Film de guerre:
Michael Powell

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4
On 6 janvier 2013
Last modified:28 octobre 2017

Summary:

Un film de propagande quasi documentaire signé Michael Powell sur le soutien des populations locales dans les territoires occupés pendant la seconde guerre mondial.

Un film de propagande quasi documentaire et impressionnant signé Michael Powell et Emeric Pressburger
One of our aircraft is missing - Powell

One of our aircraft is missing (1942)

(Un de nos avions n’est pas rentré)

Réalisé par Michael Powell

Ecrit par Emeric Pressburger

Avec Godfrey Tearle, Eric Portman, Hugh Williams, Bernard Miles, Hugh Burden, Emrys Jones,…

Produit Michael Powell et Emeric Pressburger

102 mn

UK

Un bombardier de la Royal Air Force est abattu au-dessus des Pays Bas lors d’une mission. Les six aviateurs arrivent à sauter en parachute mais ils se retrouvent en territoire ennemi à des dizaines de kilomètres de la mer. La population locale les aidera-t-elle à regagner l’Angleterre ?

One of our aircraft is missingPendant la seconde guerre mondiale, des bombardiers anglais partaient régulièrement en territoire occupé pour viser des cibles stratégiques. Ces missions étaient bien évidemment très risquées et le public était souvent informé via les médias que un ou plusieurs de « nos avions » n’étai(en)t pas rentré(s). Comme son nom l’indique clairement, le film est l’histoire de l’équipage de l’un de ces avions.

L’idée de départ est venue à Michael Powell à force d’entendre le fameux message sur les ondes de la BBC. Emeric Pressburger a lui proposé de suivre le destin de l’équipage qui se serait parachuté en territoire ennemi et d’aborder le sujet du soutien local des gens qui risquaient leur vie pour aider ces survivants à rentrer en Angleterre.

Après le succès de « 49th Parallel », toutes les portes semblaient ouvertes pour Powell et Pressburger : « Nous avions prouvé que la propagande que le public paie pour entendre est la seule qui vaille la peine d’être faite » explique Powell un peu pompeusement dans ses mémoires). Pourtant leur synopsis de 20 pages fut refusé par Arthur J. Rank et CM Woolf (président de General Films distributors) car le sujet était jugé défaitiste et voué à l’échec public.

Powell prit le pari avec Rank que le film serait un succès et trouva sans peine d’autres financiers (John Corfield et Lady Yule) pour British National Films. Notons aussi que « One of our aircraft is missing » est le premier film de « The Archers » la maison de production fondée par Pressburger et Powell.

Restait un problème de taille pour le film. Quasiment l’intégralité du film était censée se situer en territoire occupé, en Hollande, avec de nombreux extérieurs. En fait, la région East Anglia (au Nord Est de l’Angleterre) a une typographie assez plate et comprend de nombreux bâtiments de style hollandais et des moulins, souvenirs d’une époque où le commerce était très vivant entre les deux pays. Et l’illusion est parfaite !

Autre difficulté de taille : pour plus de réalisme, Powell se refusait à tourner un film intégralement en anglais. Il trouva heureusement assez facilement des acteurs pouvant parler hollandais, notamment grâce aux juifs immigrés.

Car « Réalisme » est bien le maitre mot de ce film. La séquence tournée dans le bombardier (une carcasse d’un Wellington a été fournie par la RAF et installée dans les studios de Denham) est impressionnante, avec comme seul fond sonore le bruit des moteurs et plus tard celui étouffé des tirs ennemis et des explosions. Pendant tout sa durée, et même pendant le générique, le film n’a recours à aucune musique, renforçant l’aspect documentaire.

Comme expliqué plus haut, le film lui-même donne vraiment l’impression d’avoir été tourné au Pays Bas. Le casting est lui aussi parfait. Nos six aviateurs sont excellents (avec malice, Powell raconte dans son autobiographie que l’absence de stars fit que les six acteurs se bâtaient pour emporter chaque scène !). Parmi les Hollandais, on trouve, dans le rôle du prêtre, un tout jeune Peter Ustinov qui fait ici sa première apparition sur grand écran (et qui avouera plus tard dans sa propre autobiographie qu’il avait décidé de se tenir en retrait vu l’ambiance tendue parmi les acteurs). J’ai une petite réserve toutefois pour le traitre Hollandais, fils du maire, joué par un Robert Helpmann qui cabotine à fond (interprétation qui a plu à Powell mais qui je trouve nuit un peu au souci de réalisme du film).

Le montage du film est assez surprenant, et est dû à David Lean. Notons que c’est en visitant les studios que Noël Coward (qui préparait son premier film In Which we serve) décida d’embaucher toute l’équipe technique de Powell dont Lean qui co-réalisera le film avec Coward, faisant ainsi ses premiers pas dans la réalisation.

DVD édition anglaise. Studio Universal. Version originale avec sous-titres en anglais.