Un petit film de propagande, réalisé avec des moyens du bord, mais au rendu très réaliste grâce au savoir-faire du documentariste Harry Watt !

Nine Men - ils étaient neuf (1943)

Nine Men (1943)

(Ils étaient neuf)

Réalisé par Harry Watt

Ecrit par Harry Watt d’après une histoire de Gerald Kersh

Avec Jack Lambert, Grant Sutherland, Gordon Jackson,…

Direction de la photographie et direction artistique : Duncan Sutherland / Montage : Erik Cripps / Musique : John Greenwood

Produit par Michael Balcon pour Ealing Studios

Guerre

68mn

UK

1943, quelque part en Angleterre. Des bidasses, fraîchement arrivés, sont soumis à un entraînement particulièrement rude par leur officier, le Sergent Watson (Jack Lambert). Certains veulent faire une pause, d’autres ont hâte de partir à la guerre, mais tous en ont marre de subir un parcours du combattant harassant à longueur de journée. En fin de journée, le sergent Watson est confronté aux râleries des bleus. Il décide alors de leur raconter sa propre histoire de soldat avec pour objectif de justifier sa méthode d’entraînement. La guerre, ils la verront peut-être, mais en attendant le sang qu’ils verront sera celui de leurs pieds meurtris après des journées de dur exercice !

Le réalisateur Harry Watt est alors un documentariste aguerri qui a travaillé pour le fameux légendaire « GPO Film Unit » rebaptisé en 1940 « Crown Film Unit » par le ministère de l’information. Il rejoint ici Ealing Studios comme avant lui Alberto Cavalcanti qui pendant la guerre produira de son côté plusieurs films de propagande dont le fameux « Went the Day Well? » (1942).

Pour son premier film de fiction, Harry Watt apporte tout son savoir-faire de documentariste pour faire de « Nine Men » un film convaincant et réaliste sur l’histoire de neuf hommes qui se retrouvent encerclés en plein désert par les forces italiennes. Vont-ils survivre ? On se doute que oui puisque le film nous est raconté via un flashback. Mais comment ? Et quelles pertes va subir le petit groupe ?

L’objectif était bien entendu de montrer au public et aux nouvelles recrues militaires l’intérêt d’un entraînement rébarbatif mais nécessaire à la formation d’un bon soldat. La voix off du sergent Watson permet de contextualiser et de donner un peu d’épaisseur aux personnages qui nous sont présentés, malgré la courte durée du film (68 mn). Les personnages sont de fait bien caractérisés et ne représentent pas forcément la crème de l’armée britannique. Le petit groupe comprend ainsi un ex policier viré de la police, un militaire ivrogne qui a perdu ses galons, un jeunot,… Mais grâce à leur entraînement et l’astuce de leur supérieur, ils vont réussir l’impossible. Et par la même occasion, le film ne manque pas de se moquer des talents guerriers des Italiens qui en prennent pour leur grade !

Evidemment, on retrouve la patte Ealing à travers cette description d’un petit groupe hétérogène qui doit se battre contre plus fort que lui.

Il faut rendre hommage au talent d’Harry Watt d’avoir su signer un film réaliste avec un budget de 20.000 livres et un tournage au Pays de Galles (en lieu et place du désert d’Afrique du Nord) !

Niveau casting, on peut noter la présence d’un tout jeune Gordon Jackson, acteur écossais qui fera une jolie carrière, souvent comme second rôle mais dans des films importants comme « The Great Escape » (1963) ou « The Ipcress File » (1965) ou sur petit écran (Shaka Zulu, 1986). De même pour Jack Lambert, lui-même écossais mais plus expérimenté (il a tourné dans son premier film en 1931) et qui trouve ici son premier grand rôle.

Notons également que les acteurs engagés dans l’armée sont ici présentés au générique avec leur grade militaire. Jack Lambert était alors major. D’ailleurs, certains de ces militaires n’avaient aucune expérience ou peu d’expérience de l’écran. Il s’agit ainsi de l’une des rares et de la dernière apparition tous écrans confondus de Grant Sutherland alors capitaine (qui avait fait ses débuts en 1937 quand même dans le chef d’oeuvre « The Edge of the World » de Michael Powell) ou encore l’unique apparition de Jack Horsman, alors sergent dans l’armée britannique.