Thriller:
Basil Dearden

Reviewed by:
Rating:
4
On 1 janvier 2012
Last modified:11 septembre 2019

Summary:

Un thriller britannique audacieux de 1951 réalisé de main de maître par Basil Dearden. Trafic et racisme dans un Londres encore marqué par les bombes.

Un thriller britannique audacieux de 1951 réalisé de main de maître par Basil Dearden. Trafic et racisme dans un Londres encore marqué par les bombes.

Les trafiquants du Dunbar / Pool of London

Pool of London (1951)

(Les trafiquants du Dunbar)

Réalisé par Basil Dearden

Écrit par John Eldridge et Jack Wittingham

Avec Bonar Colleano, Earl Cameron, Susan Shaw

Directeur de la photographie : Gordon Dines

Produit par Michael Balcon et Micheal Relph pour Ealing Studios

Thriller

85 mn

UK

Le Dunbar, un navire de commerce britannique, rentre à quai à Londres. Dan (Bonar Colleano), jeune marin, fait un peu de trafic pour arrondir ses fins de mois, important notamment des bas nylons en contrebande. Pour ne pas éveiller les soupçons, il demande parfois à son ami jamaïcain Johnny (Earl Cameron), de lui donner un coup de main. Mais alors que Johnny refuse de s’impliquer davantage, Dan accepte une proposition pour un gros coup.

Disons le tout de suite, « Pool of London » est un film honteusement méconnu réalisé par Basil Dearden, qui lui-même mériterait une bonne place au panthéon des réalisateurs britanniques. Au cours d’une carrière qui s’est étalée sur 35 ans, il s’est exprimé avec talent à la fois dans le genre du thriller, du film criminel ou de la comédie, n’hésitant pas à aborder frontalement les sujets qui fâchent : l’homosexualité (« Victim » en 1961) ou le racisme (« Sapphire » en 1959).

« Pool of London » a d’ailleurs pour co-star un acteur noir, Earl Cameron, fait très rare dans le cinéma britannique de l’époque. C’est d’autant plus remarquable que le personnage de Johnny, marin jamaïcain qui déambule dans les rues de Londres comme un étranger, mal à l’aise, est loin d’être caricatural. En fait, c’est le personnage le plus sympathique et le plus droit du film. Et son histoire d’amour avec une jeune anglaise (la première relation interraciale du cinéma britannique) est très belle, même si elle restera forcément non consommée et que Johnny préférera y mettre fin plutôt que d’entrainer son amie dans une histoire qu’il sait d’avance cause perdue. D’une façon très intelligente, les réactions racistes auxquelles doit faire face Johnny sont montrées avec beaucoup de subtilité, au détour d’une phrase ou d’un regard. Evidemment aujourd’hui, la passivité de Johnny face aux attaques racistes dont il est la cible peut paraitre choquante, mais peu étonnante dans le contexte de l’époque.

Au-delà de son audace dans le traitement de la question raciale, « Pool of London » est une réussite à plusieurs autres niveaux. C’est d’abord un portrait très intéressant du Londres de l’immédiat après guerre (que ce soit au niveau des mentalités aussi bien qu’au niveau de l’état de la ville sous un aspect social et urbain). C’est également donc un beau film romantique mais aussi un excellent buddy movie avec un duo d’acteurs très convaincants (Colleano et Cameron). Enfin la réalisation nerveuse de Dearden (les poursuites sont très bien filmées) confère à ce thriller une belle nervosité.

Comme souvent, on préférera nettement le titre original « Pool of London » (qui fait référence au surnom donné au port de Londres) que le choix du distributeur français (« Les trafiquants du Dunbar ») qui enferme le film dans un sujet qui n’est qu’un prétexte mais n’est pas le coeur du film.

Le film n’est malheureusement jamais sorti en DVD en France et n’est actuellement disponible (début 2012) qu’en version UK sans sous titres.

MAJ : Le film est sorti en DVD sur le marché français grâce à Tamasa Diffusion. Un grand merci à eux !

DVD FR zone 2. Studio Tamasa Diffusion (2018). Version originale avec des sous-titres français. Bonus : Balade avec Richard Dacre (17′), Rencontre avec Earl Cameron (9′), livret (16 pages) : le regard de Charlotte Garson