Un film post apocalyptique et écolo à l’ultra-violence et l’immoralité audacieuses mais alourdi par un script maladroit et une réalisation trop démonstrative
No Blade of Grass (1970)
(Terre brûlée)
Réalisé par Cornel Wilde
Ecrit par Cornel Wilde et Sean Forestal d’après le roman de John Christopher
Avec Nigel Davenport, Jean Wallace, Anthony May, John Hamill, Lynne Frederick,…
Directeur de la photographie : H.A.R. Thomson / Directeur artistique : John Jarvis / Montage : Eric Boyd-Perkins et Frank Clarke / Musique : Burnell Whibley
Produit par Cornel Wilde pour Theodora Productions
Tourné aux MGM British Studios, Borehamwood
Science-fiction
96mn
UK / USA
Suite à la pollution humaine, un nouveau virus apparait. Il s’attaque aux plantes et se répand dans le monde entier. Bientôt les récoltes sont atteintes et le bétail meurt. La famine touche le monde entier et des émeutes meurtrières commencent à prendre d’assaut les villes et déstabiliser les gouvernements. John Custance (Nigel Davenport) décide de quitter Londres avec sa famille pour rejoindre son frère en Ecosse. Mais leur périple va rapidement tombé dans la violence.
Des images nous montrent la polution grandissante, les essais nucléaires… Une voix off nous annonce calmement : « Et puis un jour, la Terre en a eu assez ».
« No blades of grass » est un film de son époque. On retrouve le ton ultra pessimiste de nombreux films de SF des années 70, qu’ils aient une conscience écolo comme « Doomwatch » (1972), « Soylent Green » (Soleil vert, 1973) ou qu’ils imaginent une société où l’individu doit lutter pour sa survie dans un contexte hyper violent – avec ou sans pouvoir central : « A Clockwork Orange » (Orange mécanique, 1971) « Logan’s Run » (Lâge de cristal, 1976) et « Mad Max » (1979).
S’il est arrivé plus tôt que les films susnommés, la SF post apocalyptique ne date pas des années 70, et plusieurs critiques ont soulevé le fait que le pitch du film fait beaucoup penser à un film américain sorti huit ans plus tôt « Panic in the Year Zero ». Ici pas de catastrophe nucléaire donc mais un virus qui a le même effet : il plonge le monde dans un univers sans foi ni loi où chacun doit lutter et tuer pour survivre.
Le livre « The Death of Grass » (1956) du britannique John Christopher (également créateur de « The Tripods ») sur lequel est basé le film est devenu un classique mais l’adaptation pour sa part accumule quelques lourdeurs insupportables. Les dialogues ne sont déjà pas des plus fins, mais la réalisation démonstrative et lourdingue de Cornel Wilde ne fait qu’empirer les choses. Ainsi au début les images de pollution ou la scène de restaurant où des Londoniens se gavent alors que la télévision diffuse les premières images de famine. Le pire étant sans aucun doute ces mini séquences au montage haché et entrecoupées de rouge qui nous donnent un aperçu des violences à venir. Comment Wilde a pu trouver que ce procédé ridicule et injustifiable était une bonne idée ?!
Si l’on peut saluer l’immoralité assumée du film, il n’y a aucun équilibre, ni subtilité psychologique dans son traitement. Du coup la vraisemblabilité de l’intrigue, des personnages et des événements en prend un coup. Une faiblesse qu’il est difficile de lui pardonner, même si le film reste une oeuvre audacieuse qui mérite un peu mieux que l’oubli dans lequel il est tombé.
C’est toujours un plaisir de voir Nigel Davenport en haut de l’affiche, mais à l’image du film, son personnage, avec son étrange bandeau de pirate, manque cruellement de relief. On sait qu’il a fait l’armée et qu’il n’aime pas tuer, même s’il sait se servir d’une arme. Mais il tue ici avec une facilité déconcertante dès le début. En fait la violence, assez extrême, ne monte pas graduellement du fait de la nécessité de survie. Le meurtre s’impose d’emblée comme la meilleure solution, alors même qu’elle ne parait pas (au début en tout cas) comme une évidence.
Notons également niveau casting qu’il s’agit de la première apparition à l’écran de Lynne Frederick, alors âgée de 15 ans et qui va devenir « la jeune rose anglaise » des années 70 avant d’être transformée par les tabloïds en figure haïe suite aux conséquences de son mariage avec Peter Sellers, dont elle sera la dernière femme. Mais ceci est une autre histoire…
Le réalisateur Cornel Wilde est un acteur américain, plutôt de second plan, ancien sportif de haut niveau, qui a fait ses armes à la réalisation au milieu des années 50. Son oeuvre la plus réputée en tant que réalisateur reste le film noir « The Naked Prey » (1965).
DVD zone 1. Studio Warner Archives. Version originale sans sous-titres.