Film anti guerre original et plein de personnalité, notamment grâce à un cadre très dépaysant et des acteurs excellents.
Murphy’s War (1971)
(La guerre de Murphy)
Réalisé par Peter Yates
Ecrit par Stirling Silliphant d’après le roman de Max Catto
Avec Peter O’Toole, Siân Phillips, Philippe Noiret,…
Directeur de la photographie : Douglas Slocombe
Production Michael Deeley-Peter Yates Films / Hemdale
Guerre / Aventures
UK
En mai 1945, sur le fleuve de l’Orénoque au Venezuela, un bateau anglais est coulé par un sous marin allemand. Les Allemands exterminent les soldats dans l’eau. Murphy (Peter O’Toole), un irlandais excentrique, est apparemment le seul survivant. Il est recueilli dans un hôpital de campagne tenue par une infirmière quaker (Siân Phillip). Un lieutenant qui s’est échappé avec l’hydravion du bateau est également recueilli peu après. Mais les Allemands font une descente à l’hôpital pour se venger. Murphy n’a alors plus qu’une idée en tête : se venger.
« Murphy’s War » est un film de guerre dans le style des années 70, c’est à dire que son but principal est justement de la dénoncer. Mais si le discours anti militariste n’est pas forcement très original pour l’époque, l’histoire et son traitement valent le coup d’œil.
Le réalisateur Peter Yates avait alors réalisé une poignée de films en Angleterre (dont « Robbery » en 1967) et de nombreux épisodes des séries « Le Saint » et « Destination Danger ». Mais surtout il avait fait un passage remarqué aux USA où il avait signé « Bullit » pour Steve McQueen.
Pour « Murphy’s War », il s’est associé avec Michael Deeley, un producteur anglais talentueux avec qui il avait déjà travaillé sur la comédie « One way pendulum » (1967) et qui a produit quelques chefs d’oeuvre dans sa carrière : de « The knack and how to get it » (1965) à « Blade Runner » (1982) en passant par « The Italian Job » (L’or se barre, 1969) et « The Deer hunter » (Voyage au Bout de l’enfer, 1978).
De façon originale pour un film ayant pour cadre la seconde guerre mondiale, l’action de « Murphy’s War » est située au Venezuela. En fait, le gouvernement y avait proposé de mettre à disposition de la production un sous marin, et c’est le principal motif qui a poussé la production à y faire tourner le film. Mais le tournage de trois mois dans un coin perdu de l’Amérique du sud a été semé d’embûches relatées avec un sourire crispé par Deeley et Yates quelques dizaines d’années plus tard (voir les bonus du DVD). Néanmoins l’ambiance particulière du film tient aussi à son décor atypique.
Autre originalité, le fait que les Allemands ne soient pas montrés comme des bêtes cruelles. Soit, ils se montrent sans pitié face à leurs adversaires, mais ne prennent pas à partie les indigènes ou l’infirmière. Quand le commandant de sous marin tue le lieutenant sur son lit d’hôpital, il s’excuse et se justifie par la responsabilité vis à vis de la sécurité de ses propres soldats. Les Allemands dans « Murphy’s War » se comportent juste en professionnels de la guerre (le temps qu’elle dure). A l’annonce de la fin de celle-ci, et même s’ils ont perdu, les Allemands sortent le champagne et les cannes à pêche.
L’obsession de vengeance de Murphy n’en parait que plus disproportionnée, quasi maladive. Même son ami, le français Louis Brezan (Philippe Noiret) finira par le lâcher. Pour autant, même si on ne peut suivre la logique du personnage de Murphy jusqu’au bout, il est impossible de détester cette tête brûlée qui trouvera un moyen pour le moins original pour arriver à ses fins.
La fin du film est particulièrement appropriée à mes yeux. Pourtant Michael Deeley y était fortement opposé. Et Yates, qui l’a défendue, a vite regretté de n’avoir pas choisi une fin plus positive. A mes yeux, ça aurait été dommage, mais le succès public aurait été sûrement plus grand.
Il est amusant de penser que le studio américain qui appuyait le projet (la Paramount), a eu des doutes sur le film pendant la pré production. Au point de proposer à Yates et à Deeley d’abandonner « Murphy’s War » et de leur offrir en échange un tout nouveau projet. Yates refusa au grand dam de Deeley. Le projet en question était « The Godfather » (Le Parrain).
« Murphy’s War » n’aurait donc probablement pas dû voir le jour, mais ça aurait été fort regrettable car c’est un bon film, qui aurait mérité encore plus d’excentricité à mon avis, mais qui en l’état reste plein de qualités et de charme. O’Tool est excellent, Noiret égal à lui-même, et les paysages comme les séquences en avion sont mémorables.
DVD Opening. Zone 2 FR. Version française et version originale sous titrée. Bonus : La loi de Murphy : interviews (15’45 »), Une autre fin (2’30 »), Philippe Noiret à Hollywood (5’45 »), RDV avec Mc Queen (5’30 »), Le film de guerre après M.A.S.H. (6’45 »)
Je trouve que pour une fois Peter O’Toole est supportable, il joue un kamikaze cette fois (ha,ha), dans Murphy il sort un peu de ses personnages de ‘martyres’ genre Lawrence ou Lord Jim, et puis ayant vu ce film il y a longtemps (il faut que je le revois), quelle ne fut pas ma surprise alors de voir Philippe Noiret (excellent comme d’hab) dans une production internationale… casté un peu comme ‘faire valoir’ d’O’Toole mais qui tire très bien son épingle du jeu et impose sa personnalité, il est dommage qu’Hitchcock n’ait pas eu l’occasion de tourner avec lui à nouveau (après Topaze) car je crois qu’il appréciait beaucoup l’acteur, à ce niveau, on ne remerciera jamais assez Bertrand Tavernier, qui avait à mon avis une relation fusionnelle et privilégiée avec Noiret et lui à donné ses plus beaux rôles, et avant: Zazie évidemment et La Vie de Château of course…