Un film poignant avec son personnage central, un chauffeur de taxi pakistanais, débordant d’humanité et excellemment interprété par Om Puri

My Son the Fanatic (1997)

Réalisé par Udayan Prasad

Ecrit par Hanif Kureishi d’après son roman

Avec Om Puri, Rachel Griffiths, Akbar Kurtha, Stellan Skarsgård, Harish Patel, Gopi Desai,…

Directeur de la photographie : Alan Almond / Direction artistique : Grenville Horner / Montage : David Gamble / Musique : Stephen Warbeck

Produit par Chris Curling

Drame / Comédie / Romance

UK / France

Pavez (Om Puri) est un chauffeur de taxi pakistanais, installé depuis une vingtaine d’année dans le Nord de l’Angleterre. Il vit dans une petite maison avec sa femme Minoo (Gopi Desai) et son fils unique Farid (Akbar Kurtha). Pavez est très fier de son fils qui poursuit des études pour devenir comptable et est fiancé avec Madeline ( Sarah-Jane Potts), la fille du chef de la police locale.

Quand Pavez apprend que les fiançailles sont annulées et qu’il voit son fils côtoyé des islamistes fondamentalistes, son monde s’écroule. Sa femme soutient leur fils, mais la pilule est difficile à avaler pour Pavez, qui croit en l’intégration, aime le whisky et le jazz.

Sa propre croyance en l’intégration est mise à mal par sa rencontre avec un homme d’affaires allemand, Schitz (Stellan Skarsgård) pour qui, en plus de faire le taxi, il commence à organiser des parties privées et trouver des prostituées. D’autant qu’il se sent de plus en plus attiré par l’une d’entre elle, Bettina (Rachel Griffiths). Des rumeurs courent bientôt dans la communauté pakistanaise sur la relation qu’il entretiendrait avec une prostituée.

Le scénario et les personnages principaux sont parfois sur la corde raide en matière de crédibilité, mais le scénario reste dans les clous et  la qualité de la réalisation et surtout de l’interprétation permet à « My Son the Fanatic » d’être une comédie dramatique et romantique de très grande qualité, porté par le fantastique personnage de Parvez.

Le film montre parfaitement le fossé entre les parents venus en Angleterre pour travailler, qui ont appris à faire avec le rascisme au quotidien, et la nouvelle génération en quête de sens qui se réfugie dans la culture et les traditions mis à l’écart par leurs propres parents au nom de l’intégration.

Le réalisateur Udayan Prasad est né en Inde mais installé en Angleterre avec sa famille depuis ses neuf ans. Formé à la National Film and Television School, il a d’abord commencé à la télévision à la fin des années 80 (notamment pour les anthologies de la BBC « Screen One » et « Screen Two »). Il a débuté au cinéma en 1995 avec « Brothers in Trouble » sur la trajectoire d’un immigré pakistanais qui débarque en Angleterre dans les années 60. Continuant par la suite entre télévision et cinéma, il a récemment réalisé la série « Selection Day » (sur l’histoire d’un jeune homme de Numbaï amoureux de cricket pour Netflix). Son dernier film date de 2008, une production américaine « The Yellow Handkerchief », un road trip en Louisiane avec William Hurt.

Le scénario est signé Hanif Kureishi, un londonien de père pakistanais. Ce dernier s’est fait connaitre en signant le scénario de deux des meilleurs films de Stephen Frears « My Beautiful Laundrette » (1985) et « Sammy and Rosie Get Laid » (1987). En 1991, il s’essaie avec un succès moindre à la réalisation avec « London Kills Me« . Son dernier scénario date de 2013 avec « Le Week-End ».

La réussite du film doit beaucoup également à la prestation de l’acteur indien Om Puri, qui est vraiment formidable d’humanité dans ce film. Puri avait déjà joué dans le précédent film du réalisateur, « Brothers in Trouble » (1995). Mort en 2017 à l’âge de 66 ans, Puri a pas moins de 315 crédits à son actif pour une carrière qui s’est étalée sur plus de 30 ans, aussi bien à la télévision que sur le grand écran indien ou international. On le retrouve ainsi au générique entre autres de films aussi divers que « Gandhi » (1982), « City of Joy » (1992), « Wolf » (1994), « Code 46 » (2003),…

A ses côtés, la comédienne australienne Rachel Griffiths (la ressemblance avec Juliette Lewis est en effet frappante). Griffiths a commencé sa carrière à la télévision australienne au début des années 90 avant de faire ses débuts au cinéma avec « Muriel’s Wedding » en 1994. Elle a tourné au UK surtout à la fin des années 90 notamment « Among Giants » et « Divorcing Jack » (tous deux en 1998). A la télévision, on la connait pour sa participation aux séries américaines « Six Feet Under » (2001-05) et « Brothers & Sisters » (2006-11).

Enfin, dans le rôle de Farid, on retrouve Akbar Kurtha, acteur né à Londres et d’origine indienne, qui avait débuté sa carrière sur l’une des premières comédies mettant en scène la communauté indienne en Angleterre, »Bhaji on the Beach » (1993) de Gurinder Chadha .

Malheureusement « My Son the Fanatic » est aujourd’hui (Janvier 2019) difficilement trouvable en DVD. Il existe bien une édition US et une autre UK, mais elles datent et sont souvent vendues à des prix exorbitants.