Thriller et comédie sur fonds de début de seconde guerre mondiale. Les Nazis ? Même pas peur !
Night Train to Munich (1940)
(Train de nuit pour Munich)
Réalisé par Carol Reed
Ecrit par Sidney Gilliat et Frank Launder d’après une histoire de Gordon Wellesley
Avec Margaret Lockwood, Rex Harrison, Paul Henreid, Basil Radford, Naunton Wayne, James Harcourt,…
Directeur de la photographie : Otto Kanturek
Musique : Charles Williams et Louis Levy
Produit par Edward Black
Guerre / Thriller / Aventures / Comédie / Romance
UK
Quand les Allemands envahissent la Tchécoslovaquie, les autorités locales décident de faire fuir vers l’Angleterre un inventeur spécialiste en blindage, le Dr Bomasch (James Harcourt). Mais sa fille Anna (Margaret Lockwood) est capturée et envoyée en camp de concentration. Là elle fait la connaissance de Karl (Paul Henreid) qui l’aide à s’échapper. Ensemble, ils réussissent à atteindre l’Angleterre. Anna rejoint son père, mais le danger guette et ils sont bientôt kidnappés par les Nazis.
Carol Reed alors connu pour ses comédies et quelques drames, fait ici un premier pas dans le film de guerre. Nous sommes en 1940, et les films de propagande britanniques commencent à affluer sur les écrans. Pourtant ici, on est dans un film hybride, un thriller en temps de guerre (enfin, juste avant pour être précis) mais avec beaucoup d’éléments de comédie.
L’action se situe en fait juste avant la guerre à proprement parler, entre l’invasion de la Tchécoslovaquie et l’entrée en guerre du Royaume Uni (soit entre mars 1938 et le 3 septembre 1939).
Il est douteux que « Night Train to Munich » ait été créé dans un souci de réalisme politique. Dans « Night Train to Munich » les Nazis ne font pas peur. Ils sont bernés sans trop de problème par un gentleman anglais, certes audacieux, mais également très désinvolte.
« Mein Kampf » fait plusieurs apparitions, mais il est ici transformé en ustensile comique. Il trône dans les kiosques de journaux avec « Autant en emporte le vent » et l’un des personnages le lit par curiosité (ceci dit son exemplaire finira attaché sur le visage d’un soldat nazi en guise de bâillon) !
Deux personnages d’Anglais voyageurs, fans de cricket et un peu benêts, Charters et Caldicott, viennent perturber les plans des Nazis. Ca ne vous dit pas quelque chose ? Oui ce sont bien les deux personnages qui étaient déjà présents dans « The Lady Vanishes » d’Alfred Hitchcock sorti deux ans plus tôt. Film qui était scénarisé par Sidney Gilliat et Frank Launder comme celui-ci. La comparaison entre les deux films ne s’arrête pas là. Dans les deux cas thriller et comédie se mélangent. Une bonne partie de l’action se situe dans un train et enfin l’héroïne est interprétée par Margaret Lockwood (qui ne joue pas le même personnage par contre – il ne s’agit nullement d’une suite de The Lady Vanishes).
La romance entre Anna (Margareth Lockwood) et notre gentleman anglais un peu excentrique (le tout jeune Rex Harrison) fonctionne à 100%. Le Nazi de service est certes vicieux mais quelque part un bon bougre (il en pince pour Anna, et on se demande si à la fin il ne laisse pas échapper notre héros dans un ultime geste d’humanité et de décence – pourtant a priori deux notions assez peu compatibles avec le tempérament d’un officier Nazi).
La scène finale où les héros passent la frontière suisse en téléphérique est un très beau moment de suspsense. Il y a soit quelques autres moments qui auraient pu bénéficier d’un peu plus de tension, mais le rythme est assez soutenu et malgré tout, Carol Reed semble privilégier (volontairement ?) la comédie sur le thriller.
« Night Train to Munich » est un très bon divertissement, étonnamment indisponible en DVD (au moment où j’écris ces lignes en octobre 2015) sinon en zone 1 mais chez Criterion et donc dans un très beau transfert.
DVD zone 1. Studio Criterion. Version originale avec des sous titres anglais.