Un drame horrifique puissant à l’ambiance très travaillée. Le premier film de Matthew Holness est une belle réussite, déstabilisante mais portée par l’acteur Sean Harris, une photographie et une musique remarquables
Possum (2018)
Ecrit et réalisé par Matthew Holness
Avec Sean Harris, Alun Armstrong,…
Direction de la photographie : Kit Fraser / Production design : Charlotte Pearson / Direction artistique : Alexandra Toomey / Montage : Tommy Boulding / Musique : The Radiophonic Workshop
Produit par Wayne Marc Godfrey, James Harris, Robert Jones et Mark Lane pour thefyzz, BFI Film Fund et Evandine Productions
Drame / Horreur
85mn
UK
Philip (Sean Harris), orphelin, est un marginal qui fabrique des marionnettes, comme cette étrange araignée à tête d’homme fabriqué d’après une histoire qu’il a écrite quand il était enfant. Quand un adolescent disparait près de chez lui, il retourne dans l’ancienne maison de ses parents, une maison décatie dans lequel son oncle Maurice (Alun Armstrong) vit seul. Il est bien décidé de se débarrasser de cette marionnette et de cette histoire qui le hante, mais y arrivera-t-il ?
Matthew Holness est un acteur et scénariste, surtout connu pour avoir co-créé « Garth Marenghi’s Darkplace » (2004), une série humoristique culte qui parodie les films d’horreur des années 80.
Avec « Possum », il signe son premier long métrage. S’il s’inscrit dans l’horreur, un genre qu’il apprécie particulièrement, il puise son inspiration dans les films atmosphériques, comme « Dead of Night » (1945) ou « Martin » (1977) de George A. Romero ou encore les expressionnistes allemands.
Reflet de ses inspirations, « Possum » est tout sauf un film d’horreur classique. C’est un film à l’ambiance très travaillée qui entre dans l’esprit torturé de Philip, un homme traumatisé par la mort de ses parents et devenu un marginal. Un de ceux qu’on éviterait de croiser. L’acteur Sean Harris, abonné aux rôles de personnages peu recommandables, prête avec beaucoup de conviction son physique anguleux et inquiétant au personnage. A ses côtés Alun Armstrong est également excellent en vieil oncle aussi marqué et abimé que la maison qu’il habite.
La folie de Philip est palpable, il est le suspect idéal quand un enfant disparait dans la région. Comment ça ne pourrait pas être lui ? Même Maurice, son vieil oncle, le regarde avec mépris et dégoût. Philip a tout d’un détraqué.
Matthew Holness joue avec les images, les visions de Philip, obsédé par sa sinistre marionette (dont la tête semble moulée sur celle de Philip). Les bouts de dialogue entre Philip et Maurice font à peine sens. Avec des effets visuels très réussis, une photographie « sale » et une magnifique bande originale du Radiophonic Workshop, Matthew Holness arrive à créer une ambiance délétère et inquiétante.
Quelques petites précisions à propos du Radiophonic Workshop. Créé en 1958 par la BBC, il regroupe des chercheurs en musique électronique qui ont marqué les années 70 en créant les effets sonores et les génériques des émissions et fictions de la BBC (notamment celle très célèbre de Doctor Who). Le BBC Radiophonic Workshop a été fermé par la BBC en 1995, mais les anciens membres continuent de travailler ensemble et de donner des concerts. La musique de « Possum » reste à ce jour leur seul bande originale pour un long métrage.