Mick Jagger dans le rôle d’un brigand australien ! Un western un peu vite oublié mais pas sans qualités signé Tony Richardson
Ned Kelly (1970)
Réalisé par Tony Richardson
Ecrit par Ian Jones et Tony Richardson
Avec Mick Jagger, Clarissa Kaye-Mason, Mark McManus,…
Direction de la photographie : Gerry Fisher / Production design : Jocelyn Herbert /Montage : Charles Rees / Musique : Shel Silverstein
Produit par Neil Hartley pour Woodfall Film Productions
Western / Crime
UK
Le film s’ouvre sur « The End » soit le dernier jour de Ned Kelly le 11 novembre 1880 à Melbourne et ses derniers mots « Ainsi va la vie » alors qu’il a la corde autour du cou. Pour ensuite nous proposer « The Beginning » soit le retour de Ned Kelly dans la ferme familiale, tout juste sorti de son séjour de trois ans en prison. Kelly, bien décidé à ne pas retourner en prison, se range mais le harcèlement policier et les provocations de leur voisin, un grand propriétaire terrien, le pousse bientôt à nouveau vers la délinquance.
Le brigand Ned Kelly, né dans une famille pauvre d’immigrés irlandais, est une icône populaire en Australie. Au début des années 60, le réalisateur Karel Reisz et l’acteur Albert Finney, qui venaient de triompher avec l’un des chefs d’oeuvres de la nouvelle vague britannique « Saturday Night and Sunday Morning » (1960), avaient déjà eu l’idée de consacrer un film à Ned Kelly. Le projet tomba à l’eau mais Tony Richardson (autre ponte de la nouvelle vague) décida de faire revivre le projet. Le dilettante Albert Finney étant en voyage autour du monde, il fallait trouver un autre acteur pour incarner ce personnage haut en couleurs. On suggéra Mick Jagger à Richardson et malgré quelques réticences au début, le réalisateur se laissa convaincre par l’énergie du chanteur des Stones.
S’il met l’accent sur le côté anti-autorité, insolent et anarchique de Ned Kelly, le film dénonce le harcèlement de la police comme source de tous les ennuis de Kelly. Ce dernier serait en fait victime de son grand coeur et de sa tendance à croire en l’honneur des gens et du fait qu’ils tiennent leur promesse. Ce qui est évidemment un pari audacieux et va très mal finir pour Kelly !
Tony Richardson reste très terre à terre, met en avant l’aspect crasseux de l’Australie coloniale et ne tente pas d’adopter les codes du western américain. Il n’y a aucune romantisation des grands espaces et finalement assez peu de la vie de brigand des grands chemins.
A la toute fin des années 60, Mick Jagger décide de tenter une carrière d’acteur. En 1970, il tient le haut de l’affiche de deux films, « Ned Kelly » et « Performance« . Deux flops qui vont sûrement contribuer à tenir Jagger éloigné du grand écran jusqu’au milieu des années 80. Pourtant si dans « Performance », Jagger joue plus ou moins lui-même, « Ned Kelly » propose un rôle de composition casse-gueule dont Jagger se tire plutôt bien – même si sa façon de déclamer et sa barbe en collier peuvent respectivement chatouiller les tympans et la rétine !
Longtemps moqué ou juste ignoré (dans son autobiographie, Tony Richardson lui-même passe plus de temps à parler de ses impressions de l’Australie que du film !), « Ned Kelly » vaut mieux que sa médiocre réputation. Soit l’usage répété de la musique folklorique est un peu envahissant et Jagger est imparfait, ce qui peut perturber un peu le spectacle, mais le film reste un bon portrait d’un personnage aussi atypique que sympathique (bon pour la réalité historique on repassera sûrement !) avec de belles scènes (dont bien évidemment le dernier acte de la vie de voleur de Kelly où celui-ci à l’idée saugrenue de se fabriquer des armures de fortune !).
« Ned Kelly » est disponible en DVD sur le marché français mais dans une qualité à peine acceptable. Dommage.
DVD FR. Studio MGM (2005). Version originale sous-titrée en français et version française. Aucun bonus