouveau film musical.

Ainsi si la musique de The Who rythme le film, elle n’emprisonne pas ce dernier, et elle ne constitue pas l’intégralité de la bande originale. Le film créé son propre univers en prenant beaucoup de libertés par rapport à l’album.

On ne peut que saluer cette liberté, la capacité du réalisateur Franc Roddam à mettre en images les errements d’une jeunesse perdue en s’inscrivant parfaitement dans la réalité de l’époque et sa maîtrise d’un casting d’adolescents et de jeunes adultes qui livrent ici tous des interprétations convaincantes (le jeune Phil Daniels en tête). Un succès d’autant plus méritoire pour Roddam qu’il signait ici son premier long métrage (il avait réalisé auparavant plusieurs documentaires et « Dummy » un docu-fiction très remarqué sur la prostitution pour la télévision britannique, malheureusement aujourd’hui introuvable),

« Quadrophenia » est certainement l’un des tous meilleurs films jamais adaptés d’un album rock, et un très grand film sur la jeunesse.

A la vision du film, on ne peut que regretter que Franc Roddam se soit ensuite dirigé vers des oeuvres plus consensuelles, abandonnant vite d’ailleurs son statut de réalisateur pour se consacrer à d’autres activités. On lui doit néanmoins une série télé anglaise réputée « Auf Wiedersehen, Pet » (1983-2004). D’un point de vue plus anecdotique, il est l’un des créateurs de la fameuse émission culinaire « Masterchef ».

Il y a une édition DVD française mais je vous recommande plutôt l’édition anglaise 2 DVD qui dispose de sous-titres français.

DVD Universal. Edition Anglaise. Menu en français. Sous titres français pour le film et les bonus.
Bonus : Commentaires audio / Documentaire « A way of life : making Quadrophenia » / Documentaire « On location with Franc ».